Jusqu’à 530€ de différence pour louer un appartement : voici le prix des loyers par commune

Woluwe-Saint-Pierre reste la commune la plus chère de Bruxelles, avec un loyer moyen de plus de 1.400 € pour un appartement. Voici le prix dans votre commune.

La Fédération des Agents immobiliers francophones de Belgique (Federia) a sorti son baromètre de locations annuel. Plus de 70.000 baux en Belgique, gérés par des agents immobiliers et entrés en vigueur en 2024, ont été analysés. Globalement, Federia constate une diminution de 10 % des contrats locatifs signés, malgré une forte hausse des demandes. BX1 fait le point sur la situation dans les communes bruxelloises, où les locataires sont majoritaires (62 %) par rapport aux propriétaires (38 %).

63 € de plus par mois en un an

La première constatation concerne la hausse des prix des loyers dans l’ensemble de la Région bruxelloise. Federia observe un ralentissement de cette hausse. L’année précédente, les loyers avaient augmenté de 10 % en moyenne. Pour 2024, cette hausse est de 5 %. Un locataire signant un nouveau bail en 2024 a payé en moyenne 63 € de plus par mois qu’en 2023.

Pour tout type de biens confondu, la moyenne atteint 1.321 € par mois. À Bruxelles, le marché locatif est principalement composé de trois types de bien : les appartements (9 locations sur 10), les studios et les maisons mitoyennes. Ces dernières sont de moins en moins nombreuses sur le marché et pourraient être dépassées par l’offre des studios.

Le loyer moyen en 2024 se situe à 1.255 € pour un appartement, 854 € pour un studio et 2.220 € pour une maison mitoyenne. Le prix des maisons mitoyennes à flamber ces dernières années.

Cette hausse des prix est également visiblement dans le loyer médian. Celui-ci atteint 1.180 €, soit une hausse de 7,3 % par rapport à 2023. En deux ans, il a même augmenté de 18 %. Puisque le loyer médian augmente, cela signifie qu’il y a de moins en moins de logements abordables dans les rues de la capitale.

Le loyer médian en 2024 se situe à 1.160 € pour un appartement, 800 € pour un studio et 1.995 € pour une maison mitoyenne.

Plus de 500 € de différence entre les communes

En plus du type de biens, la situation géographique joue un élément central dans les prix du marché locatif. En 2024, seules trois communes affichaient encore des loyers moyens inférieurs à 1.000 € pour un appartement : Ganshoren, Jette et Anderlecht. Laeken, Molenbeek et Berchem-Sainte-Agathe ont dépassé ce seuil en 2024. Schaerbeek et Neder-Over-Heembeek avaient pour leur part franchi cette barre en 2023.

Dans trois zones de Bruxelles, le loyer moyen pour un appartement a diminué entre 2023 et 2024. C’est le cas à Neder-Over-Heembeek, à Evere et à Saint-Gilles.

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En comparant les loyers moyens, nous pouvons observer une forte différence entre les communes bruxelloises. Il y a 530 € de différence entre Ganshoren, la commune la moins chère, et Woluwe-Saint-Pierre, la commune la plus chère où le loyer moyen dépasse les 1.400€.

“Le futur gouvernement n’a pas de temps à perdre”

Par le biais de son baromètre, Federia lance un appel à repenser l’accès au logement. Le secteur alerte notamment sur le projet d’encadrement des loyers à Bruxelles. “Des mesures récentes, comme les propositions du PS et d’Ecolo de réguler les loyers via la commission paritaire locative, inquiètent les investisseurs“, explique Federia. Ces mesures visent “officiellement” les loyers excessifs, “mais les propriétaires y voient un pas supplémentaire vers un encadrement général des loyers“.

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Le futur gouvernement bruxellois n’a pas de temps à perdre. (…) Le seul moyen d’assurer un logement abordable est d’augmenter l’offre. Aujourd’hui, nous avons une demande largement supérieure à l’offre, ce qui fait grimper les prix au-delà de l’inflation. Le gouvernement doit en être conscient : le véritable problème est davantage lié à la disponibilité de biens mis à la location qu’à l’augmentation des prix qui en découle. Il est urgent d’opérer un changement de cap en favorisant les investissements plutôt que de les freiner“, explique Charlotte De Thaye, directrice générale de Federia.

On va dans la mauvaise direction, celle d’une politique du logement contre-productive qui a pour effet de freiner les investissements dans un immobilier décent, durable et accessible“, indique Federia. La fédération vise notamment le moratoire hivernal, qui créerait selon elle une accumulation des impayés, ainsi que le droit de préférence du locataire ou encore l’interdiction de révision du loyer pour les contrats de courte durée et l’obligation du double enregistrement.

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Attirer les investisseurs privés

Selon Federia, il faut absolument augmenter l’offre de logements abordables. “Cela ne pourra se faire qu’avec l’aide d’investisseurs privés.” Cependant, la Fédération estime que les mesures prises par le gouvernement “créent un climat d’investissement négatif et freinent la construction de nouveaux logements. Si rien ne change, la pression sur le marché locatif continuera à s’intensifier, avec des conséquences néfastes pour les locataires“.

Les propriétaires et les investisseurs “ne voient aucun encouragement à rester actifs à Bruxelles, ni aucun soutien pour les investissements nécessaires, tant pour créer de nouveaux logements que pour améliorer la qualité énergétique du parc existant“.

Emilie Vanhemelen – Photo : BX1