“Je suis déçue”: Hanane a été victime de discrimination à l’embauche, elle témoigne

40% des dossiers traités par Unia concernent les discriminations sur le marché de l’emploi. C’est une réalité pour de nombreux Bruxellois issus de l’immigration. Nous avons rencontré Hanane, qui a été victime de discrimination à l’embauche parce qu’elle porte le voile.

C’est un entretien d’embauche qu’Hanane n’est pas près d’oublier. Il a marqué cette éducatrice spécialisée de 29 ans. Elle en reparle souvent avec Chantal, sa mentore de DUO for a JOB.

Sa candidature semblait pourtant taillée sur mesure pour ce poste d’accompagnement de personnes âgées dans un centre de santé mentale. Un métier où les candidatures sont rares. Dans un premier temps, ces employeurs potentiels sont d’ailleurs enthousiastes. “Pendant l’entretien, plusieurs fois, la coordinatrice ainsi que la psychologue me disent que mon profil correspondrait parfaitement à ce poste. Donc moi, très emballée, j’attends juste la fin de l’entretien pour signer le contrat“, raconte-t-elle.

À la fin de l’entrevue vient la question du port du voile qui apparaît incompatible avec la fonction. Hanane ne comprend pas et tente d’argumenter, mais rien n’y fait. Elle ne sera finalement pas retenue.

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De cette expérience, reste une immense amertume face à ce qu’elle considère comme une discrimination. “Je suis déçue parce que j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui m’échappe. Je correspond parfaitement à cet emploi, alors pourquoi me donner cette impression que, finalement, ça ne va pas aller ? Évidemment, cela affecte ma confiance en moi. Je me dis que c’est peut-être ma personne qui ne convient pas“, s’inquiète-t-elle.

Ce sont des sentiments qu’elle partage avec Chantal qui l’accompagne dans sa recherche d’emploi. Elle aussi a bien du mal à comprendre ce refus. “On se dit que ça a l’air de bien se passer, que ça a l’air d’être vraiment le job qui lui convient. Et puis il y a une zone de flou derrière le refus qui, pour moi, est vraiment impossible à accepter“.

Une nouvelle campagne lancée par DUO for a JOB

Ces préjugés sont encore fréquents chez les recruteurs, et c’est pour les sensibiliser que DUO for a JOB lance une nouvelle campagne : “Les critères qui excluent les jeunes issus de l’immigration, ça peut être le nom, le prénom, le lieu de résidence, la tenue qui ne sera peut-être pas jugée assez professionnelle“, liste Guillaume Albessard, responsable communication au sein de l’association. “Cela peut être le préjugé sur le fait qu’ils vont arriver en retard, qu’ils ne vont pas réussir à s’intégrer dans une équipe… C’est un peu les préjugés qui collent à la peau et qui, en fin de compte, font passer les entreprises à côté de nombreux talents“.

Aujourd’hui, Hanane a balayé ses doutes et repris sa recherche d’emploi. Mais pour éviter une telle mésaventure à l’avenir, elle n’exclut pas de lancer sa propre activité.

■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse et Charles Carpreau.

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