Fusion des zones de police: “Il n’y a pas d’accord”, selon Les Engagés Bruxelles
“Il faut le dire clairement : il n’y a pas encore d’accord du kern sur la fusion des zones de police”, réagit ce vendredi après-midi Christophe De Beukelaer, président Les Engagés Bruxelles. En cause: l’absence de “refinancement structurel de la police”. Ce midi, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) annonçait pourtant un accord au fédéral sur l’avant-projet de loi sur la fusion des zones de police.
“Pour nous, il n’y a pas encore d’accord“, nous précise Christophe De Beukelaer au nom des Engagés Bruxelles, la communication de Bernard Quintin est trop précoce et fait “craindre le non-respect de l’engagement qu’il a pris lui-même devant les bourgmestres du refinancement structurel de la police bruxellois comme condition consubstantielle (sic) de la fusion obligatoire des zones de police”. Selon Les Engagés, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) n’a pas respecté l’engagement qu’il avait pris devant les bourgmestres de la capitale de lier directement ce dossier à celui de la révision de la norme dépassée de financement des zones de police défavorable aux polices locales de la capitale.
“Il apparait des discussions en cours, que Bernard Quintin, ministre de tutelle et Bruxellois, propose au kern de valider cette fusion en échange d’un financement de 55 millions d’euros non-structurels, et sans assurance de la révision à venir de la norme KUL (la clé de répartition qui régit le financement des zones de polices, ndlr). En agissant de la sorte, il trahit l’engagement qu’il a pris devant les bourgmestres bruxellois il y a quelques semaines à peine (…) Le MR sur le point d’abandonner Bruxelles ?” Il ressort pourtant d’une copie de la notification du Conseil des ministres fédéraux obtenue à bonne source que ce point portant le numéro 90 est bien passé et que l’avant-projet peut-être envoyé pour avis au Conseil d’Etat.
De son côté, le bourgmestre Engagés de Woluwe-Saint-Pierre, Benoît Cerexhe, a répété l’opposition des quatre bourgmestres de sa formation contre “une fusion qui coûtera cher sans améliorer la sécurité pour les habitants” et qui “ouvre la porte à la revendication flamande d’une fusion des CPAS et des communes“.
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“Le sous-financement de la police bruxelloise est estimée entre 300 et 500 millions d’euros”
La fusion obligatoire des zones de police bruxelloises a été acceptée par Les Engagés dans l’accord Arizona, dans un compromis global et à condition qu’elle soit assortie d’un refinancement structurel de la police à Bruxelles. “Le sous-financement de la police bruxelloise sur la législature est estimée entre 300 et 500 millions d’euros. La révision de la norme KUL doit permettre de combler ce gap de façon structurelle. Sans cela, nous mettons les forces de l’ordre dans l’incapacité à remplir efficacement leurs missions dans un environnement urbain aussi complexe que celui de Bruxelles, et l’insécurité dans notre capitale continuera à plomber l’image de tout le pays. La fusion des zones à Bruxelles, voulue notamment par les Flamands et certains Wallons, est un levier non-négligeable pour débloquer le dossier.”
La réforme annoncée par le ministre Quintin évoque uniquement un soutien financier de 55 millions d’euros, alloués sur 5 ans pour accompagner la mise en place de la zone unique. Parallèlement, la poursuite du chantier de la réforme de la norme KUL, afin de financer les zones de police locales à hauteur de leurs besoins réels et de corriger certains sous-financements hérités du passé.
Christophe De Beukelaer appelle “le Ministre Quintin et le MR à se ressaisir et à défendre dans les prochaines heures au kern, au côté des Engagés, un refinancement adéquat et structurel de la police bruxelloise, et la concomitance de la fusion avec la révision de la norme KUL. Je n’ose croire que le MR et son Ministre bruxellois de l’intérieur abandonne Bruxelles de la sorte.”
La N-VA, Vooruit et le CD&V ne cachent pas leur satisfaction
La N-VA, Vooruit.brussels et le CD&V n’ont pas caché leur satisfaction. Leur demande déjà ancienne est ainsi en passe d’être rencontrée par l’avant-projet fédéral de fusion de ces zones. Ces trois formations ont appelé, dans le même temps, toutes les parties concernées à coopérer de manière constructive et de bonne foi pour que la fusion se déroule le mieux possible.
Pour le chef du groupe Vooruit.brussels au Parlement bruxellois, Pascal Smet, “l’évidence devient enfin réalité”. “Une zone de police unique garantit une plus grande proximité avec les citoyens, car elle fonctionne beaucoup plus efficacement. Pratiquement toutes les grandes villes européennes disposent d’une force de police unifiée. Il est logique que Bruxelles rejoigne enfin cette liste. Tout le monde doit maintenant coopérer de bonne foi pour que la fusion se déroule le mieux possible“, a déclaré M. Smet.
Le député bruxellois de la N-VA, Mathias Vanden Borre, a réagi dans le même sens: “Ce que nous réclamons depuis des années se concrétise enfin“. Pour lui, cette réforme indispensable est “un pas important dans la bonne direction pour répondre aux problèmes de sécurité à Bruxelles“.
Aux yeux du député bruxellois CD&V Benjamin Dalle, la fusion est un pas important vers une approche unifiée de la sécurité. “Il y aura enfin une unité de commandement, tout en maintenant la proximité grâce aux commissariats et aux agents de quartiers. Cette proposition allie économies d’échelle et ancrage local, offrant ainsi une plus grande cohérence dans la lutte contre la criminalité dans l’ensemble de la Région.”
“Un projet mal préparé et irresponsable” pour le PS
“Le projet porté par le MR et son ministre de l’Intérieur de fusionner les zones de police bruxelloises est mal préparé, et totalement irresponsable. Il risque de semer le chaos au sein des forces de l’ordre, de désorganiser profondément les services de proximité, et d’affaiblir davantage la capacité de réaction sur le terrain“, a déclaré vendredi le député PS et ex-bourgmestre d’Evere, Ridouane Chahid.
Pour celui-ci, la réforme en gestation est “sans réelle concertation, sans analyse sérieuse d’impact sur la sécurité des citoyens, et sans considération pour le travail des agents de terrain“. Elle n’apporte aucune réponse opérationnelle aux enjeux sécuritaires à Bruxelles, fragilise la stabilité des zones existantes, et éloigne la gestion de la police du contrôle local et de la population qu’elle est censée servir. “Le plus grave, c’est l’hypocrisie manifeste de ce gouvernement: alors qu’on parle de sécurité, où sont les 800 policiers supplémentaires promis depuis des années pour assurer la sécurité des Bruxellois? Où sont les moyens concrets pour lutter efficacement contre des réseaux de narcotrafiquants qui disposent de moyens technologiques, et financiers bien supérieurs à ceux des forces de l’ordre“, a-t-il interrogé. Pour M. Chahid, Bruxelles a besoin de renforts humains, d’équipements modernes, et d’une stratégie de sécurité construite avec et non les acteurs locaux.
De son côté, le député DéFI, François De Smet, a évoqué une “fusion forcée, contre la volonté des intéressés, réclamée par les nationalistes flamands depuis des années, et à laquelle les Bruxellois avaient toujours résisté“. Pour celui-ci, cette “trahison va affaiblir la police de proximité”… “Si on veut garantir la sécurité des Bruxellois, au lieu de démanteler ce qui marche pour satisfaire l’agenda nationaliste, il faut revaloriser la police de proximité; et donner à la PJ les moyens de lutter contre le narcotrafic“, a réagi l’élu amarante, sur “X”.
BX1 avec Belga – Photo Belga





