Formation fédérale : pour l’Open Vld, “Ce n’est pas à nous de jouer un rôle significatif”

Le socialiste Paul Magnette a ouvert le bal. Il s’est montré discret à son arrivée au Palais de Bruxelles. Son entrevue a été brève, à peine vingt minutes. Lundi après-midi, il a annoncé que son parti faisait le choix de l’opposition à tous les niveaux de pouvoir.

Le Roi a commencé mardi matin sa deuxième journée de consultations politiques après les élections. Il recevra tour à tour les présidents du PS, du PTB, des Engagés, de Vooruit du CD&V et de l’Open Vld.

► Revoir | “Le PS fait le choix de l’opposition, partout”, annonce Paul Magnette

Il y a un signal social de l’électeur dont il faudra tenir compte (Hedebouw)

Les électeurs ont aussi exprimé des préoccupations sociales le 9 juin, dont il faudra tenir compte, a averti mardi le président du PTB, Raoul Hedebouw, à son arrivée au Palais royal où il a été reçu en audience par le Roi.

Si le PTB a reculé dimanche en Wallonie, il a en revanche progressé à Bruxelles et en Flandre. “Il y a un signal social de l’électeur. On ferait bien d’en tenir compte et de ne pas mettre de côté les partis qui ont gagné aussi aux élections. Le PTB est le quatrième parti national, le troisième parti francophone”, a souligné le président des communistes.

Le PTB estime qu’il a un rôle à jouer dans la formation d’un prochain gouvernement, éventuellement par un “soutien de l’extérieur”, même si la perspective d’une alliance penchant à droite avec le MR et la N-VA rend ce scénario peu vraisemblable. “La probabilité de créer une majorité avec le PTB n’est pas très élevée, c’est vrai (…) Pour nous les priorités sociales doivent être au cœur des négociations. Le résultat des élections montre aussi qu’il y a eu des victoires à gauche. La gauche n’a jamais été aussi forte en Flandre. Ce n’est pas parce que le PS et Ecolo ont bu la tasse qu’il n’y a pas de priorités de gauche à prendre en compte”, a ajouté M. Hedebouw.

La campagne électorale a souvent été très dure entre le PS et le PTB et n’a jamais pris le chemin d’un front alliant socialistes et communistes. Ces derniers se montrent sévères à l’égard des choix du PS, y compris la décision annoncée lundi de siéger dans l’opposition à tous les niveaux. “Le PS confirme son attitude envers le PTB. Il avait fermé la porte durant la campagne électorale au PTB. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les Engagés ont monté: le PS a dit ‘votez Engagés, c’est un vote utile’. Les partis de gauche doivent remettre en cause leur tactique suivie durant la campagne électorale”.

Les Engagés “envisagent” une coalition avec la N-VA

L’arithmétique d’après élections et les choix déjà annoncés de certains partis ne laissent guère d’autre choix qu’une coalition avec la N-VA, a laissé entendre mardi le président des Engagés, Maxime Prévot, avant d’être reçu en audience par le Roi.

Selon le président centriste, on verra clair “plus rapidement que d’habitude” sur les coalitions possibles à l’échelon fédéral. “On a des divergences sur une série de dossiers socio-économiques et institutionnels mais (la N-VA) reste un partenaire envisageable, surtout pour éviter de devoir se tourner vers les extrêmes de droite et de gauche. A partir du moment où, de surcroît, les écologistes se sont écrasés et les socialistes ont fait le choix de l’opposition, tout analyste vous dira qu’on doit pouvoir envisager des coalitions avec la N-VA”, a-t-il expliqué.

Dès dimanche soir, le président de la N-VA, Bart De Wever, a appelé à plus d’autonomie pour la Flandre, ce qui suppose une réforme institutionnelle. Une éventualité que n’écarte pas M. Prévot.  “Tout dépend de quelle réforme de l’Etat. Si c’est une réforme de l’Etat pour dépecer la Belgique, nous ne serons jamais des partenaires. La priorité pour les citoyens est d’abord socio-économique: la réforme des pensions, la réforme fiscale, la réussite des transitions environnementales, etc. Mais on est conscient qu’il y a aussi beaucoup de gaspillage d’argent public, on est conscient qu’aujourd’hui, il y a une lasagne institutionnelle qui ne fonctionne pas de manière optimale. On ne doit pas avoir peur des mots ‘réforme de l’Etat’ pour améliorer l’efficacité socio-économique de la Belgique”, a-t-il souligné.

Les consultations royales ont repris avec la présidente de Vooruit

Les consultations royales en vue de la formation d’un gouvernement fédéral ont repris mardi à 13h30. Le chef de l’Etat s’est entretenu avec la présidente de Vooruit, Melissa Depraetere, qui n’a fait aucun commentaire à son arrivée.

Les présidents du CD&V et de l’Open Vld sont encore attendus ce mardi. Mercredi, ce sera au tour des présidents de Groen, Ecolo et DéFI.

Mahdi espère la constitution rapide d’un gouvernement de “redressement” de centre droite

Le président du CD&V, Sammy Mahdi, espère qu’un gouvernement de centre-droit sera rapidement formé, a-t-il expliqué mardi en arrivant au Palais royal.

“Je pense que les cartes sont assez claires. Ce serait dommage que nous ne puissions pas former un gouvernement le plus vite possible. Un gouvernement de redressement de centre-droit, un gouvernement de réforme, je pense que c’est nécessaire”, a-t-il affirmé. Ces réformes doivent aussi concerner la réforme de l’État, un thème cher à la N-VA mais aussi au CD&V… mais qui pourrait crisper les partis francophones.

Les chrétiens-démocrates n’ont toutefois pas semblé en faire une priorité. “Utilisons le moment unique que l’électeur nous a donné. Pendant des années, on a dit: les Wallons votent à gauche, les Flamands à droite, nous ne pouvons rien faire ensemble. Maintenant, ils votent la même chose et nous pourrions en principe faire beaucoup ensemble. Veillons-y tout de suite”. Le président des chrétiens-démocrates flamands suivait au Palais son homologue de Vooruit, Melissa Depraetere. La socialiste flamande a assuré de son côté que son parti n’était “accroché à personne” pour former un gouvernement. Elle a aussi adressé une mise en garde à ses futurs partenaires de négociation. “Il est évident qu’avec Vooruit, il ne sera jamais question de faire des économies dans les soins de santé et sur le pouvoir d’achat des gens, ça va de soi”, a-t-elle assuré. Les socialistes flamands pourraient-ils faire partie d’un gouvernement dit de “centre-droit”?  “Cette question, il faut la poser à Vooruit. Si vous voulez réduire les charges qui pèsent sur le travail, aider les travailleurs à aller de l’avant et renforcer certaines règles en matière de sécurité, j’en ai entendu parler dans le cadre de la campagne de Vooruit“, a déclaré M. Mahdi. “C’est pourquoi je dis qu’il faut pratiquer ce que l’on prêche”.

Une négociation avec la N-VA rencontrera aussi des difficultés, selon le président du CD&V qui rejoint l’une des lignes rouges de Vooruit. “S’il s’agit d’économiser dans les soins de santé jusqu’à 4,5 milliards d’euros, ce sera difficile, car nous n’en voulons pas”. L’annonce faite en début d’après-midi par les Engagés et le MR qu’ils se présenteraient en binôme aux négociations fédérales ne pose pas de problème aux chrétiens-démocrates, qui ont conclu une alliance avec les Engagés et annoncé la constitution d’un axe avec le MR avant les élections.

“Je ne fais pas partie du gouvernement wallon et j’ai suffisamment de contacts avec Maxime Prévot (président des Engagés) pour savoir ce qui va se passer. Nous continuons à nous parler, comme nous le faisions avant les élections. Nous vivons dans un pays complexe, mais si nous essayons de travailler ensemble, les choses peuvent s’améliorer”, a encore dit M. Mahdi.

“Ce n’est pas à nous de jouer un rôle significatif” (Open Vld)

Le président de l’Open Vld a répété mardi que son parti n’était pas en mesure de jouer un rôle dans la formation du futur gouvernement fédéral. “C’est très clair que les électeurs ne nous ont pas donné de mandat pour aller dans un gouvernement”, a-t-il indiqué en marge de son audience avec le Roi.

Tom Ongena clôturait la série de consultations royales du jour. La discussion a été brève, la position du parti étant déjà connue, a-t-il indiqué. Le libéral flamand a salué la victoire du MR en Wallonie, mais l’Open Vld ne montera pas dans un gouvernement. “Je pense que c’est une bonne chose pour la Wallonie. Mais, en Flandre, on n’a pas voté pour l’Open Vld. Un gouvernement de centre-droit n’est pas possible au niveau fédéral, car il n’y a pas de majorité pour cela, et je ne pense pas que c’est à nous de jouer un rôle significatif.”

Tom Ongena, qui a indiqué dès lundi qu’il quittait la présidence des libéraux flamands, reste déçu des résultats de l’Open Vld. À ses yeux, ceux-ci sont “injustes”. “Nous avons bien gouverné le pays avec le Premier ministre De Croo, mais nous n’avons pas été récompensés. D’autres ont présenté d’autres projets qui ont reçu du soutien et, en tant que démocrate, je le respecte.” Désormais, “nous allons surtout nous concentrer sur la reconstruction de notre parti afin de le rendre plus fort dans les prochaines années.”

Demain/mercredi, le Roi terminera son tour de consultation des présidents de parti. A partir de 09h30, il recevra successivement au Palais royal de Bruxelles les co-présidents de Groen Jeremie Vaneeckhout et Nadia Naji, ceux d-Ecolo Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane et, enfin, celui de DéFI François De Smet.

Belga

■ Explications de Camille Tang Quynh au micro du 12h30 avec une interview de Raoul Hedebouw (PTB)

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11 juin 2024 - 11h05
Modifié le 11 juin 2024 - 17h26