Formation bruxelloise: David Leisterh fait “un pas de côté”, De Beukelaer et Van den Brandt en mission d’information

David Leisterh fait “un pas de côté”. Après huit mois de négociations sans succès et deux semaines de “la dernière chance”, le formateur bruxellois francophone David Leisterh (MR) jette, au moins temporairement, l’éponge. “Les positions des différents partis ne permettent pas la formation d’une majorité (…) Il est indispensable que le deuxième parti au parlement, à savoir le PS, prenne ses responsabilités,” a-t-il déclaré par communiqué, après avoir annulé la conférence de presse prévue.

C’est finalement le chef de file des Engagés bruxellois Christophe De Beukelaer et la formatrice néerlandophone Elke Van den Brandt (Groen) qui vont reprendre la main pour une mission d’information qui tentera de résoudre la crise persistante en Région bruxelloise.

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“Il est indispensable que le PS prenne ses responsabilités”

Le rôle du formateur est d’obtenir un accord de gouvernement autour d’une majorité claire, des deux côtés du groupe linguistique. Après plus de 8 mois, force est de constater que malgré toute la force et la patience que j’ai pu y mettre, et ce jusqu’aux dernières heures avant ce communiqué de presse, les positions des différents partis ne permettent pas la formation d’une majorité“, annonce David Leisterh ce vendredi. “Plusieurs partenaires ont empêché toute exploration raisonnable d’une solution. A ce stade, je fais donc un pas de côté.”

Auteur d’une exclusive à l’égard du parti du Premier Ministre, il est indispensable que le deuxième parti au parlement, à savoir le PS, prenne ses responsabilités“, poursuit le président du MR bruxellois. “Après 8 mois, j’espère que mon pas de côté sera le passage obligé pour faire bouger les choses dans une dynamique positive et constructive. Mon souhait le plus profond depuis des mois est que Bruxelles dispose du gouvernement de réformes dont la Région a besoin. Je resterai disponible pour ces réformes tant attendues, qu’elles soient budgétaires, sécuritaires, socio-économiques. Bruxelles a tout d’une grande et mérite des politiques qui dépassent des jeux tactiques de basse politique. Espérons que le geste posé aujourd’hui permette cela.

L’Open VLD regrette l’échec du formateur et lance un appel au PS

Le négociateur bruxellois de l’Open VLD, Frédéric De Gucht, a regretté vendredi soir de devoir constater l’échec de la formation d’une coalition du côté francophone, a-t-il déclaré en réaction à la décision de David Leisterh (MR) de renoncer à son rôle de formateur bruxellois.

“David Leisterh a essayé pendant des mois de former une coalition et nous déplorons, mais comprenons, qu’il arrête sa mission de formation en ce moment”, a déclaré M. De Gucht. Pour lui, comme pour David Leisterh, c’est effectivement à Ahmed Laaouej “de montrer qu’il peut faire mieux”.

Le PS ne souhaite pas prendre la main

Dans un communiqué réagissant à la nouvelle, le PS bruxellois affirme avoir constaté “une polarisation extrême mise en scène à son encontre”. En conséquence, les socialistes avancent que “seule une initiative menée par des partis qui recueillent la confiance de tous est de nature à apporter une réponse à la crise actuelle.”

En somme, le PS ne veut pas prendre la suite de David Leisterh dans la mission de formation bruxelloise. Le parti souhaite que d’autres acteurs, plus à même de créer un consensus auprès des autres formations politiques bruxelloises, se chargent de ces travaux.

Des vetos

Face à cette situation inédite, toute cette journée de vendredi a été rythmée par des tractations entre les partis bruxellois. Selon nos informations, on se dirigerait vers un duo d’informateurs pour sortir de l’impasse actuelle.

Les formations politiques bruxelloises se renvoient la balle de celui/celle qui est responsable de la crise persistante, huit mois après les élections régionales.  Dès le début des négociations, plusieurs formations ont émis des vetos: le MR, l’Open Vld et Les Engagés à l’égard du PTB et la Team Fouad Ahidar – pas franchement désirée non plus ailleurs, notamment du côté de Vooruit; du PS, d’abord discrètement et puis publiquement vis-à-vis de la N-VA. Idem, en ce qui concerne cette dernière du côté d’Ecolo et de DéFI mais ceux-ci ne sont pas enclins à monter dans une majorité après leurs défaites électorales respectives.

Depuis le mois de décembre, et l’annonce des néerlandophones de leur volonté de coalition entre Groen, Vooruit, l’Open Vld et la N-VA à laquelle le PS refuse de se joindre, le blocage est total.  Le MR et les Engagés, initialement liés au PS dans un engagement commun à constituer l’aile francophone de la majorité, attribuent à celui-ci la responsabilité du blocage. Les socialistes s’en défendent, disant avoir été clairs d’emblée à l’égard de la N-VA, dont la présence au gouvernement tirerait le gouvernement plus à droite alors que le parlement bruxellois est davantage marqué à gauche.  La nouvelle cheffe du groupe Ecolo, Zakia Khattabi a pour sa part accusé, sans nommer ouvertement le MR et les Engagés, mais en les visant, “des négociateurs” de mettre en place une stratégie qui n’en porte pas le nom pour pousser le PS vers la sortie. Selon elle, il a été proposé aux écologistes d’entrer en négociation avec ces deux formations quitte à éjecter la N-VA. “Mais alors il n’y a pas de raison; les socialistes peuvent venir à la table. Voilà les blocages”.

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“Arrêtez ce sketch”

Ce vendredi, Olivier Maingain, bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, proposait de faire appel à la Conférence des bourgmestres, qui rassemble les bourgmestres bruxellois. “Tous ces bourgmestres, au-delà des partis, ont une seule préoccupation : l’intérêt général des Bruxelloises et des Bruxellois”. La veille, le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) appelait à “arrêter ce sketch” pendant la séance plénière de la Chambre, suite à une question du député Georges-Louis Bouchez (MR) sur les risques liés à l’absence d’un gouvernement bruxellois, en ciblant particulièrement le PS. “Si l’on veut que Bruxelles ne rime pas avec tutelle, il est grand temps que la classe politique bruxelloise dans son intégralité prenne ses responsabilités car il est minuit moins une“, a dit de son côté le député MR.

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Dans ce contexte, à la pression exercée sur les acteurs politiques bruxellois par la situation financière et budgétaire de la Région qui continue à se détériorer, s’en est ajoutée une autre, dans le contexte des épisodes répétés de coups de feu tirés à plusieurs reprises au cours des dernières semaines à Bruxelles.