Enseignement secondaire : 7500 nouvelles places à Bruxelles d’ici 2028

École Secondaire Bruxelles Classe Examen - Capture BX1

A quelques jours de la rentrée, 258 élèves étaient toujours sur liste d’attente pour la première secondaire. Comme chaque année, des parents déçus ou désespérés de ne pas avoir obtenu de place dans l’école de leur choix interpellent les responsables politiques. Pour répondre aux besoins, une quinzaine de projet de création ou d’extension d’écoles sont en cours. Certains verront le jour dès l’année prochaine, d’autres pas avant 2028.   

Alarmée par le risque d’un manque de place sans précédent à la rentrée de septembre, la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir (PS) avait appelé au mois de juin les pouvoirs organisateurs et les écoles de la capitale à créer d’urgence de quoi assurer l’accueil des élèves en première secondaire. Appel reçu. La catastrophe a été évitée. Cela n’empêche que, le jour de la rentrée, des élèves se trouvent toujours sur liste d’attente. Ils sont 258. Pourtant 1370 places sont disponibles dans 67 écoles sans listes d’attentes. Mais déçus de n’avoir trouvé une place dans l’école de leur choix, des parents demandent des comptes.

La commune de Saint-Gilles a ainsi été prise à partie par un papa d’élève. Furieux de n’avoir pu inscrire son fils dans le lycée voulu, il dénonce entre autres le manque d’écoles secondaires communales sur le territoire saint-gillois. En tant que pouvoir organisateur (PO), Saint-Gilles ne dispose que d’un seul établissement secondaire, le LIRL (Lycée intégral Roger Lallemand), créé il y a quatre ans sur les ruines de l’Institut Pierre Paulus, relocalisé sur le site du CERIA (Anderlecht). « Mais il reste des places dans plusieurs établissements situés sur le territoire, gérés par d’autres pouvoirs organisateurs », réagit l’échevin de l’Enseignement Jean Spinette (PS)

Il indique qu’une classe supplémentaire a été ouverte en première secondaire au LIRL, pour répondre à l’appel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Quant à la création d’établissement, Jean Spinette rappelle la lourdeur tant financière qu’administrative de tels projets. « La gestion d’un tel équipement n’est pas mince pour la commune. Cette année, quatre millions et demi d’euros ont été engagés pour assurer la rénovation du bâtiment, et des engagements de professeurs sont également prévus. » Le PO de la commune compte six écoles primaires et une secondaire. Un bon chiffre, au regard de la taille de la commune et de sa population, conclut l’échevin.

Répondre aux besoins dans le secondaire

Créer des établissements de toute pièce est lourd, pour des raisons financières, parce que la gestion en est complexe, en termes de personnel et de carrières, mais aussi en raison du manque d’espaces et de terrain à Bruxelles, complète Julie Lumen, la facilitatrice école de Perspective.brussels. Traditionnellement, les communes sont un levier important pour l’enseignement fondamental. Mais toutes n’organisent pas un enseignement secondaire. Les communes plus modestes ne disposent généralement pas de moyens suffisants. Des réflexions sont toutefois menées, à petite échelle certes, quant aux possibilités de constituer des PO composés de plusieurs partenaires, dans le sillage de la proposition innovante qui a abouti à la création des Ecoles plurielles (Molenbeek-Berchem-Sainte-Agathe).

Les PO les plus importants restent la Ville de Bruxelles, Anderlecht et Schaerbeek. Ils continuent à oeuvrer activement à la création de places. La majorité de celles qui sortiront de terre dans les prochaines années, comme on le verra dans les chiffres ci-dessous, sont à mettre à leur crédit. Aujourd’hui, l’essor démographique de la population du fondamental est sous contrôle, mais les besoins sont énormes dans le secondaire, nous confirme, les yeux rivés sur les prochaines rentrées, Michel De Herde (DéFI), l’échevin de l’Instruction publique à Schaerbeek, qui gère aujourd’hui trois établissements secondaires.

Si la Région entend aussi privilégier le soutien aux écoles existantes qui souffrent d’un déficit d’image – c’est l’objectif des « Contrat école » mis en place par la région en 2019. On le sait, si certaines zones de la région pâtissent d’un manque d’offres, d’autres bénéficient d’une offre scolaire en suffisance, mais boudée parce que jugée peu qualitative par certains parents – répondre aux besoins dans le secondaire passe inévitablement par des créations ou des extensions d’établissements. Et c’est bien le secondaire qui mobilise l’attention. Les besoins dans le primaire sont globalement rencontrés.

7000 nouvelles places d’ici 2028

Une quinzaine de projet de création ou d’extension d’écoles existantes sont actuellement en cours, tous réseaux confondus : WBE (Wallonie-Bruxelles Enseignement), Communes, Cocof, Enseignement Libre subventionné. Ce sont en tout près de 7500 places qui devraient venir compléter l’offre existante d’ici 2028, réparties sur six communes : la Ville de Bruxelles, Schaerbeek, Anderlecht, Ixelles, Ganshoren et Woluwe-Saint-Pierre.

Nouvelles écoles :

Villes de Bruxelles : trois nouvelles écoles, (deux écoles communales : 1170 pl., une école de l’enseignement libre confessionnel : 420 pl.), sont prévues entre 2023 et 2026 (total : 1600 places)

Anderlecht : quatre nouvelles écoles, (trois communales :1800 pl.; une école WBE: 600 pl. ), sont prévues entre 2023 et 2028 (total : 2400 places)

Schaerbeek : deux nouvelles écoles communales sont prévues en 2025 et 2026 (900 places)

Ixelles : une nouvelle école est prévue pour 2028 (600 places)

Extensions :

Ville de Bruxelles : 600 places supplémentaires à l’Athénée des Pagodes (communal) d’ici 2025

Schaerbeek : 540 places supplémentaires sur les deux sites de l’Athénée Fernand Blum (communal) pour 2022 et 2023.

Woluwe-Saint-Pierre : 300 places supplémentaires au Lycée Mater Dei pour 2022

(Sources : Perspective.brussels, WBE, communes)

On notera que plus de 5500 des places créées (que ce soit dans de nouvelles écoles ou des extensions) le sont par les PO de communes.

Sachant que les communes du nord de la région souffrent généralement d’un grand déficit de places, la localisation des projets retenus peut surprendre. C’est que leur développement dépend beaucoup des surfaces et terrains disponibles. Deux des nouvelles écoles d’Anderlecht verront le jour sur le site de Biestebroeck. De la même manière, l’un des nouveaux établissements schaerbeekois sera situé sur le territoire du PAD Josaphat. La pertinence de la localisation en termes de mobilité pèse également, comme l’explique Julie Lumen : « Nous envisageons plutôt les créations en secondaire en fonction des zones où les besoins démographiques sont les plus criants, mais aussi où les nœuds de communication sont les plus importants. ».

 

S.R.