Des “Justes parmi les Nations”, héros de la Seconde guerre mondiale, honorés à Saint-Gilles
Une cérémonie a eu lieu ce mercredi au Centre Communautaire Laïc Juif à Saint-Gilles. Plusieurs “Justes parmi les Nations” ont été honorés. Ils ont permis de sauver plusieurs enfants juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Ce sont les descendants de ces Justes – aujourd’hui disparus – qui ont reçu la distinction en présence d’anciens enfants cachés.
Les témoins de ces actes héroïques sont de plus en plus rares, mais le devoir de transmission persiste…
Voici les histoires des deux familles honorées :
Louis et Hélène Courtois
Hertz Yochpa, son épouse Yvonne et leur fils Paul vivent en Belgique avant le déclenchement de la guerre.
Pendant la guerre, les parents sont actifs au sein du CDJ, le Service de Secours aux enfants Juifs.
Suite à leurs dangereuses activités clandestines ils décident en 1941 de placer Paul âgé de 3 ans chez Sonia Courtois, la sœur de Hertz. Sonia a épousé en 1940 Louis Courtois, lui conférant ainsi un nom typiquement franco-belge. Louis a une fille née de son premier mariage : Hélène. Leur maison est située avenue Antoine Béart, à Saint-Gilles. Louis Courtois y cache également d’autres juifs.
Paul restera dans la maison des Courtois, sous les soins dévoués de Sonia, Louis et Hélène jusqu’en juin 1943, sous le nom de Paul Jaspar.
Louis, surnommé Loulou est un homme bon, juste et courageux. En raison du danger, à une certaine période, Paul est déplacé quasi quotidiennement d’une cache à une autre.
En juin 1943, Hertz est arrêté par la gestapo et Hélène décide alors d’emmener Paul à Ixelles, au domicile du Dr. Lorthioir.
Les Lorthioir considèrent Paul comme un enfant de la famille.
Paul restera chez eux jusque fin août 1944, date à laquelle sa mère vient le chercher pour le ramener au domicile des Courtois où il habitera jusqu’au retour de son père, survivant des camps de Brendonck et de Buckenwald.
C’est pour avoir caché et hébergé un enfant juif, au péril de leur vie, que l’Institut Yad Vashem à Jérusalem a décerné le titre honorifique de « Justes parmi les Nations » à titre posthume, à Louis et Hélène Courtois.
Père Maurice Robinet
Simon et Salka Birenbaum quittent la Pologne pour l’Allemagne en 1920. Ils s’installent à Cologne où ils fondent une famille.
Au cours de la nuit de cristal, en novembre 1938, leur commerce (une cordonnerie) est détruit.
Salka décide alors d’envoyer Jenny et Esther en Belgique par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. Joseph les rejoindra trois mois plus tard.
Les trois enfants sont accueillis chez la famille Lemarchand, à Bruxelles.
Les parents de Joseph et son plus jeune frère Herschel sont expulsés en Pologne dans le ghetto de Stanislaswow. Ils seront assassinés quelques années plus tard.
En mai 1942, les enfants sont séparés. Joseph est envoyé à l’orphelinat juif de Bruxelles, dirigé par Yonas Tiefenbrunner.
Esther est envoyée chez la famille Duquenne.
Suite à une dénonciation, Jenny sera déportée à Auschwitz en mai 1944. Elle survivra et retrouvera Joseph et Esther en 1946.
En août 1944, les rafles s’intensifient et Yonas Tiefenbrunner décide de disperser les enfants cachés dans son orphelinat.
C’est ainsi que Joseph se retrouve dans le couvent de Jésuites dirigé par le Révérend Père Maurice Robinet. Celui-ci y cachait déjà une vingtaine d’enfants juifs.
Une antenne de la gestapo est située à peine à 50 mètres du couvent, et les allemands y font souvent irruption pour interroger le Père Robinet.
Lorsque la gestapo débarque, les enfants sont cachés dans les coulisses du théâtre du couvent. Même sous les menaces, le courage du Père Robinet reste exemplaire. Il parvient toujours à convaincre les allemands qu’aucun enfant juif n’est caché dans son couvent.
Le samedi, le Père Robinet met sa chambre à disposition des enfants pour qu’ils puissent respecter les règles du shabbat.
Joseph a revu une dernière fois le Père Robinet en 1950 au couvent.
C’est pour avoir caché et hébergé des enfants juifs, au péril de sa vie, que l’Institut Yad Vashem à Jérusalem a décerné le titre honorifique de « Justes parmi les Nations » à titre posthume, à Maurice Robinet.
■ Images et interviews de Elodie Fournot