Plus de 30.000 enseignants défilent dans les rues de la capitale (photos et vidéos)
“Valérie arrête la casse ou on se casse”: quelque 30.000 enseignants selon la police -35.000 selon les syndicats- ont bruyamment défilé lundi dans le centre de Bruxelles au premier jour de 48 heures de grève dans les écoles.
“On est à la base de l’avenir de la société et ça, madame Glatigny a tendance à l’oublier”: portraits croisés de deux enseignants qui ont manifesté
Des actions dans les écoles
■ Reportage de Jamila Saidi M’Rabet
Des actions sont organisées dans certaines écoles, au cas par cas. Tout dépend du nombre de grevistes. Certaines écoles sont fermées. Les établissements ont envoyé des courriers pour encourager les parents à garder leurs enfants. Mais des garderies sont oblgatoirement organisées. Dans certains établissements, les horaires sont adaptés mais les enfants doivent se présenter.
Dans d’autres écoles, les professeurs restent présents mais mènent des actions symboliques comme un arrêt de travail de 30 minutes.
Des parents inquiets
Les parents, notamment dans l’enseignement catholique tiennent à exprimer aussi certaines de leurs inquiétudes quant aux dernières réformes annoncées. Ce sont en particulier les changements pour la septième secondaire qui semblent créer des remous.
Le décret-programme voté en décembre dernier, qui vise entre autres à mieux organiser l’enseignement et la formation professionnelle, prévoit de renvoyer vers d’autres formes d’enseignement les jeunes qui ont en poche leur CESS (pour la 7e professionnelle) ou un certificat de qualification (pour la 7e technique de qualification). Plutôt que de poursuivre avec une septième année, ils devraient se diriger par exemple vers le supérieur ou vers l'”enseignement pour adultes”, ce qu’on appelait jusqu’à il y a peu l’enseignement de promotion sociale. Des exceptions sont prévues dans des branches spécifiques.
L’Ufapec, qui regroupe les associations de parents de l’enseignement catholique, relaie des “inquiétudes croissantes” en ses rangs. Certains des jeunes qui visaient une septième année “ne sont pas assurés de trouver dans l’enseignement pour adultes et les organes de formation professionnelles la formation dispensée dans ces septièmes. Aucun cadastre ne vient aujourd’hui leur indiquer où ils pourraient se rendre“, a affirmé l’Ufapec lundi, dans un communiqué.
La semaine dernière, la ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de Promotion Sociale, Valérie Glatigny, a indiqué au Parlement qu’un tel cadastre des formations est “en cours de finalisation”.
L’Ufapec regrette aussi le manque d’information “quant aux impacts financiers pour le portefeuille des familles“. “Il faut rappeler que les élèves qui fréquentent une septième année sont dans une démarche de réussite scolaire et de professionnalisation qui les mettent dans la situation d’être engagés directement et d’être très vite performants. Des parents voient leurs enfants découragés et déçus dans leurs objectifs“, a conclu l’Ufapec.
Les raisons de la colère
“Ces mesures vont durablement altérer la qualité et l’accessibilité pour toutes et tous, mais aussi dégrader les conditions de travail des personnels”, estiment les syndicats.
Au cœur des réformes et des coupes budgétaires, il y a l’enseignement qualifiant (précédemment connu sous les noms d’enseignements techniques et professionnels). Le 26 septembre dernier, Valérie Glatigny (MR) avait annoncé l’approbation d’une note visant à réformer le qualifiant. Dans cette réforme, il est prévu d’amputer 3% du budget actuel de l’enseignement qualifiant. Là aussi, moins de professeurs, mais aussi de matériel. Ce qui peut compliquer le processus d’apprentissage.
► Lire aussi | Valérie Glatigny ne reviendra pas sur la réforme de l’enseignement qualifiant
Autre motif du courroux des syndicats: la volonté affichée par le nouveau gouvernement de mettre fin à la nomination des profs contre l’octroi à l’avenir d’un contrat à durée indéterminée.
Mardi, la seconde journée de grève sera, elle, caractérisée par des actions décentralisées. Des piquets sont ainsi prévus devant les écoles.
Pour mémoire, les syndicats ont annoncé à la mi-janvier le dépôt d’un préavis d’actions “illimité” contre les projets du gouvernement MR-Engagés.