Covid : les Régions seront désormais en charge du tracing dans les écoles

La médecine scolaire se voit décharger d’une bonne partie de ses missions de suivi des élèves porteurs du Covid-19. Ce rôle de tracing dans les écoles sera désormais repris, en grande partie, par les Régions. À Bruxelles, c’est la COCOM qui reprend les rênes.

Jusqu’ici, les services PSE (Promotion de la Santé à l’Ecole) et les centres PMS (psycho-médico-sociaux) s’occupaient majoritairement des procédures de tracing en milieu scolaire, et de vaccination des élèves contre le Covid-19, main dans la main avec les directions des établissements.

Mais, en grève depuis lundi, une majorité de PSE (75% à Bruxelles, selon Le Soir) n’assurent désormais plus ces missions. Parmi les revendications, notamment, un ras-le-bol face à la surcharge de travail lié au Covid, qui empiète sur leurs missions d’origine.

► Article | Depuis lundi, les services PSE n’assurent plus le tracing ni la vaccination dans les écoles (18/10/2021)

Face à cette grève, la main passera donc prochainement aux Régions, en matière de suivi des contacts à l’école. “Cette décision s’est faite dans une discussion ouverte et constructive entre l’ONE, la COCOM et la Fédération Wallonie-Bruxelles“, nous explique Simon Vandamme, porte-parole du ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron (Ecolo), “[décision] par la suite élargi à l’AVIQ et la Région wallonne, pour offrir une approche harmonisée dans toute la Communauté“.

Ainsi, désormais, le call-center de suivi des contacts bruxellois assurera le tracing dans les écoles, lorsqu’un cas positif est détecté dans une classe. “Le call-center prendra contact avec ce cas-index, afin d’identifier les contacts à hauts risques de la classe, et de les suivre. Le cas-index scolaire sera donc considéré comme tous les autres cas-index individuels“, détaille le porte-parole du ministre, “et lorsque plusieurs cas confirmés apparaîtront dans une classe, la direction informera le PSE qui pourra intervenir“, afin de permettre un suivi des clusters dans les écoles.

Du côté des PSE, on se dit satisfait de cette décision, “qui va dans le sens de nos demandes. Le tracing à l’école doit être fait par le même système que pour les citoyens : les élèves sont tout simplement des citoyens en âge scolaire“, nous confie ce jeudi le docteur Olivier Costa, médecin-coordinateur du PSE Libre de Bruxelles.

La Région bruxelloise et la COCOM ont bon espoir que tout soit opérationnel dès le 5 novembre, soit à la rentrée suivant le congé d’automne.

► Les dossiers de la rédaction | Submergés par la gestion du Covid, la colère des PSE et des écoles gronde (22/09/2021)

Le règne de la débrouille, d’ici-là, pour les directions d’école

Mais d’ici aux congés de Toussaint, c’est le règne de la débrouille dans bon nombre d’établissements scolaires : si certains ont la chance d’avoir un PSE continuant ses missions de tracing jusqu’à relais régional, d’autres directions doivent se débrouiller seules.

Normalement, on a des contacts avec le PSE, et c’est lui qui est habilité à prendre la décision, s’il y a une corrélation entre deux cas positifs dans une classe, de la fermer. C’est ce genre de décision-là que, maintenant, comme le PSE s’est mis en grève, nous devons prendre en bon père de famille“, nous explique Gaëtane de Lame, directrice de l’Ecole des Servites de Marie (qui dépend du Collège-Saint-Pierre de Uccle), “C’est extrêmement compliqué, et puis nous ne sommes pas habilités à prendre des décisions médicales. Donc on agit du mieux qu’on peut, toujours dans cet esprit de sécuriser et de prévoyance pour éviter que l’épidémie ne gonfle, mais en même temps nous ne sommes pas habilités à faire ce genre de choses“.

Interview de Gaëtane de Lame, directrice de l’Ecole des Servites de Marie

► Reportage | Vers un assouplissement des règles sanitaires dans les écoles ? (20/10/2021)

Du côté du Collège des Directeurs de l’Enseignement Fondamental, “pour l’instant nous sommes en grande difficulté, parce que nous n’avons pas les réponses adéquates. Là, on se retrouve face à des cas, des clusters, des classes que l’on doit fermer, et nous n’avons pas de réponse pour la plupart [des écoles]. Bon, il y a des écoles où le PSE fonctionne très bien, il faut le dire et le mettre sur la table, [mais] il y en a d’autres où le PSE ne fonctionne pas du tout. Ils se dirigent donc vers l’ONE, et ne reçoivent aucune réponse. Nous sommes donc dans l’ignorance totale à ce moment-là“, explique Christine Toumpsin, sa présidente, par ailleurs directrice primaire de l’Institut Notre-Dame à Anderlecht.

Dans mon école, j’ai la chance d’avoir un PSE qui fonctionne, et avec lequel nous avons une bonne collaboration. Nous avons mis notre fonctionnement depuis le début de cette crise, en mars 2020. Nous travaillons ensemble : moi j’ai cette grande chance. Mais j’ai énormément de collègues qui n’ont pas cette chance-là et qui sont vraiment mis à mal“, ajoute-t-elle.

Interview de Christine Toumpsin, présidente du Collège des Directeurs de l’Enseignement Fondamental

Notons éalement que la ministre de la Santé en Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard (Ecolo), souhaitait plus tôt cette semaine relâcher la pression sur les écoles en matière de testing et de quarantaine. Une idée qui a été rejetée lors de la CIM Santé, mercredi, face à la situation sanitaire dans les établissements scolaires.

 

ArBr – Photo : Belga (illustration)

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21 octobre 2021 - 13h25
Modifié le 22 octobre 2021 - 06h58