Consultations citoyennes pour le réaménagement de l’avenue Broustin : “C’est un sujet clivant, je pense qu’il faut écouter les gens”
Alors qu’une demande de permis d’urbanisme a été introduite en juin dernier pour le réaménagement de l’avenue Broustin, artère située à cheval sur les communes de Jette, Koekelberg et Ganshoren, le projet qui vise à améliorer la sécurité routière dans le quartier, divise les habitants.
Le projet comprend une “placette Annie Cordy”, des terrasses étendues, de la végétalisation et surtout, plus d’espace pour les piétons. Ce projet, que l’on dit élaboré en concertation avec le quartier, ne fait pas l’unanimité. Depuis 2021, des blocs de béton ont été placés dans le quartier en guise de filtre anti-trafic pour assurer la sécurité des riverains.
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Le 14 janvier dernier, la députée socialiste Leila Agic interrogeait la ministre en charge de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen) sur l’enquête publique du réaménagement de l’avenue Broustin : “Pourquoi avoir organisé une enquête publique sur le projet en question durant les fêtes de fin d’année, alors que cette période est généralement moins propice à une participation citoyenne large et représentative ?”
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De son côté, la ministre sortante, en profitait pour rappeler la pertinence du projet et l’enjeu que représente la sécurité routière à cet endroit-là. “Le carrefour des avenues Broustin, Sermon et des Gloires nationales était l’une des deux zones de Ganshoren à figurer sur la liste régionale de 2014 des zones à concentration d’accidents, aux côtés du carrefour derrière la basilique de Koekelberg. À la suite de l’amélioration de la situation, il a été retiré de cette liste. Les mesures prises dans le quartier Broustin répondent concrètement à une problématique dont les riverains se plaignent depuis 30 ans et à une action spécifique du plan communal de mobilité d’il y a 20 ans.”
Mais ce projet ne fait pas l’unanimité, et avant de rendre un avis, les communes s’en remettent aux citoyens.
L'avis de Jette sera conditionné au soutien des citoyens
Dans le viseur du projet, la fermeture partielle de l’avenue. Si la bourgmestre, Claire Vandevivere (Les Engagés) nous assure que sécuriser le carrefour est une priorité, couper l’avenue ne fait pas partie de la demande de la commune.
Jette l’avait déjà affirmé, mais l’avis rendu par la commune sera conditionné par le soutien des citoyens. Pour ce faire, le collège jettois vient d’annoncer par voie de communiqué, le lancement d’une consultation citoyenne. “On va sonder tous les habitants du périmètre Broustin, Constitution, avenue de Jette ou encore Vanderborght”, explique la bourgmestre. Si les détails ne sont pas encore connus, la consultation ne sera pas sous le même format qu’à Ganshoren, où il s’agissait de deux questions simples. “On va essayer de plus détailler les alternatives”.
En effet, la commune explique avoir demandé à la Région bruxelloise d’organiser une consultation en concertation avec les trois communes concernées, mais faute de réactions, Jette a décidé d’organiser sa propre consultation, à l’instar de ses voisines Ganshoren et Koekelberg.
Ganshoren rend un avis neutre
De son côté, la commune de Ganshoren a également fait cavalier seul et a lancé en début d’année, une consultation populaire, où chaque membre du ménage de plus de 16 ans pouvait compléter un questionnaire. Seulement deux questions y figuraient : “Fermeture définitive et réaménagement de l’avenue Broustin : pour, contre, sans avis”, et “Fermeture périodique (en été par exemple) et réaménagement de l’avenue Broustin : pour, contre, sans avis”.
Au total, ce sont 356 riverains qui ont donné leur avis, ce qui représente un taux de réponse de plus de 35%. Et ils sont unanimes : près de 75% des personnes interrogées se disent contre la fermeture définitive et le réaménagement. En ce qui concerne une fermeture périodique, elle ne fait pas non plus l’unanimité : 87% des habitants n’en veulent pas.
"Se remettre autour de la table"
Malgré ces résultats, la commune de Ganshoren a donc remis un avis neutre. Une décision que la bourgmestre de Jette ne comprend pas totalement. “Ils consultent les gens qui disent non au projet et finalement, ils s’abstiennent”, confie Claire Vandevivere.
Elle en profite par réaffirmer que l’avis de la commune sera conditionné au soutien des citoyens. “Même si la Région décide de délivrer le permis, on n’est pas tenu de le réaliser, donc cela dépendra des résultats. Si une majorité des citoyens est pour, on soutiendra le projet, à l’inverse, on demandera de se remettre autour de la table pour revoir le projet”, explique-t-elle. “C’est un sujet clivant, je pense qu’il faut écouter les gens, et cela, au-delà d’une enquête publique”, conclut la bourgmestre de Jette.
Une majorité défavorable à Koekelberg
Tout comme Ganshoren et Jette, la commune de Koekelberg a également lancé une consultation citoyenne entre le 25 janvier et le 1er février. 6 questions ont été posées aux riverains, pour estimer l’impact des aménagements actuels et futurs sur leur quotidien.
Sur 124 répondants, 116 déclarent être défavorables à un aménagement et seulement 2 personnes affirment avoir été consultées dans le cadre du futur projet.
Enfin, si les communes doivent remettre un avis, c’est Urban.brussels qui aura le dernier mot pour délivrer le permis ou non.
E.D – Photos : D.R