Bruxelles vire à droite après 20 ans de gauche: retour sur 35 ans de rapport de force

Bruxelles vire à droite, au vu des résultats électoraux, alors qu’historiquement, la région a toujours penché plutôt à gauche. Voici les différentes majorités qui ont gouverné la Région bruxelloise et l’impact qu’elles ont eu sur les politiques menées.

Les Bruxellois assistent à un vrai rapport de force entre les bleus et les rouges depuis 1989. C’est la date de création de la Région de Bruxelles-capitale. D’emblée, c’est un gouvernement dirigé par les socialistes qui se met en place et Charles Picqué est ministre-président.

Charles Picqué prête serment

À cette époque, le MR s’appelle le PRL, le Parti Réformateur Libéral. D’entrée de jeu, il est dans l’opposition, alors qu’il comptabilise 15 sièges au Parlement, derrière le PS qui en compte 18, mais les socialistes n’en veulent pas.

Cinq ans plus tard, deuxième législature : Picqué rempile de 95 à 99. Mais là, le PRL forme un cartel avec le FDF (l’ancêtre de DéFI). Ensemble, ils montent dans une majorité avec le PS. Mais la présidence reste bel et bien aux mains des rouges, malgré les 28 sièges cumulés par le cartel bleu, contre les 17 sièges des rouges.

Les libéraux arriveront enfin à décrocher la présidence en 1999, donc dix ans après la création de la Région, grâce à leurs 27 sièges sur 75 au Parlement.

Là, place à un vrai jeu de chaises musicales : il y a la passation de pouvoir de Picqué à Jacques Simonet (PRL) qui devient ministre-président. Un an et trois mois plus tard, il doit céder sa place à François-Xavier de Donnea (PRL), à cause d’élections communales qui changent la donne.

Charles Picqué et Jacques Simonet
Jacques Simonet et François-Xavier de Donnea

Les cartes sont rebattues. Au bout de deux ans et demi, Daniel Ducarme (PRL) exige le poste. Il l’obtient, mais il va le garder pendant moins d’un an : il démissionne après un scandale financier. Simonet (PRL) récupère alors la présidence pour quelques mois, avant les élections.

Ce petit chaos libéral aura de lourdes conséquences pour le parti. “Il en a couté beaucoup au MR“, rappelle Pascal Delwit, politologue à l’ULB. “Lors du scrutin de 2004, de manière inattendue, le PS a devancé d’une courte tête le MR, alors que les libéraux et le FDF étaient encore ensemble. Le parti socialiste a lui-même changé ces alliances, puisqu’on est rentrés dans des dynamiques de coalitions associant le PS, Ecolo et, à l’époque, le CdH“.

Ce feuilleton propulse dans l’opposition le PRL devenu le MR. Et pendant ce temps-là, les rouges se réinstallent solidement. Charles Picqué (PS) reprend la présidence en 2004 jusqu’en 2013.

Il laisse ensuite la place à Rudy Vervoort (PS) jusqu’à aujourd’hui. Il y a eu Vervoort I, II et III. Les socialistes ne veulent plus du MR qui restera dans l’opposition même en 2009 quand il redevient le premier parti bruxellois devant le PS.

Rudy Vervoort prête serment

Aujourd’hui, 20 ans plus tard, huitième législature, c’est un peu la revanche des bleus qui ont la main dans les négociations.

Le MR se présente comme acteur de changements, mais en sachant qu’il ne sera pas seul, à quel impact peut-on s’attendre ? “Quand vous avez des partenaires de l’ancienne coalition qui veulent maintenir les politiques publiques qu’ils ont lancés, ça ne facilite pas la mise en œuvre de grands changements“, répond Pascal Delwit avant d’ajouter un deuxième élément important : “Quand on réfléchit aux politiques publiques qui peuvent être mises en œuvre, il faut toujours articuler aux possibilités et aux capacités budgétaires. On le sait, la Région se trouve face à un obstacle qui est très important“.

■ Explications d’Ameline Delvaux sur le plateau du 18h

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12 juin 2024 - 18h54
Modifié le 12 juin 2024 - 18h54