Box, génuflexions, témoignages poignants : retour sur les moments forts du procès des attentats de Bruxelles

Dix accusés, près de 1.000 parties civiles, des centaines d’avocats : jamais un si grand procès n’avait été organisé en Belgique. Malgré un début compliqué, le (méga) procès des attentats de Bruxelles a pu aboutir après sept longs mois d’audiences.

Le procès des attentats de Bruxelles commence le 5 décembre 2022. Pour ce premier jour d’audience, la salle est pleine à craquer. Mais il a débuté avec près de deux mois de retard. Un retard dû à la fameuse saga sur les boxes des accusés, qu’il a fallu démonter et reconstruire en un box unique. Coût de l’opération : près de 500.000 euros et un report du procès de sept semaines.

> Voici à quoi ressemble le nouveau box des accusés

Tensions autour des transfèrements

Mais quelques jours plus tard, les tensions réapparaissent avec un nouveau blocage lors des audiences. Les accusés se plaignent de leur condition de transfèrement de la prison de Haren au Justitia : “Ce sont des mises à nu, des génuflexions où on va vérifier dans les moindres recoins des orifices – je vous laisse imaginer. On leur bande les yeux, ils sont désorientés. On leur met aussi du hard rock à fond“, explique Delphine Paci, avocate de Salah Abdeslam. “Si on leur impose pendant un an les conditions qu’on leur impose aujourd’hui, je pense que personne ne pourrait supporter ça de manière raisonnable aussi longtemps“, poursuit Jonathan De Taye, qui défend Ali El Haddad Asufi. En signe de protestation, certains accusés décident même de boycotter les audiences et de ne pas assister à leur procès.

La première journée se termine, la défense se plaint des conditions de détention des accusés

La situation n’avance pas, le procès est au point mort. Plusieurs victimes, qui attendent ce moment depuis sept ans, sont dépitées. Certaines parlent de “fiasco total” et de “surréalisme à la belge“.

Tensions autour du transfert des détenus, le procès au point mort

Malgré tout, le procès se poursuit avec le récit des enquêteurs et les images choquantes des attentats et des scènes de chaos. Mais certains accusés manquent toujours à l’appel : dès le début de l’audience, ils quittent la salle.

Finalement, la cour d’appel de Bruxelles leur donne raison : les fouilles à nu avec génuflexion sont jugées illégales.

Des témoignages bouleversants

Les accusés sont donc présents pour assister à l’un des moments les plus marquants : les témoignages des parties civiles. Chacune à leur tour, les victimes et leurs proches se succèdent, racontent leur histoire, leur vécu ou leur vie brisée. Certaines sont en colère, d’autres pardonnent. Les récits sont à chaque fois bouleversants.

Les premières victimes témoignent : “Leur montrer que j’ai pu me reconstruire”

Vient ensuite l’interrogatoire des accusés. Tous sauf Osama Krayem (l’homme qui a renoncé à se faire exploser dans le métro) répondent aux questions de la présidente de la cour, tout en donnant leur version des faits. Pas de grandes révélations : certains nient tout en bloc, d’autres assument leur part de responsabilité et justifient leurs actes en évoquant les bombardements de la coalition en Syrie.

C’était une grosse crainte de nos victimes au début de ce procès : que les accusés ne parlent pas. Certes, par moments, on a eu ce sentiment qu’ils sont restés en surface, mais à côté de ça, on a eu des accusés qui ont pris part à leur procès, qui ont expliqué pendant plusieurs heures leurs motivations, leur place dans ce box, ce qu’ils avaient vécu et retenu, ainsi que leur position par rapport à ces attentats“, commente l’avocate de l’association de victimes Life4Brussels Aline Fery.

Les accusés racontent par bribes les préparatifs dans la rue Max Roos

Autre inquiétude durant les audiences : le jury allait-il tenir le coup ? Rien que les premiers jours, plusieurs d’entre eux ont fait défection. Mais les autres ont finalement tenu bon. Sur les 36 jurés du départ (12 effectifs et 24 suppléants), il en reste 27 après 7 mois de débats. Leur verdict clôture le plus grand procès jamais organisé en Belgique.

C.TQ 

■ Reportage de Camille Tang Quynh et Stéphanie Mira