Bientôt de faux CV pour lutter contre la discrimination à l’embauche
Mohamed et Arnaud, ils ont le même âge, les mêmes compétences, mais pas le même prénom, ni la même origine. C’est deux personnes sont en réalité fictive, mais bientôt leur C.V. seront envoyés aux entreprises pour vérifier qu’il n’y ait pas de discrimination à l’embauche. Le gouvernement bruxellois va autoriser, à terme, les inspecteurs sociaux à faire ce genre de contrôles en cas de soupçons.
Cette décision qui doit obtenir l’aval du parlement permettra l’organisation de tests de situation à travers l’envoi de doubles C.V. assortis d’identités fictives, et d’appels téléphoniques mystères (“mystery calls”). “Au début, le gouvernement bruxellois avait adopté une réserve prudente, mais, chemin faisant, nous avons pu convaincre la majorité. Nous allons au final enregistrer un progrès significatif en matière de lutte contre la discrimination à l’embauche. Nous espérons que ce texte pionnier inspirera d’autres niveaux de pouvoir en Belgique. Ni la Wallonie, ni la Flandre, ni le fédéral ne sont jusqu’à présent allés aussi loin”, a commenté le chef de file Groen au parlement bruxellois, Bruno De Lille. Selon M. De Lille, le ministre Gosuin avait initialement refusé de mettre en oeuvre des tests de situation à Bruxelles. A l’initiative d’Ecolo et de Groen, le parlement a organisé une série d’auditions d’experts sur ce thème, ce qui a permis d’ouvrir le débat et de surmonter les obstacles que la majorité invoquait. “Que le ministre finisse par nous suivre témoigne d’une vision de progrès. Il s’agit d’un grand pas en avant. Il faut à présent que l’inspection sociale soit dotée des moyens qui lui permettront d’organiser les tests de situation et les ‘mystery calls’, a ajouté l’élu écologiste. Les Verts demandent par ailleurs que le gouvernement bruxellois aille plus loin en permettant aux inspecteurs d’agir non seulement sur base de plaintes sur foi de fortes présomptions, mais aussi d’initiative.
A Bruxelles, le taux d’emploi des travailleurs d’origine belge atteint 71 % alors que celui des personnes d’origine étrangère passe péniblement les 35 % (chiffres de 2012). En 2016, les plaintes pour discrimination à l’embauche auprès de l’association Unia ont augmenté de 48 %. (avec Belga)