Benoit Moritz sur Good Move : “Les mailles sont trop grandes et ne correspondent pas aux quartiers”
Le plan Good Move a suscité ces dernières semaines des manifestations d’opposition parfois violentes. Pour Benoit Moritz, architecte, urbaniste, et professeur à l’ULB, le plan présente un problème fondamental de méthode : les mailles définies dans Good Move sont trop grandes par rapport aux quartiers. Le spécialiste publie avec Louise Carlier et Geoffrey Grulois “L’espace des infrastructures sociales. Une histoire (bruxelloise) de l’urbanisme de proximité.” Il était l’invité du 12h30.
Benoit Moritz rappelle que 50 mailles de quartiers apaisés ont été identifiées dans le plan Good Move. Comparées aux 155 quartiers tracés dans le monitoring des quartiers défini par l’IBSA (l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse) “on se rend compte que ces mailles sont trop grandes et qu’il faudrait revenir à une définition plus fine.” A Saint-Gilles, par exemple, la maille recouvre presque la moitié de la commune, observe l’urbaniste. En revanche, dans le Pentagone, la maille a été découpée en huit sous-mailles, qui correspondent exactement aux huit quartiers du monitoring. La définition du quartier reste néanmoins floue mais des éléments communs émergent : la travsersabilité à pied, qui ne peut excéder 10 minutes, ce qui correspond à 33 ha, soit 10-15 îlots.
Des expériences comparables à Good Move ont vu le jour dans d’autres villes, et elles sont instructives. A Barcelone par exemple, le plan de mobilité développé est conçu comme un projet d’urbanisme de proximité, incluant des aménagements d’espaces verts et une politique d’équipements. “Chez nous, (dans le cadre du plan Good Move), quels autres projets, quelle qualité des espaces locaux, quelles fonctionnalités ont été envisagés? Ces questions ne sont pas abordées.”, analyse Benoit Moritz.
Urbanisme de proximité
L’ouvrage qu’il co-signe aux éditions de l’Académie royale de Belgique, est le premier qui aborde la politique des quartiers. Envisagé dans une perspective historique qui couvre tout le 20e siècle, il interroge la place et l’attention octroyées à l’espace public. Oublié pendant longtemps, il reprend une place dans les politiques d’aménagement avec la naissance de la région bruxelloise. “Le livre propose une réflexion sur le sens et l’importance des infrastructures sociales dans nos sociétés contemporaines.”, explique Benoit Moritz.
Inspirés par le sociologue Etats-unien Eric Klinenberg, les auteurs plaident pour une conception des équipements comme espaces de résilience et de lutte contre le réchauffement climatique.
►L’interview de Benoit Moritz, co-auteur de “L’espace des infrastructures sociales. Une histoire (bruxelloise) de l’urbanisme de proximité.” (Académie royale de Belgique)