Avortement : le CD&V accepte de prolonger le délai à 14 semaines, mais pas 18
Le recours à l’avortement va-t-il être prolongé? Politiques et experts se retrouvent ce mardi. Tous sont d’accord pour passer de 12 à 18 semaines, sauf certains partis, dont le CD&V.
L’objectif de la commission Justice de la Chambre est de discuter l’autorisation de l’avortement jusqu’à 18 semaines de grossesse, contre 12 actuellement. Les experts y sont favorables, comme la plupart des membres de la majorité, à l’exception du CD&V : le parti veut se limiter à quatorze semaines, selon les informations de Het Laatste Nieuws.
La députée CD&V Els Van Hoof estime qu’une extension au-delà de 14 semaines comporte trop de risques : une procédure médicale jugée trop invasive et un fœtus en souffrance, car il développerait la perception de la douleur à partir de 15 semaines, selon les arguments du CD&V. Pour le parti, prolonger à 14 semaines serait une aide pour 57% des femmes qui souhaitent un avortement après 12 semaines. Le parti accepte cependant une exception à 18 semaines en cas de viol ou d’inceste.
Les chrétiens-démocrates flamands demandent dans le même temps que la contraception de longue durée, comme le stérilet, soit gratuite par tout le monde.
En revanche, le CD&V refuse toujours de sortir l’avortement du code pénal, alors que le comité d’experts recommande de décriminaliser explicitement l’obtention ou la pratique d’une IVG en violation de la loi.
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Réaction contrastée des partis de la majorité
Cette ouverture peut être perçue comme un pas en avant du CD&V, à l’inverse de la NV-A et du Vlaams Belang qui campent sur leurs positions. L’annonce a pourtant reçu des réactions contrastées par les autres partis. La co-présidente Groen Nadia Naji, première à réagir, juge cette ouverture “insuffisante” : “Nous voulons une politique fondée sur la science, pas sur les sentiments instinctifs d’un parti qui considère qu’une opinion doit l’emporter sur l’avis des experts“. Groen juge cependant positif que la position du CD&V “évolue”.
L’avis est partagé par la députée Ecolo Séverine de Laveleye, qui appelle à ne pas prendre le rapport des experts pour une “shopping list”. Vooruit aussi, juge l’avancée insuffisante, tandis que Robby De Caluwé, de l’Open Vld estime cette ouverture comme “un pas dans la bonne direction” vers un assouplissement de la législation.
D’autres partis, comme celui des Engagés ne s’est pas encore prononcé, la députée Catherine Fonck souhaite “entendre les experts”, car pour elle, cette extension à 18 semaines sans raison médicale est “le point le plus délicat“. Mais elle se dit “favorable à faire évoluer la législation notamment sur la suppression de toute sanction pour les femmes, et sur la réduction du délai de réflexion“. Pour le moment, c’est 6 jours et le Comité scientifique souhaite supprimer ce délai.
Pour le PS Patrick Prévot, porteur de la proposition, cette prolongation serait une avancée en faveur des droits des femmes. Il souligne “la toute nouvelle méthode de travail, qui a permis de dépassionner et dépolitiser le débat, qui fut âpre, entre progressistes et conservateurs. Cette fois, nous sommes au-delà, il y a une caution scientifique, académique, qui doit nous permettre d’avancer ensemble en faveur des droits des femmes, sous cette législature“, au journal le Soir.
■ Les explications de Camille Paillaud dans Le 12h30.
Belga – Photo : Belga Image/Hatim Kaghat