Aller au-delà des idées reçues sur le viol

Danièle Zucker est docteur en psychologie et spécialiste des comportements criminels. Elle vient de publier chez Plon un nouvel ouvrage intitulé Le viol, au-delà des idées reçues. Parfaitement glaçant, il permet de faire la lumière sur le fonctionnement des violeurs.

Non le viol n’est pas l’action d’un homme qui n’a pas pu se retenir car il était en présence d’une belle jeune femme. Le viol est un acte de pouvoir, un besoin de puissance. C’est le constat de Danièle Zucker, spécialiste des comportements criminels. Si on ne part pas de ce pré-requis, alors on reste dans des fausses idées et des préjugés sur les auteurs mais également les victimes. Non, ce n’est pas parce qu’une femme a mis une jupe courte ou qu’elle s’est promenée seule à une heure tardive qu’elle est responsable de son agression.

“Le violeur fait un choix de pouvoir absolu sur sa victime. On ne devient pas violeur du jour au lendemain. Cela s’inscrit dans une continuité et souvent les premiers actes remontent à l’adolescence, vers 13-14 ans.”

L’ouvrage cite de nombreuses études sur la personnalité des violeurs et surtout sur la question de la récidive. 70% des violeurs en prison sont des récidivistes. Pour Danièle Zucker, la prise en charge des plaintes ainsi que les peines sont à revoir. Il y a très peu de femmes qui portent plainte et dans les dossiers qui sont portés devant les tribunaux, très peu sont condamnés. En France, seul 1 à 2% des dossiers débouchent sur une condamnation.

Et puis, il n’y a pas que des viols commis par des inconnus. Il y a aussi ceux fait par un proche, un collègue, l’ami d’un ami, un membre de la famille. Dans ces cas, il est parfois encore plus complexe de recueillir la parole des victimes.

Danièle Zucker est également revenue sur les faits relatés ces derniers jours par des jeunes femmes droguées et pour certaines abusées sexuellement dans deux bars ixellois“Il faut bien se rendre compte qu’il s’agit d’un récidiviste. Pour un viol avec drogue, il y a préméditation. L’auteur doit avoir une grande confiance en lui et un besoin de pouvoir extrême avec des victimes qui ne peuvent pas se débattre.”

■ Interview de Danièle Zucker, autrice de Le viol, au-delà des idées reçues, aux éditions Plon par Vanessa Lhuillier