Audi Brussels a reçu 157,7 millions d’aides publiques depuis 2018, selon la FGTB

Les représentants du personnel de l’usine Audi à Forest étaient reçus mercredi par les commissions conjointes de l’Économie et des Affaires sociales de la Chambre. D’après le syndicat socialiste, les aides octroyées se traduisent en premier lieu par des réductions du précompte professionnel (11 à 14 millions par an), puis des réductions des cotisations ONSS et, enfin, des crédits et subsides à la formation. Pour Hillal Sor, secrétaire général des métallos de la FGTB, la direction d’Audi semble dès lors “plus intéressée par les subsides publics que de venir s’expliquer devant les pouvoirs publics”.

Les syndicats, comme les élus avant eux, ont regretté l’absence de la direction aux auditions organisées ce mercredi. Que la direction “ne vienne pas devant une commission du Parlement fédéral est inadmissible”, a complété Ronny Liedts, de la CSC. Selon Hillal Sor, “on risque de fermer une des seules usines européennes qui produit des véhicules 100% électriques”, a-t-il averti, mettant en cause la politique européenne en la matière. “Les travailleurs de Forest sont victimes d’une guerre économique.” Selon la FGTB, il y a, d’une part, deux acteurs qui investissent – les États-Unis et la Chine – et, d’autre part, “l’Europe qui ne fait quasiment rien.” “Si l’Europe reste aussi naïve, on ne produira plus et on ne fera qu’importer”, craint-il. Pour le syndicat, la délocalisation annoncée au Mexique est liée à l’Inflation Reduction Act amércain.

“Le gouvernement a été trompé. Nous avons certainement été trompés”, a jugé de son côté Dominique Bray, de la CNE. Et les coûts salariaux “ne sont pas un problème”, puisqu’ils ne représentent que 7,2% des coûts totaux, a indiqué le représentant du syndicat chrétien. Les syndicats ont rappelé qu’Audi était “très rentable”, la FGTB citant 6,3 milliards de profits en 2023. L’intention des syndicats est de maintenir l’activité industrielle sur le site de Forest.

En réaction à ces annonces, François De Smet (DéFI) a suggéré de réfléchir à un conditionnement des aides octroyées. Les représentants des travailleurs ont aussi invité les députés à visiter l’usine de Forest. Ceux-ci se sont montés intéressés par l’invitation. Le PS, mais aussi Vooruit, ont réclamé la tenue d’une nouvelle réunion après le prochain conseil d’entreprise extraordinaire, prévu le 22 août. Des clivages politiques sont finalement apparus en fin de séance, lorsque Axel Ronse (N-VA) s’en est pris à Nabil Boukili (PTB). Le député communiste se montrait favorable à la possibilité de définir des secteurs stratégiques à préserver. “Cessez de polariser” a lancé l’élu nationaliste flamand. “Ce ne sont pas les travailleurs d’Audi Forest qui ont rompu le contrat social”, lui a rétorqué Khalil Aouasti (PS).