Après l’agitation en coulisses, Lagaffe revient sans faire de vague
L’album officialisant le retour de Gaston Lagaffe a déjà fait couler beaucoup d’encre. Plus de 18 mois après l’annonce de cette sortie par son éditeur, la nouvelle compilation de gags d’un des plus célèbres antihéros du Neuvième Art paraît ce mercredi. Le Canadien Delaf esquisse un Gaston qui, tant dans la forme que dans le fond, reprend l’univers imaginé par son créateur André Franquin (1924-1997).
Pas question de spin-off, la numérotation choisie pour cet album, le 22e de la série lancée en 1960, traduit la volonté de la maison d’édition Dupuis de se positionner dans le sillage des premières gaffes du personnage au pullover rétréci. Le coup de crayon de Marc Delafontaine confirme cette volonté de miser sur la continuité, dans un “perfectionnisme respectueux du maître Franquin”, selon l’éditeur.
La galaxie des personnages subissant les bévues de Gaston est également inchangée. Si quelques nouvelles machines sont inventées, les trouvailles du héros comme le Gaffophone, le bilboquet ou le Gaston en latex ressortent aussi du placard. À l’époque, Franquin offrait, au travers de Gaston, un regard humoristique et critique sur le monde du travail. Celui de Delaf consiste à montrer que certaines thématiques développées par Franquin au travers de ce personnage débonnaire restent d’actualité. Le filon écologique est ainsi exploité au travers d’un ensemble d’inventions réalisées à partir d’objets en fin de vie.
Initialement, la prépublication dans l’hebdomadaire Spirou des premiers gags de ce nouveau Gaston avait débuté en avril 2022 avant d’être rapidement suspendue. Bon nombre de personnes se sont opposées à un tel retour, à commencer par la fille du créateur, Isabelle Franquin. La seule héritière et ayant droit, rejointe par d’autres auteurs et journalistes ayant connu André Franquin, insiste sur le fait que l’artiste ne tenait pas à voir son héros lui survivre. Au terme d’une procédure d’arbitrage entre Mme Franquin et l’éditeur, il était ressorti que la publication de l’album était autorisée à condition de solliciter l’approbation de la fille du créateur.
De son côté, Isabelle Franquin était en droit de refuser la publication uniquement sur la base de motifs éthiques ou artistiques. La prépublication a été relancée en août de cette année. L’album sort, lui, mercredi, à hauteur de 800.000 exemplaires.
La fille du père de Gaston Lagaffe n’a pas souhaité commenter le nouvel album de Gaston Lagaffe estimant que cela irait à l’encontre de la volonté de son père. De son vivant, l’auteur avait en effet répété à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas voir ce célèbre antihéros de bande dessinée lui survivre sous le crayon d’un autre dessinateur. Dupuis publie mercredi un nouvel album de Gaston Lagaffe plus d’un quart de siècle après le décès de son créateur. Dans un communiqué diffusé lundi après-midi par son avocate Martine Berwette, elle estime que commenter l’œuvre “aurait constitué une forme d’aval à cette entreprise de résurrection de Gaston”.
Reportage de A. Delvaux, L. Bourlard et S. Mira (Texte : Belga – Photo : Belga)