Les meilleurs ennemis, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les désaccords entre le MR et Écolo.

Entre les écologistes et les libéraux, on ne se fait désormais plus de cadeaux. Les bleus et les verts sont à couteaux tirés, quel que soit le niveau pouvoir et ils se rendent coup sur coup.

Le dernier exemple de cette animosité exacerbée remonte à ce matin. Lorsque Georges-Louis Bouchez a suggéré d’organiser une consultation populaire sur la question du nucléaire. « Un système que les écolos aiment beaucoup » a ironisé le président du Mouvement réformateur. « On a des partis écologistes qui nous disent qu’on doit faire des commissions consultatives pour les piétons, pour les vélos, pour toutes les histoires de la planète, mais pour les sujets sérieux, il faudrait mettre les citoyens de côté ». Ce matin, la charge était donc double, sur le nucléaire, où l’on sait que les bleus et les verts ont des visions diamétralement opposées, mais aussi sur la démocratie participative, une méthode de gouvernance revendiquée par Écolo et que Georges-Louis Bouchez mettait au défi d’appliquer sur ce dossier.

Les propos du président réformateur tiennent évidemment en grande partie de la provocation. Organiser une consultation populaire n’est pas possible, il le sait très bien. Le référendum n’est pas prévu dans la constitution. Si une consultation purement indicative pouvait être envisageable, elle serait tellement compliquée et longue à mettre en place, que le débat serait dépassé depuis longtemps quand on demanderait leur avis aux citoyens. Pour les bleus, il s’agit surtout de faire circuler l’idée que les écologistes ne sont plus en phase avec la majorité de l’opinion. Avec ce bémol : une décision politique de ce niveau-là ne se résume pas à un débat manichéen tout noir ou tout blanc. La question des déchets nucléaires par exemple n’est pas réglée. Et Georges-Louis Bouchez oublie sans doute un peu facilement que s’il y a un sentiment d’urgence aujourd’hui, son parti est quand même au pouvoir depuis 23 ans et qu’il a eu en main le portefeuille de l’énergie pendant près de 6 ans.

Si on dézoome un peu, et si vous êtes attentifs, vous constaterez que les libéraux tapent désormais systématiquement sur les écologistes. Au niveau bruxellois, au niveau wallon, au niveau fédéral, sur le nucléaire, mais aussi sur la mobilité ou sur le vivre-ensemble, les deux partis ne s’épargnent plus. Comme s’ils étaient l’un pour l’autre l’ennemi numéro 1. On se rappellera pourtant qu’en août 2020, les 4 partis libéraux et écologistes du nord et du sud avaient signé un communiqué commun, où ils refusaient la surenchère institutionnelle. Un communiqué à 4, mais qui avait fait énormément de bruit et qui avait eu pour conséquence d’éjecter la N-VA vers les bancs de l’opposition. Un an et demi plus tard, on peut donc méditer cette leçon : en politique, vos alliés d’un jour seront vos ennemis le lendemain.

Un édito de Fabrice Grosfilley

 

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21 février 2022 - 17h46
Modifié le 21 février 2022 - 17h46