L’édito de Fabrice Grosfilley : études de médecine, fin d’un long conflit communautaire
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le concours d’entrée pour les études de médecine.
L’année prochaine, il faudra passer un concours d’entrée pour faire des études de médecine. Pour les étudiants concernés, c’est un changement important. Pour ceux qui suivent ce dossier de l’extérieur, c’est la fin d’un long conflit communautaire qui remonte aux années 90.
Aujourd’hui, il y a un examen d’entrée quand on veut faire médecine. Ce n’est pas un concours. Cela veut dire que le nombre de places n’est pas strictement limité. Le problème est que chaque année, on admet deux fois plus d’étudiants que le nombre de numéros INAMI disponibles, ces numéros de conventionnement qui permettent à un médecin de s’installer et sans lesquels les patients ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. Coté flamand, on a eu dès le début une gestion stricte de la question : tant de numéros INAMI égale tant de places pour les étudiants. Mais, du côté francophone, on a tergiversé. On a mis en place un test non-contraignant, puis un concours en fin de première année, puis un examen. Mais on n’a jamais réellement réglé le problème.
Avec un concours, on va régler ce surplus de médecins qui sortent chaque année des études de médecine côté francophone. Et cela aidera à maîtriser les coûts de la sécurité sociale. En soi, cela n’a rien de révolutionnaire. La Flandre le fait depuis vingt-cinq ans, et en France aussi il existe un concours d’entrée. Pour la Fédération des Étudiants Francophones, c’est malgré tout une question de principe : un concours est élitiste et est une sorte de filtre social qui fait que les étudiants issus de milieu favorisés réussissent mieux que les autres. Et la pilule est d’autant plus difficile à avaler pour la FEF qu’on manque de médecins en Wallonie et à Bruxelles.
Ces protestations de la FEF ne changeront pas grand-chose. L’accord passé aujourd’hui entre la fédération Wallonie-Bruxelles et le Gouvernement fédéral sera donc appliqué. Les étudiants qui passeront l’examen de médecine cet été seront les derniers dans le système actuel, à partir de l’an prochain, ce ne sera plus un examen, mais bien un concours. Surtout, pour rassurer la FEF, il est intéressant de détailler les détails de cet accord. D’abord, l’excédent de médecins diplômés ces dernières années n’est pas remis en cause, il est donc, en quelque sorte, régularisé (ce que critique déjà Bart De Wever).
Ensuite, l’accord permet de revoir le nombre de numéros INAMI à la hausse, il y aura une trentaine de numéros en plus pour pallier le nombre insuffisant de médecin. Il y aura aussi une clef de répartition qui permettra d’accueillir en 2023 744 étudiants en médecine coté francophone contre 1104 coté flamand. Si vous faites le calcul, c’est légèrement plus favorable que la clef de répartition 60/40 qu’on applique d’habitude. Pas beaucoup plus favorable, mais un peu. Une manière de reconnaître qu’il y a plus de besoins côté francophone, notamment en raison de la pénurie de médecins en zone rurale ou à cause de la présence d’étudiants français qui quitteront la Belgique à terme. C’est surtout la preuve que les problèmes communautaires qui semblent insolubles, si on veut vraiment les résoudre, avec un minimum de souplesse, on finit par y arriver.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley