Abattage sans étourdissement : le premier set, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le vote sur l’interdiction de l’abattage sans étourdissement.

6 voix pour, 6 voix contre, et 3 abstentions. C’est le résultat du vote en commission de l’environnement sur l’interdiction de l’abattage sans étourdissement. Un vote qui a eu lieu ce matin au Parlement de la Région Bruxelloise. 

6 pour, 6 contre et 3 abstentions. À première vue, vous seriez tenté de conclure à une égalité parfaite. Un match nul, un partage des points. En réalité, ce n’est pas tout à fait cela. Une proposition d’ordonnance pour être adoptée doit réunir la majorité plus une voix. C’est comme cela que fonctionne la démocratie. A 3 contre 3, la proposition est donc rejetée. Les opposants à l’interdiction viennent de remporter la première manche. Et les partisans du bien-être animal ont pris un coup au moral. 

Pour bien comprendre ce qui s’est passé ce matin, il est intéressant de noter qu’on a assisté à une série de remplacements diplomatiques au moment de passer au vote. Certains des députés qui siègent en Commission de l’environnement ont été remplacés au moment du vote par leur chef de groupe. Le règlement le permet. C’est Ridouane Chahid qui a voté à la place de Véronique Jamoulle, Alexia Bertrand a remplacé Viviane Teitelbaume, John Pitseys s’est substitué à Ingrid Parmentier et Céline Fremault a pris la place de Galadys Kazady. Cet engagement massif des chefs de groupe témoigne à lui seul du caractère sensible de ce dossier. En théorie, les parlementaires votent en leur âme et conscience, mais on n’a pas voulu, sur ce dossier et à ce stade, de la procédure, que des parlementaires puissent émettre un vote qui n’aurait pas été conforme à la ligne défendue par le parti concerné. 

Ce matin, Défi, Groen, l’Open VLD ont voté pour la proposition. Ils ont été rejoints par la N-Va et le Mouvement réformateur. Le PS et Vooruit ont voté contre, soutenus par le PTB. Écolo et les engagés se sont abstenus. La ligne de démarcation passe bien au milieu de la majorité régionale. Et les amendements déposés par les signataires du texte, annoncé ici même par Emmanuel De Bock il y a quelques jours, n’ont rien changé à l’équilibre des forces en présence. 

Du côté des réactions, pas de surprise, non plus. Pour Gaïa, les membres de cette commission environnement n’honorent pas les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne et de la cour constitutionnelle et cette attitude qui ne tient pas compte du bien-être animal, est, je cite, “révoltante“. Pour la Commission consultative des organisations juives de Belgique en revanche, ce vote est une belle évolution du dossier et il serait inconcevable que la séance plénière n’aille pas dans le même sens.  

Cette séance plénière aura lieu le 17 juin. Ce jour-là, les 89 députés vont être amenés à voter pour ou contre les conclusions de la Commission environnement. S’ils approuvent ce premier vote, le dossier est clos, rien ne change et les abattoirs continueront à fonctionner comme avant. Si une majorité désapprouve le travail de la Commission environnement, alors on rouvrira les débats.  On réexaminera le fond du texte avec éventuellement de nouveaux amendements. Ce n’est pas impossible. Mais il faut savoir que dans les habitudes parlementaires, dans 99% des cas, on ne rouvre pas en plénière un dossier qu’on a rejeté en commission. 

 Avec un premier vote négatif, on est objectivement plus proche d’un rejet que d’une adoption. On l’a dit et redit, dans ce dossier très sensible, chaque voix compte. Le fait que les chefs de groupe se soient invités ce matin a un peu faussé la donne. Un renversement de tendance le 17 juin n’est pas exclu. C’est comme un match de tennis : perdre le premier set, c’est une position défavorable. Mais, ce n’est pas encore la fin du match. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley