À quoi ça sert l’Europe ? L’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’importance de l’Union européenne.

À quoi ça sert l’Europe ?  Ça sert à être plus fort. À tous ceux qui pourraient en douter, il y a au moins trois exemples concrets qu’on peut épingler dans l’actualité de ce mardi.

Premier exemple, qui concerne les consommateurs, les chargeurs de GSM : c’est l’Europe du concret. Le conseil, qui représente les 27 États membres et le Parlement qui représente les citoyens européens, sont arrivés à un accord sur une réglementation qui imposera un modèle unique de chargeur. Pour toutes les tablettes, smartphones, appareils photo, et même les consoles de jeux ou les enceintes portables, il n’y aura plus qu’un seul standard autorisé. La prise USB-type C. Ça s’appliquera à tous les fabricants, y compris à Apple qui aime cultiver des standards originaux.  Toutes les autres prises seront interdites à partir de l’automne 2024, les fabricants ont donc deux ans pour se mettre aux normes. 

Deuxième exemple, le coup de gueule de Charles Michel au conseil de sécurité des Nations Unies. C’est l’Europe de la diplomatie. Alors que le conseil de sécurité évoquait la crise du blé, mais aussi les accusations de violences sexuelles commises par des soldats russes, Charles Michel, Président du Conseil européen, s’en est violemment pris à l’ambassadeur de Russie qui affirmait que ces violences étaient loin d’être prouvées et que c’était plutôt de la propagande organisée par les Ukrainiens. « La violence sexuelle est un crime de guerre, un crime contre l’humanité, nous avons besoin de preuves et nous aidons à les réunir”, lui a rétorqué Charles Michel, l’ambassadeur russe a alors quitté la séance. Ça ne change pas grand-chose au sort des Ukrainiens et des Ukrainiennes sans doute, mais ça prouve que dans ce conflit, l’Union européenne qui a du mal à se passer du gaz russe, a, en revanche, pour l’instant le verbe haut. 

Troisième exemple, l’idée de salaires minimums. C’est l’Europe du social. Un domaine sur lequel les États membres n’ont jamais réussi à harmoniser leurs politiques, de nombreux États membres considérant souvent que l’Union, c’est un grand marché, et que pour le reste, chacun fait ce qui lui plaît, comme dirait la chanson. Ce refrain commence à ne plus faire recette. La nuit dernière, des représentants du Conseil, de la Commission et du Parlement sont arrivés à un accord sur un projet de directive qui imposera à chaque État membre de favoriser les négociations entre partenaires sociaux pour fixer, je cite, des salaires assurant un niveau de vie décent. Ce n’est pas encore l’obligation d’un salaire minimum, mais bien l’obligation d’avoir un espace de négociations entre patrons et syndicats dans chaque pays membre. Pour la Belgique, ça ne changera rien. Mais dans des pays comme la Bulgarie, La Hongrie, la Roumanie où le salaire minimum est en dessous de 650 euros, c’est une réelle évolution. 

Voici trois exemples, tous tirés de l’actualité de ces dernières 24 heures. On y ajoutera l’achat de vaccin, l’embargo sur les produits russes, les plans de relance, la volonté de doper la transition énergétique. Les eurosceptiques accusent souvent l’Europe de coûter cher ou de vouloir tout régenter. Sur ces 3 exemples, un état seul n’aurait probablement jamais obtenu les mêmes résultats.  Cela ne veut pas dire que l’Europe est parfaite, ou qu’il n’y aurait rien à améliorer, loin de là. Cela veut juste dire que faire partie de l’Union, aujourd’hui, est un immense avantage. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley