Les hôpitaux bruxellois davantage dans le rouge que dans les autres régions
Comment se porte la santé financière de nos hôpitaux ? C’est la question que se pose chaque année la banque Belfius dans son étude Model for Automatic Hospital Analyses (MAHA). Son analyse pour 2024, portant sur les chiffres de 80 hôpitaux généraux de notre pays – sans prendre en compte les sept hôpitaux universitaires académiques, dont quatre se situent à Bruxelles – a été publiée ce mercredi. Verdict.
Plusieurs constats à l’échelle nationale tout d’abord : par rapport aux deux exercices précédents marqués par une forte dégradation, la situation financière des hôpitaux s’améliore légèrement en 2024. Le secteur reste toutefois fragile, avec une activité de base qui reste dans le rouge, en dépit de la forte baisse des coûts énergétiques.
Au total, les 80 hôpitaux généraux du pays ont connu une perte de 42 millions d’euros l’année dernière, soit une perte de 0,2% du chiffre d’affaires. C’est mieux que les 174 millions d’euros de déficit de 2023 et les 150 millions d’euros de 2022, mais près d’un hôpital sur deux reste déficitaire.

Si les analystes bancaires constatent une année “de léger répit“, ils craignent “une zone de forte turbulence” à venir : “Le secteur hospitalier devra affronter au cours des prochaines années des défis majeurs affectant à la fois son fonctionnement, son organisation et son financement, et ce, dans un cadre budgétaire de plus en plus contraint. […] Outre les évolutions sociétales (vieillissement de la population, numérisation de l’économie, évolution des technologies médicales…), le secteur hospitalier sera confronté à la mise en œuvre de nombreuses réformes initiées par le niveau fédéral.”
Le défi(cit) bruxellois plus important
Si l’on zoome au niveau régional à présent (sur les 80 institutions sondées, sept sont bruxelloises), on se rend compte que les hôpitaux en Flandre se portent mieux financièrement que ceux en Wallonie, qui eux-même se portent mieux que ceux à Bruxelles. Le résultat courant, autrement dit qui repose sur les activités courantes au sein de l’hôpital, s’élève en moyenne à +0,4% du chiffre d’affaires en Flandre, est en léger déficit en Wallonie (-0,6%) et en déficit plus prononcé à Bruxelles (-1,9%).
“Le modèle hospitalier bruxellois se caractérise par une patientèle plus précaire et par des missions de soins structurellement plus lourdes dans les centres d’expertise. À cela s’ajoute un facteur structurel majeur : le poids des pensions statutaires qui pèse durablement sur la viabilité financière des institutions hospitalières publiques“, réagit la fédération des hôpitaux bruxellois GIBBIS.
Besoin urgent de réformes
Pour faire face à cette pression, la fédération appelle à la formation rapide d’un gouvernement bruxellois afin de retrouver “un interlocuteur politique fort“. Pour, elle des réformes importantes doivent être prises, notamment au niveau de la problématique des pensions du personnel statutaire des hôpitaux publics ainsi qu’au niveau de la structure de financement des hôpitaux bruxellois qui, bénéficiant de moins de fonds propres, doivent davantage recourir à l’endettement.

“La santé financière des institutions conditionne directement l’accès, la qualité et la sécurité des soins. Chaque euro manquant finit par se traduire dans le réel, au détriment des patients“, rappelle GIBBIS.
À noter que des disparités importantes existent aussi entre les hôpitaux bruxellois.
► Lire aussi | À Bruxelles, les hôpitaux représentent une part importante de l’emploi salarié
V.d.T. – Photo : Belga





