Projet Demey Park: les riverains d’Auderghem font part de leurs inquiétudes
La commission de concertation communale d’Auderghem s’est réunie jeudi pour examiner la demande de certificat d’urbanisme du projet “Demey Park”. Le rejet du projet dans son état actuel a été quasi unanime parmi les nombreux habitants présents, qui se sont exprimés longuement face aux représentants du promoteur Redevco et aux autorités communales.
Le projet, qui vise à transformer le site du Carrefour et du Brico du boulevard du Souverain en un nouveau quartier mixte, prévoit 394 logements, 300 chambres de coliving, 9.756 m² de bureaux, 26.000 m² de commerces, 3.317 m² d’équipements collectifs, un parc public de 2,4 hectares et une place communale de 5.000 m², pour un total de près de 97.000 m² de surface plancher et 1.064 places de parking souterrain. Redevco ambitionne de créer “le cœur vivant d’Auderghem“, conforme au Plan d’aménagement directeur (PAD) Herrmann-Debroux, adopté par la Région en 2022.
Durant l’enquête publique, qui s’est tenue du 6 septembre au 5 octobre, 349 courriers ont été adressés à la commune. “On ne constate pas d’opposition frontale, mais de nombreuses craintes et demandes d’adaptation“, a précisé l’échevin de l’Urbanisme, Matthieu Pillois (DéFi)
Les critiques des riverains ont été nourries. Plusieurs habitants ont dénoncé des bâtiments jugés trop hauts et massifs, une densification excessive et un manque de logements sociaux et familiaux. D’autres ont pointé l’absence d’un plan de mobilité clair, le risque de parking sauvage et la congestion attendue des voiries. L’abattage de 96 arbres, dont un classé, a été qualifié d'”inacceptable“. Des habitants ont aussi regretté l’absence d’étude d’impact sur le vent ou la gestion des eaux pluviales.
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“Tout le monde ici est d’accord pour dire qu’il faut faire quelque chose de ce site fait de béton et de rien d’autre. Mais pas ça, pas à cette échelle“, a résumé un participant. “Il y a un tel déni dans les chiffres qu’il faut refuser la certification“, a renchéri un autre.
Face à ces critiques, le promoteur a tenté d’apaiser les inquiétudes : “On vous a entendus. Nous allons essayer de synthétiser les remarques, tout en respectant le cadre imposé par le PAD. Mais le projet doit rester financièrement viable. Nous allons investir plusieurs millions d’euros. Nous sommes encore loin du dépôt d’un permis : il s’agit ici d’une demande de certificat. Si le projet devient infaisable, le site restera en l’état“, a averti un représentant de Redevco, rappelant que les gabarits proposés respectent les prescriptions du PAD.
Les membres de la commission de concertation ont, à leur tour, formulé plusieurs observations.
La Région bruxelloise, via l’Administration de l’aménagement du territoire et du logement (AATL), a indiqué avoir “bien pris note de toutes les réclamations“. Elle a souligné qu’un effort devrait être fait sur les gabarits, notamment sur la tour, dont les études devront être complétées. Certaines implantations en rez-de-chaussée “génèrent une forme de privatisation du parc“, alors que les 2,4 hectares d’espaces verts doivent rester accessibles au public. L’administration a aussi rappelé que le PAD impose une cohérence avec la typologie des bâtiments existants, “ce qui n’est pas le cas actuellement“, et recommandé d’intégrer davantage de logements familiaux, “par exemple des unités de quatre chambres“.
Du côté de Bruxelles Environnement, les remarques ont porté sur l’aménagement du parc – qui devra être affiné “dans le cadre du permis d’urbanisme” – et sur la mobilité et le stationnement, jugés encore problématiques sur certains points. L’institution a également demandé de mieux étudier la question du potager communautaire existant rue de la Vignette.
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La commune d’Auderghem, pour sa part, a rappelé qu’elle soutenait la requalification de ce site, en soulignant “de nombreux aspects positifs“: la diminution de l’imperméabilisation, la création de grands espaces publics et la volonté de concevoir un quartier durable, centré sur les piétons et cyclistes, avec les voitures reléguées en sous-sol. Mais elle a aussi reconnu partager “la plupart des réserves émises par la Région“, notamment sur les gabarits et la taille réelle du parc, qui “n’atteint pas encore les 2,4 hectares annoncés“.
Enfin, l’échevin de l’Urbanisme a précisé que les modalités de chantier ne relevaient pas de la commission de concertation, mais d’une phase ultérieure “lorsque le projet sera concrétisé“.
Le collège communal rendra prochainement son avis, avant la décision de la Région bruxelloise sur les certificats d’urbanisme et d’environnement. Mais la date de la remise de l’avis n’a pas été fixée ce jeudi.
Belga





