Le restaurant social Refoodgees également menacé faute de gouvernement bruxellois : “Il nous reste six mois à tenir”
Dans une vidéo postée sur le réseau social Instagram, Arthut Fogel, fondateur de Refoodgees, a annoncé que l’avenir de la structure était incertain, faute de gouvernement bruxellois et d’une fréquentation à la baisse.
Le restaurant d’insertion Refoodgees, implanté à Saint-Gilles et Etterbeek, traverse une période critique. Depuis quatre ans, l’ASBL forme des personnes réfugiées et primo-arrivantes aux métiers de l’Horeca. Mais faute de subsides régionaux et face à une baisse de fréquentation, son modèle économique repose plus que jamais sur ses clients.
“Les gens que l’on forme sont engagés avec un contrat FPIE, en lien avec Bruxelles Formation. Cela leur garantit une rémunération juste, au barème de l’Horeca, avec de vrais salaires et de vraies charges“, explique le fondateur. “Nos formateurs sont également rémunérés, il faut assumer deux loyers et toutes les charges. Tout cela n’est possible que grâce aux clients qui viennent manger chez Refoodgees ou commandent nos plats en traiteur.”
Des subsides espérés, mais bloqués
À son lancement, l’équipe savait qu’il faudrait prouver la viabilité du projet avant d’accéder à un soutien public plus structurel. “On avait anticipé que la première année, il n’y aurait pas d’aides récurrentes. Ensuite, on aurait pu prétendre au mandatement d’économie sociale, qui permet de financer l’encadrement et certains contrats.” Mais ce mécanisme est gelé depuis plusieurs années. “Ceux qui étaient déjà mandatés peuvent renouveler, mais aucune nouvelle structure ne peut y accéder. On a donc passé la première année à serrer les dents, en comptant sur des subsides et des appels à projets. Mais aujourd’hui, avec l’absence de gouvernement en région bruxelloise, même ces petits coups de pouce ne sont plus disponibles.”
Six mois pour tenir
La situation est tendue : “Concrètement, il nous reste six mois pour tenir, en l’état actuel des choses. Notre but, c’est d’arriver d’ici 2026 à un modèle totalement autonome, sans dépendre des subsides. Mais pour l’instant, on doit trouver un équilibre pour survivre.”
Cette fragilité s’explique aussi par la spécificité du projet : “Là où un restaurant classique fonctionnerait avec trois personnes, nous il en faut six, car trois d’entre elles sont en formation. Faire de l’insertion sans aucune aide, ce n’est pas viable. Mais renoncer à notre mission sociale n’est pas une option.”
Mobiliser la clientèle
Face à ces difficultés, Refoodgees mise sur sa communauté et appelle à la solidarité. “La meilleure manière de nous soutenir, c’est de venir manger au restaurant. On a ouvert des dîners de soutien les vendredis et samedis soirs de septembre pour accueillir celles et ceux qui ne peuvent pas venir le midi.”
Le service traiteur est également un levier : “On travaille surtout avec des repas d’entreprise, en proposant autre chose que dans nos restaurants : des sandwiches, des salades, des bowls… Les sociétés qui ont commandé continuent à le faire, et les retours sont excellents. Mais on veut développer beaucoup plus ce service.”
La récente vidéo publiée sur Instagram, devenue virale à son échelle, a déjà eu un effet : “Des clients nous disent qu’ils sont venus parce qu’ils avaient vu la vidéo. D’autres qui étaient déjà venus reviennent, en se disant : je n’y avais pas pensé, mais pourquoi pas ce midi ? Au-delà du soutien économique, ça crée de vrais moments d’échange avec les clients.”
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Trois gestes concrets
Le fondateur résume : “Il y a trois manières simples de nous aider : venir manger dans nos restaurants, commander pour vos événements professionnels ou privés, et faire un don via notre site web.”
B. M.





