Des conséquences dramatiques pour la friche Josaphat en cas de moratoire?
Le projet de la friche Josaphat, qui prévoit la construction de plus de 500 logements, semble compromis. Pour la SAU, la Société d’Aménagement Urbain, un arrêt aurait des conséquences dramatiques.
■ Reportage de Maël Arnoldussen, Yannick Vangansbeek et Pierre Delmée
Fait inhabituel, révélé par Le Soir, la Société d’Aménagement Urbain (SAU) a adressé un courrier aux députés bruxellois, pour les alerter des “conséquences dramatiques” d’une proposition d’ordonnance écologiste de moratoire sur le traitement de demandes de permis d’urbanisme et certificats d’urbanisme sur les friches de taille significative en Région bruxelloise.
Pour la SAU, citée par le quotidien, en cas d’adoption, ce texte devrait signer “l’arrêt définitif d’un projet de 509 logements” sur la friche Josaphat à Schaerbeek à propos duquel la majorité sortante socialiste-écologiste-DéFI n’est pas parvenue à se mettre d’accord. Dans la foulée, les écologistes et les libéraux francophones bruxellois ont tenu de leur côté à relativiser fortement les conséquences notamment financières de l’adoption de cette proposition.
“Erreur d’interprétation massive”
Pour la SAU, le moratoire causerait la perte de l’opportunité de voir développer un nouveau projet exemplaire répondant aux besoins exprimés de longue date par la Région en termes de logements, d’espaces verts et de biodiversité. De plus, l’arrêt du projet aurait des conséquences financières importantes pour les pouvoirs publics bruxellois: outre l’indemnisation du développeur (le consortium Eiffage/Axa), qui est difficilement évaluable à ce stade, la SAU perdrait ainsi les revenus de la vente des terrains relatifs à la première phase de développement immobilier (31,7 millions d’euros).
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Pour l’auteur principal de la proposition d’ordonnance, John Pitseys (Ecolo), interrogé lundi, la SAU commet une “erreur d’interprétation massive” du texte de la proposition écologiste qui ne met pas fin aux contrats signés et n’entraine pas de facto l’arrêt des projets. De plus, elle reste floue sur l’impact financier du moratoire. Enfin, le moratoire proposé vise la période d’attente de l’adoption définitive du Plan Régional d’Affectation de Sol en cours de révision. C’est cet instrument qui définit en gros qui peut faire quoi sur chaque parcelle de la Région. C’est lui qui permettra de traduire dans la pratique les objectifs climatiques et de de biodiversité de la Région-capitale, et l’engagement du gouvernement bruxellois du 26 octobre 2023, vis-à-vis de l’Union européenne, à atteindre l’objectif significatif de 25 % de superficie protégée et strictement protégée en Région de Bruxelles-Capitale à l’horizon 2030.
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Pour le MR, Gaëtan Van Goidsenhoven “la dramatisation sur les conséquences de l’objectif d’instaurer un moratoire sur le traitement d’un certain nombre de permis relatif à des zones naturelles de grande valeur est de bonne guerre. Il ne faut cependant pas perdre de vue que la majorité sortante n’est jamais parvenue à s’accorder clairement sur le projet de la friche Josaphat qui est principalement visé“. Interrogé par Belga, le député libéral a également mis en garde contre la volonté d’avancer au forceps sur l’urbanisation de la zone. “Nos propositions ont été systématiquement écartées sans ménagement“. Pour lui, si perte de crédibilité il y a, elle se porte avant tout sur une “méthodologie de conception de la ville inefficace et conflictuelle”. “Quant aux risques financiers, ils apparaissent peu étayés à ce stade. Manifestement, au-delà des discours creux sur la biodiversité, la place de la nature dans le projet urbain reste, dans le chef de certains, compliquée à assumer“, a-t-il conclu.
La commission du Développement territorial du Parlement reviendra sur ce dossier lundi prochain, le 14 juillet, en procédant à des auditions.
Avec Belga





