Drame du Heysel : 40 ans plus tard, le changement de visage des stades de football

Le drame du Heysel a profondément choqué il y a quarante ans. Il est devenu le symbole des dérives du hooliganisme dans le football européen et a mis en lumière de profonds problèmes de sécurité et d’infrastructures des enceintes, incapables d’y faire face.

Le drame du Heysel fait partie d’une série de tragédies impliquant des hooligans durant les années 80, notamment en Angleterre. Cette tragédie, causant 39 morts et environ 600 blessés en pleine finale de la Coupe des clubs champions européens entre la Juventus et Liverpool, le match le plus attendu et l’un des plus regardés de la saison, choquera profondément l’Europe. Au-delà de la violence des hooligans anglais, l’encadrement sécuritaire du match, la politique de billetterie et la vétusté du stade sont pointés du doigt.

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L’UEFA (Union des associations européennes de football), organisatrice des compétitions européennes, sera la première à réagir. D’abord par des sanctions sportives, en privant les clubs anglais de compétitions européennes pendant 3 ans (finalement prolongés à 5, suite à de nouveaux débordements lors de l’Euro 1988). Le club de Liverpool est lui écarté des compétitions européennes pendant 10 ans dans un premier temps, la sanction sera finalement réduite à 6 ans. Des réflexions sont également menées sur l’encadrement de tels événements et sur les infrastructures.

Après d’autres drames, des réformes structurelles

À la fin des années 80, la catastrophe de Hillsborough en Angleterre, faisant 97 morts, va définitivement convaincre l’UEFA d’agir en profondeur sur l’infrastructure des stades. Les instances européennes de football vont d’abord s’attaquer au point commun entre ces deux drames : les tribunes debout.

C’est dans des tribunes debout, où les personnes étaient entassées pour maximiser la capacité, que des mouvements de foule ont eu lieu, provoquant des bousculades et des chutes menant à des drames. L’UEFA décide alors de progressivement interdire les tribunes debout, au profit de stades composés uniquement de places assises. Cette décision permet aussi de résoudre un autre problème : la mise en place d’un système de billetterie contrôlé.

Tout cela a permis de mieux contrôler le nombre de personnes présentes dans un stade de football et d’éviter le suremplissage des tribunes lors des grands événements. Une décision qui a profondément changé l’infrastructure des stades de football.

Quand le stade du Heysel a été rénové et renommé stade Roi Baudouin, il répondait à toutes ces nouvelles exigences. On est passé d’une enceinte à un étage pouvant accueillir approximativement 60 000 personnes (environ 30 000 places assises et 30 000 debout), à un stade plus grand, sur deux étages, mais ne contenant que 50 000 places toutes assises. 

La transformation du stade

Une autre mesure apparue est le compartimentage des stades, pour éviter que les supporters ne passent d’une zone à l’autre, ce qui risquerait de surcharger une tribune au-delà de sa capacité. Ce compartimentage est assuré par des séparations plus résistantes que les anciens grillages. Certains de ces dispositifs doivent toutefois être retirés lors des futures rénovations du stade Roi Baudouin, afin d’améliorer la visibilité des spectateurs.

Les règles de l’UEFA sont régulièrement mises à jour. Depuis le début des années 2000, une catégorisation des stades a été instaurée pour déterminer quels stades peuvent accueillir des compétitions UEFA. Cette classification va de 1 (le plus bas) à 4 (le plus élevé). Au vu des exigences de l’UEFA, aucun stade en Belgique n’est actuellement en capacité d’accueillir une finale de Ligue des champions. Ce sont ces règlements qui empêchent, par exemple, l’Union Saint-Gilloise de pouvoir jouer des matchs européens au stade Joseph Marien.

En Belgique : la loi football

La réponse législative en Belgique prendra plus de temps, en raison d’un contexte politique instable au milieu des années 80. Il faudra attendre 1998 pour voir apparaître la “loi du 21 décembre 1998 relative à la sécurité lors des matchs de football”, souvent raccourcie en “loi football”.

L’objectif est de mieux sécuriser les événements footballistiques, afin de répondre à l’un des grands problèmes du drame du Heysel : le manque d’encadrement des supporters, autour et à l’intérieur du stade.

Les principales mesures concernent d’abord la billetterie : chaque ticket d’une rencontre de football est désormais nominatif, et les clubs ont l’obligation de mettre en place un système de validation électronique pour éviter la reproduction de billets sur le marché noir. Un système de surveillance est instauré pour filmer les spectateurs dans les tribunes, et conserver les images en cas d’incidents, afin d’identifier les personnes en infraction.

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Des sanctions administratives sont également prévues, avec des amendes allant de 250 à 5 000 euros, et la possibilité d’une interdiction de stade jusqu’à 5 ans. Contrairement au droit pénal classique, la loi football permet d’infliger des sanctions rapides, sans devoir attendre un procès.

Suite aux événements qui ont entaché la finale de la Coupe de Belgique cette année, un renforcement de la loi football est envisagé par le ministère de l’Intérieur, pour faire face à la montée du hooliganisme en Belgique.

La ligne du temps des mesures

Rémy Rucquoi

BX1
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