“Dès le mois de juillet, j’avais dit à David Leisterh d’arrêter sa mission de formateur : ce que veut Ahmed Laaouej, c’est être en affaires courantes”
“Zakia Khattabi ment et Ahmed Laaouej joue. Dès le mois de juillet, j’avais dit à David Leisterh de laiss tomber, de ne plus être formateur. J’avais compris que ce que veut Ahmed Laaouej, c’est être en affaires courantes pendant cinq ans”: le président du MR Georges-Louis Bouchez répond dans +d’Actu aux déclarations des chefs de file bruxellois Ecolo et PS, en affirmant qu’on “peut sortir de ce blocage si certains arrêtent leurs petites manipulations en tout genre et pensent enfin à l’intérêt bruxellois.” De son côté, David Leisterh a annoncé qu’il entamerait à partir de lundi une série de consultations en direction de toutes les formations bruxelloises.
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Jeudi après-midi, le PS bruxellois a dénoncé “une stratégie d’exclusion” à son égard, et les “conséquences dramatiques pour la formation d’un gouvernement bruxellois“. Il a exhorté deux formateurs, David Leisterh (MR) et Elke Van den Brandt (Groen), à “sortir de l’impasse dans laquelle ils se sont enfermés.”
“Monsieur Laaouej joue“, dit ce vendredi le président du MR. “Moi, dès le mois de juillet, dès la deuxième réunion avec Monsieur Laaouej, j’ai dit à David Leisterh (formateur bruxellois, ndlr) qu’il devait laisser tomber. Parce que j’ai compris ce jour là que Mr Laaouej veut qu’on soit en affaires courantes pendant cinq ans. Parce que le PS considère que la Région bruxelloise lui appartient, et donc estime que la victoire du MR n’est qu’un accident de l’Histoire et que cet accident de l’Histoire, il faut le passer très vite. Ce n’est pas sérieux.”
“Si Ahmed Laaouej joue cette stratégie là, et je suis maintenant assez convaincu qu’il joue cette stratégie là, il sera alors le responsable de la faillite de Bruxelles parce que dans quelques semaines, les agences de notation arrivent à Bruxelles et la situation est catastrophique. Ce veto à l’égard du parti du Premier ministre n’a strictement aucun sens. Comme vouloir comparer la N-VA à la Team Ahidar, qui est communautariste, ou le PTB, qui est d’extrême gauche.” Le président de la Fédération bruxelloise du PS Ahmed Laaouej répète depuis plusieurs mois le refus des socialistes d’entrer dans un gouvernement bruxellois avec la N-VA, parti du Premier ministre Bart De Wever, N-VA.
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“Ce n’est pas nous qui retenons la N-VA dans le jeu“
“On a tout essayé, on a essayé la méthode gentille, on a essayé la méthode du fait accompli, le bras de fer…Le CD&V nous a clairement indiqué qu’il ne monterait pas au gouvernement, et qu’en tout cas il ne monterait pas sans la N-VA. Aujourd’hui, Sammy Mahdi, CD&V, a un accord avec Bart De Wever, NV-A, au fédéral et à la Région flamande. Vous croyez vraiment qu’il va abîmer ses bonnes relations avec la NV-A pour avoir un secrétaire d’Etat à Bruxelles? Mais soyons un petit peu sérieux. A partir du moment où le CD&V nous dit je ne monte pas et si je monte, je monte avec la NV-A, le problème reste entier. Ce n’est pas nous qui retenons la N-VA dans le jeu”, affirme Georges-Louis Bouchez.
“Avoir le parti du Premier ministre à la Région bruxelloise va peut-être quelque peu nous aider, je pense, parce que vouloir se dire on va faire la guerre à celui qui dirige le gouvernement fédéral, c’est à dire celui qui a la haute main aussi quand on va délibérer de questions comme Beliris, je ne sais pas si c’est la chose la plus intelligente à faire.”
“Zakia Khattabi ment”
Le PS bruxellois réagissait “avec une profonde inquiétude” aux déclarations de Zakia Khattabi, cheffe de groupe Ecolo au parlement bruxellois. Jeudi matin sur notre antenne, la cheffe de file bruxelloise d’Ecolo affirmait que le “le seul objectif de certains négociateurs” était de “mettre le PS dans l’opposition“, tout en tendant à faire croire l’inverse publiquement. “De tous les contacts que j’ai eus, j’observe que l’obsession n’est pas de former un gouvernement, mais de mettre les socialistes dehors. (…) Et c’est encore pire que cela: quand j’affirme: pas de N-VA, on me dit oui mais si vous venez, alors on peut se débarrasser de la N-VA. Je dis: mais alors il n’y a pas de raison; les socialistes peuvent venir à la table. Voilà les blocages“, a-t-elle insisté.
“Madame Khattabi ment, je ne vais pas vous le dire autrement. Elle ment“, répond Georges-Louis Bouchez. “À aucun moment, il ne lui a été dit que si elle venait, on se séparait de la NV-A. A aucun moment, en tout cas dans le chef du Mouvement Réformateur. Nous n’avons jamais dit cela car nous avons une ligne qui est très claire de ne pas nous engager dans le cadre de la coalition flamande, parce que c’est comme ça que fonctionne Bruxelles. Le non-Bruxellois que je suis manifestement connaît mieux les usages bruxellois que certains élus.”
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Un front “Belgique insoumise”
“La réalité, c’est que madame Khattabi cache mal le fait que Ecolo est véritablement aujourd’hui un parti d’extrême gauche, un parti de gauche radicale. A un moment donné, même moi, j’ai cru les paroles des coprésidents d’Ecolo, qui avaient dit On va être moins à gauche, on va être au milieu du jeu. On pourrait une fois faire une alliance avec le MR, une fois avec le PS. Force est de constater qu’aujourd’hui on a un front ‘Belgique Insoumise’ avec PS, Ecolo, PTB; qui est la coalition de la faillite”, dit le président du MR. “S’ils veulent violer le résultat des élections et aller vers la faillite de Bruxelles, qu’ils le fassent. Mais j’en ai un peu marre des faux-semblants. Aujourd’hui, on traite David Leisterh de façon totalement indigne. Il est le seul à rester à la barre. Et il y a des petits jeux de M. Laaouej et Mme Khattabi qui aujourd’hui bloquent totalement la Région la plus endettée du pays.”
Et de conclure qu’on “peut sortir de ce blocage, si certains arrêtent leurs petites manipulations en tout genre et pensent enfin à l’intérêt bruxellois.”
La formatrice bruxelloise néerlandophone Elke Van den Brandt a accueilli positivement, vendredi, l’annonce par David Leisterh, d’un nouveau tour de table avec l’ensemble des formations politiques démocratiques du parlement bruxellois pour tenter de sortir la Région-capitale de l’enlisement politique.
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