Près d’un étudiant salarié précaire sur deux manque les cours plusieurs fois par semaine

Étudiante Examen - Illustration Belga

Parmi les étudiants salariés les plus précaires, près d’une personne sur deux manque les cours plusieurs fois par semaine à cause de son emploi, ressort-il mardi d’une étude réalisée par l’Observatoire de la vie étudiante de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Cette proportion n’est que d’un sur sept chez les plus aisés.

C’est la 2e fois que l’ULB procède à cette analyse, après une première édition en 2020, en pleine crise du Covid-19. Deux étudiants sur cinq déclaraient alors connaître des fins de mois difficiles et un étudiant sur deux vivait au quotidien une ou plusieurs privations matérielles essentielles (chauffage, matériel pour étudier, etc.). Cette nouvelle enquête a été menée fin 2023. Elle laisse apparaître plusieurs résultats “qui alertent” l’ULB. Les étudiants de nationalité non-européenne sont notamment 10 fois plus susceptibles de connaître des privations matérielles sévères que les étudiants belges, étant 33,3% dans ce cas contre 3,4% des Belges.

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Les étudiants venant des milieux les moins favorisés sont en outre 14,9% à être en situation de privations matérielles sévères, contre 3,3% des étudiants venant des milieux les plus favorisés. La précarité impacte par ailleurs la réussite et les conditions de la réussite, montre l’étude. Les plus précaires sont 7,9% à ne pas avoir accès à un ordinateur ou une tablette dans leur domicile, alors qu’aucun étudiant aisé ne se déclare dans cette situation.

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On constate, de plus, un écart de 2,3 points entre les moyennes annuelles des étudiants les plus précaires et celles des plus aisés. Le non-recours aux aides sociales est une réalité, constate encore l’Université, le fait de “ne pas se sentir légitime à recevoir une aide financière” et de “ne pas en avoir ressenti le besoin financier” étant le plus souvent avancées comme justifications pour ne pas la demander.

Pour l’ULB, ce résultat souligne la nécessité d’intensifier encore les efforts de communication autour des aides existantes. Plus de 30% des répondants d’origine sociale défavorisée qui n’avaient pas sollicité d’allocation d’études à la Fédération Wallonie-Bruxelles ou d’aides financières au Service social étudiants de l’Université n’en avaient en effet jamais entendu parler, illustre-t-on. Depuis la première enquête, menée entre deux confinements en 2020, il y a eu une augmentation marquée du montant des loyers des étudiants, venant ainsi peser davantage dans leurs dépenses mensuelles, et une reprise des jobs étudiants après les importantes pertes d’emplois constatées pendant le confinement, relève encore l’ULB. “Certains effets de la précarité tendaient à être légèrement plus marqués en 2020, ce qui suggère que cette période de crise avait particulièrement fragilisé les plus précaires, plus vulnérables aux situations de crise.”

Face à cette situation, le service social de l’université bruxelloise propose notamment une série d’aides financières individuelles, touchant aux frais d’études, à la mobilité, au bien-être et au quotidien des kotteurs, accessibles sur dossiers et critères financiers, rappelle l’ULB. L’institution accroit son parc de logements étudiants, aux loyers plafonnés, avec une priorité d’accès pour les étudiants de condition modeste: 166 nouvelles chambres ont ouvert en septembre 2024 et 110 sont attendues pour la prochaine rentrée, portant à 1.100 le nombre de places disponibles en 2025, situe-t-elle. “Alors que les financements publics alloués à l’enseignement supérieur sont en tension, l’Université libre de Bruxelles s’inquiète des futurs moyens dont elle disposera pour poursuivre ses politiques sociales, avec autonomie et flexibilité, et continuer d’adapter ses réponses aux nouveaux besoins qui émergent”, conclut-elle.

Belga