Jean-Marc, victime d’abus sexuels, est déçu de sa rencontre avec le Pape: “Une réponse extraordinairement hypocrite”

Hier soir, le Pape François a rencontré quinze victimes belges d’abus sexuels au sein de l’Église, qui ont pu lui partager leur vécu et leur traumatisme. Au lendemain de cette entrevue rapide, qu’en retirent ces victimes ? Rencontre avec l’une d’entre elles.

“Caro fratello Francesco, je crois au pouvoir de la parole et je pense que tu partages cette opinion. Nous sommes en manque, François, en manque de justice de l’Église, de ton Église, qui nous enferme dans l’obscurité” : ce sont les mots prononcés par Jean-Marc Turine face au pape. Le septuagénaire, victime d’abus par plusieurs prêtres durant sa scolarité au Collège Saint-Michel, est l’un des 15 Belges à l’avoir rencontré ce vendredi 27 septembre.

Jean-Marc décrit ce moment, dont il ressort très déçu : “Chacun a exprimé ce qu’il avait à dire. Des adresses et des messages très différents. (…) Je pense que pour ceux qui sont chrétiens, croyants, pratiquants, je pense que ça leur a fait du bien”, estime-t-il.

► A lire aussi | Le pape a rencontré des victimes de violences sexuelles dans l’Église durant plus de deux heures

Malgré l’écoute, au-delà du symbole, il aurait aimé davantage de reconnaissance. “Pour ma part, il n’a rien dit. Il a dit, à la toute fin, ‘j’ai honte, j’ai le cœur brisé, je demande pardon’. Ça, forcément qu’il a le cœur brisé. Il n’allait pas rigoler. (…) L’Église est responsable et il a une réponse extraordinairement hypocrite. Lui qui est chef de l’Église, n’assume pas l’éventuelle responsabilité qui est la sienne de dire ‘nous sommes responsables de ce qu’il s’est passé dans l’Église'”, réagit-il.

Selon Jean-Marc, sans reconnaissance réelle des responsabilités, pas question non plus de compensation financière.

Au cœur des discussions, aussi, le célibat obligatoire des prêtres. “La question a été posée hier, il a balayé ça en disant que ce n’est pas le célibat… Mais bien entendu, c’est le célibat obligatoire. Ça, il n’a pas prononcé le mot”.

Hier soir, la rencontre aura duré deux heures derrière les portes de la nonciature apostolique de Bruxelles.

■ Reportage de Simon Breem, Alexandre Dhaeseleer, Djop Medou Mvondo et Alexandre Bruckner

Partager l'article

28 septembre 2024 - 19h18
Modifié le 28 septembre 2024 - 19h20