Formation bruxelloise : le PS marque son accord pour entrer en négociation

Au terme de plusieurs semaines de tractations discrètes, le PS bruxellois a marqué son accord, jeudi, pour entrer en négociation avec le MR et les Engagés, ainsi qu’avec des partenaires néerlandophones potentiels, pour tenter de former un gouvernement bruxellois.

Formellement, le bureau du PS bruxellois a marqué son accord sur une proposition faite dans ce sens par son président Ahmed Laaouej. Celui-ci a fait rapport notamment sur les éléments qui figurent désormais dans une note destinée à cadrer ces négociations, a-t-il fait savoir, via l’agence Belga.

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Depuis les élections du 9 juin dernier, le MR, en tant que premier parti représenté au Parlement régional a entamé, il y a huit semaines, une phase d’information, via son chef de file David Leisterh.

À la fin du mois de juin, le Bureau du PS Bruxellois, avait acté “l’absence d’une note programmatique précise” à ses yeux, rencontrant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux et s’appuyant sur une trajectoire budgétaire pluriannuelle “qui ne procède pas d’une austérité néfaste pour le corps social bruxellois“. Il avait alors rappelé ses priorités politiques.

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Jeudi matin, le Bureau politique du PS Bruxellois a pris acte de la nouvelle note de cadrage proposée par l’informateur MR, en vue de proposer au PS et aux Engagés d’entrer en négociations pour la formation d’un gouvernement bruxellois.

Le Bureau politique a dit y relever plus particulièrement, “certains éléments permettant d’envisager la possibilité de développer un projet crédible qui réponde aux enjeux des Bruxelloises et des Bruxellois, permettant d’améliorer leur cadre de vie, de garantir l’accessibilité à un logement décent à un prix abordable; de développer une stratégie de redéploiement économique qui soutienne la création d’emplois de qualité; de soutenir les services publics; et de renforcer la cohésion sociale, tout en garantissant un retour progressif à l’équilibre budgétaire qui n’impose pas d’austérité“.

C’est sur cette base, que le Bureau politique de la Fédération bruxelloise du PS a décidé de donner mandat “à son président, Ahmed Laaouej, et aux négociateurs qu’il s’adjoint pour défendre les priorités socialistes dans le cadre d’une phase de négociation pour la formation d’un gouvernement bruxellois, et ce en présence de tous les partenaires potentiels, francophones comme néerlandophones“.

M. Laaouej fera rapport “à la rentrée” de l’état d’avancement des négociations.

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Bouchez et Prévot réagissent

Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Les Engagés) ont tous les deux salué cette avancée. Pour rappel, ils étaient à la tête des négociations pour le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le président du MR précise : “La formation au sens strict du Gouvernement bruxellois commence ! Il est fondamental de pouvoir œuvrer sans attendre à un Gouvernement qui va redresser significativement Bruxelles avec plus de sécurité, une mobilité vivable et une économie redéployée avec plus de gens à l’emploi“. Il en a également profité pour féliciter David Leisterh, celui “qui met en route une formation dans l’entité à l’arithmétique politique la plus compliquée du Pays à ce jour“. 

Maxime Prévot se tourne déjà vers l’avenir : “Après quelques jours de repos, nous nous attellerons avec enthousiasme, en concertation avec les partis flamands qui seront concernés, à définir un projet ambitieux, durable, inclusif et innovant pour tous les Bruxellois.”

Formation d’un gouvernement: un casse-tête bruxellois

La distribution des cartes par les électeurs bruxellois ne facilite pas la tâche de la formation d’un gouvernement dans la Région-capitale.

Du côté francophone, le MR et les Engagés qui ont déjà conclu des accords de majorité en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles ont très rapidement fait part de leur volonté d’entrer ensemble dans une majorité à Bruxelles également. La défaite électorale d’Ecolo et surtout de DéFI a dissuadé ceux-ci de s’associer à cet attelage. Comme le MR et les Engagés n’entendent pas ouvrir de discussions avec le PTB, il ne reste plus que le PS, en l’état actuel, comme partenaire francophone potentiel.

Mais à quelques semaines des élections communales, et dans un contexte de forte concurrence politique sur l’aile gauche de l’échiquier, celui-ci n’entend pas avancer dans des négociations à visière découverte – lisez sans un certain nombre de garanties contre un bain de sang social dans un contexte budgétaire difficile. Mais au regard de ce contexte, le Bureau du PS n’est pas opposé pour autant à un travail sérieux, inscrit dans la durée sur le budget, y a-t-on indiqué jeudi, en substance.

Côté néerlandophone, Elke Van den Brandt planchait toujours, il y a quelques jours sur une coalition entre Groen, l’Open VLD, Vooruit.brussels et le CD&V.

Mais Benjamin Dalle (CD&V) qui souhaite insuffler une nouvelle dynamique à sa formation qui fut par le passé le premier parti néerlandophone de la capitale, n’est pas particulièrement tenté de monter sur le pont si c’est pour y faire de la figuration.

Or, une coalition à quatre est difficile à mettre en place car il n’y a que trois mandats néerlandophones à distribuer au sein du gouvernement bruxellois. La piste de la création d’un poste de commissaire de gouvernement aux pouvoirs plus limités qu’un ministre n’a guère semblé le convaincre jusqu’ici.

Rédaction avec Belga  – Photo : Belga

■ Duplex d’Anaïs Corbin et Frédéric De Heneau