L’édito de Fabrice Grosfilley : une guerre si proche

La centrale nucléaire de Zaporijia déconnectée du réseau électrique. C’est probablement le fait du jour de la guerre en Ukraine. Il nous rappelle à quel point cette guerre est très proche de nous.

L’information est tombée aux alentours de 15h30 cet après-midi. La centrale de Zaaporijia n’est désormais plus connectée au reste du réseau électrique Ukrainien.  C’est l’opérateur ukrainien qui l’a annoncé. Un petit peu plus tôt, une agence de presse russe avait indiqué que les systèmes de sécurité avaient été enclenchés. Est-ce qu’il s’agit d’une simple déconnexion, ou est-ce que la production s’est brutalement arrêtée, à l’heure où j’écrivais cette chronique on n’a pas encore la réponse à ces questions.

Depuis plusieurs jours russes et ukrainiens s’accusent mutuellement de bombarder la centrale ou ses environs. Pour les Occidentaux, la faute en incomberait surtout aux russes, qui y stationneraient des véhicules et des munitions pour essayer d’échapper aux forces ukrainiennes. Coté russe, on accuse les Ukrainiens d’avoir tiré à plusieurs reprises sur ce site sensible.  L’idée d’une inspection par l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique est dans l’air, mais sa concrétisation se fait toujours attendre. Cela a l’air ballot mais une centrale déconnectée, c’est une centrale sans courant électrique. Dans l’incapacité par exemple de faire fonctionner les pompes à eau nécessaire au refroidissement des réacteurs. Le genre d’hypothèse qui nous fait froid dans le dos.

Cette alerte autour de la centrale n’est pas la seule information que nous devrions retenir de cette journée. Hier soir, alors que l’Ukraine commémorait l’anniversaire de son indépendance et que le Manneken Pis avait revêtu le costume national ukrainien, les forces russes bombardaient la gare de Tchaplyne, une localité du centre du pays. 25 morts dont deux enfants et 35 blessés. C’est le bilan fourni par les ukrainiens. Coté russe, on affirme qu’un seul missile a été tiré, qu’il a visé et atteint un train militaire faisant 200 victimes, uniquement des soldats. En temps de guerre, l’information s’efface derrière la propagande.

Autre information du jour : la décision de Vladimir Poutine de renforcer les effectifs de son armée, par décret. Une augmentation de 10%. L’armée russe comptera désormais 2 millions de membres, dont plus d’un million de soldats aptes à combattre. Ce n’est pas la mobilisation générale que les jeunes russes redoutent, mais c’est l’indication que le président russe se prépare à une guerre longue, et que la désescalade sur le front ukrainien aujourd’hui, ou sur d’autres théâtres d’opération demain, est une vue de l’esprit qui n’est pas partagée par Moscou.

On ne voudrait pas plomber l’ambiance. On ne veut non plus minimiser les problèmes de sécheresse ou de pouvoir d’achat qui nous occupent et qui sont bien réels.  On ne nie pas la violence bas de plafond des hooligans fussent-ils anderlechtois. On ne veut pas surtout pas s’enfermer dans le pessimisme à 3 jours de la rentrée scolaire. Mais on veut juste rappeler qu’entre Bruxelles et Zaporijia, il y a 2600 km. C’est 500 kilomètres de plus que la distance qui nous séparait de Tchernobyl. En voiture, c’est un trajet d’un peu plus de 24 heures. Pour un nuage radioactif, ça dépendra du vent.

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