De la colère à l’action, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la visite du roi Philippe en Roumanie aux côtés des troupes belges, le statut de candidat à l’Union européenne que la Commission accorde à l’Ukraine, mais également le débat sur l’abattage rituel ainsi que la vague de chaleur qui frappe le continent.
La colère du roi Philippe d’un côté, l’Union européenne qui ouvre ses portes de l’autre. Ce vendredi, c’est encore et toujours l’Ukraine qui mobilise une partie de notre attention.
Une partie seulement car ce vendredi l’actualité à commenter ne manque pas. Il y a le vote du Parlement bruxellois sur l’interdiction de l’abattage sans étourdissement. La séance plénière a confirmé, quelques minutes avant que je ne lise cet éditorial, le vote intervenu en commission. 42 députés s’opposent à la proposition qui voulaient interdire l’abattage sans étourdissement. 32 députés ont voté en sens inverse et 8 se sont abstenus. La législation bruxelloise ne changera donc pas, il sera toujours possible d’égorger des animaux sans étourdissement préalable. C’est la fin d’un long bras de fer qui a tendu les relations entre élus et aussi entre bruxellois pendant des mois. On verra dans les prochains jours quelles seront les conséquences de vote, les traces laissées sur les égos, es relations interpersonnelles, les animosités échangées. Qui a gagné, qui a perdu, l’analyse politique que les commentateurs en feront… on forme le vœu que le vivre ensemble ne soit pas le grand perdant.
Dans l’actualité, il y a aussi ces fortes chaleurs. 32 degrés annoncés aujourd’hui en Belgique. On relevait déjà plus de 28 degrés à 15h au laboratoire d’Uccle. Demain devrait être pire encore. J’emploie bien le mot pire et pas meilleur. Parce que cette vague de températures élevées n’est pas une bonne nouvelle. Le printemps, qui devient l’été, le phénomène va hélas se répéter, nous préviennent les climatologues. Et c’est en particulier dans les grandes villes comme à Bruxelles que cette élévation des températures est la plus difficile à supporter.
L’abattage sans étourdissement, le dérèglement climatique. Mais si on devait mettre un événement au sommet de nos préoccupations ce vendredi, ce serait encore et toujours la guerre en Ukraine. Parce qu’elle fait toujours des milliers de morts, pas dans 10 ou 20 ans, maintenant, à 2000 km d’ici. Que nous sommes impuissants dans notre volonté de l’arrêter. Que nous ne maîtrisons rien de ce que sera la suite de ce conflit, ses conséquences stratégiques, économiques, sans oublier le risque d’une crise alimentaire mondiale.
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Aux portes de l’Ukraine, le roi Philippe a rendu aujourd’hui visite aux militaires belges déployés en Roumanie dans le cadre d’une opération de surveillance des frontières initiée par l’OTAN. Dans une prise de parole assez courte, le Roi a fait part de son « énorme colère » vis-à-vis de l’agression russe. « Un État souverain a été brutalement attaqué, sous nos yeux, en violation flagrante du droit international ” a indiqué Philippe qui a émis le souhait d’une fin rapide des combats.
Dans le même temps, à Bruxelles, la Commission européenne a recommandé d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne. Il ne s’agit que d’une recommandation, il appartiendra aux chefs d’État de confirmer cette décision la semaine prochaine. Et ce statut de candidat n’est que le premier pas avant une entrée effective dans l’Union européenne. C’est surtout un signal de soutien envoyé à l’Ukraine et également à la Moldavie, l’indication que nous considérons qu’ils appartiennent à la même famille que nous.
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Ces deux moments, la colère exprimée par le roi Philippe, et la main tendue par la Commission, ce sont les deux faces d’une même pièce. Chacun dans son rôle, le Roi exprime une émotion au nom du peuple belge, la Commission trace une perspective pour le long terme. C’est ce que la politique permet de meilleur. Transformer nos colères, nos indignations, nos aspirations, en mouvement, en décision, en action concrète. Tendre la main et chercher une action collective par le biais de l’intégration. Et si c’est vrai pour l’Ukraine, y compris avec le risque que ça nous coûte économiquement très cher, cela devrait pouvoir l’être pour d’autres sujets.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley