Abattage rituel : retour sur les débats houleux du Parlement bruxellois

Ce vendredi, le parlement bruxellois a tranché : l’abattage sans étourdissement ne sera pas interdit. Retour sur les débats houleux liés à cette question qui divise.

En octobre dernier, c’est Bernard Clerfayt (DéFi), ministre bruxellois du Bien-être animal, qui met sur la table du gouvernement le sujet de l’obligation de l’étourdissement avant l’abattage. “Nul de nie qu’il y a une souffrance animale lors de l’abattage, qu’il existe des techniques simples pour éviter cette souffrance animale. Ce sont toutes les techniques d’étourdissement que l’on connait en Belgique et ailleurs. La question est de savoir dans quel contexte particulier, dans quelles modalités on peut réfléchir à cette question” affirmait Bernard Clerfayt à l’époque.

Mais le ministre du Bien-être animal n’est pas suivi par ses collègues, faute d’accord. Au parlement, certains ne renoncent pourtant pas. Un élu DéFi redépose le texte, avec deux élus néerlandophones. Très vite, on sent que la question crispe la majorité : Marc-Jean Ghyssels (PS) affirmait, sur le plateau de Versus, que cette mesure est “terriblement hypocrite“, face à Jonathan De Patoul (DéFI) qui lui rétorquait : “Où est l’hypocrisie ? On n’a pas le droit de mettre sur la table un texte qui concerne  70% des bruxellois qui souhaitent avoir cet étourdissement ?”

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Des auditions d’experts ont donc été menées. En commission, le texte obtient les “oui” de DéFi, du Mouvement Réformateur, de Groen et de la N-VA. Ce sera insuffisant cependant face au “non” du PS, du PTB et de Vooruit : “À Bruxelles, on a une population très diversifiée, et notre règle, c’est de pouvoir préserver cette cohabitation et cette cohésion sociale, (…) en respectant les habitudes culturelles” expliquait Isabelle Emmery, députée PS. Les Engagés et Ecolo, très divisés sur la question, se sont abstenus.

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Le camp du “Oui” persiste pourtant, et le texte suit son chemin jusqu’à la séance plénière de ce vendredi, pour que chaque député se prononce individuellement. Une pratique assez rare dans un monde politique où les accords sont généralement négociés par ailleurs.

Ce vendredi après-midi, 42 députés bruxellois ont voté pour le rejet de la proposition d’ordonnance sur l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, 38 ont voté contre ce rejet et 8 personnes se sont abstenues sur les 88 députés présents pour ce vote qualifié “d’historique” par le président du Parlement bruxellois Rachid Madrane (PS).

■ Reportage de Michel Geyer et Corinne De Beul.