La FEB pointe le retard du commerce en ligne belge face aux autres pays

La Fédération des Entreprises de Belgique révèle une étude sur le commerce en ligne et le bilan belge n’est pas bon, selon la fédération patronale.

Dans les colonnes du Soir, la FEB révèle les résultats d’une étude sur le secteur du commerce en ligne en Belgique. La Belgique serait à la traîne par rapport à ses grands voisins européens. La fédération patronale conclut cela après une analyse des chiffres de la valeur ajoutée du commerce, des transports et du secteur horeca en Belgique par rapport à ces mêmes valeurs aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.

Ainsi, selon la FEB, l’Allemagne et les Pays-Bas ont connu une progression de plus de 250% sur les ventes en ligne réalisées par des entreprises locales. Alors que cette hausse n’est que de 95% en Belgique. La fédération chiffre ce retard par rapport aux autres grands pays européens à une perte d’un milliard d’euros et de 6 000 emplois annuels entre 2012 et 2019.

En outre, des entreprises importantes ont réussi à prendre de l’ampleur chez nos voisins pour faire face au mastodonte américain Amazon. L’Allemagne compte Zalando, les Pays-Bas ont Bol.com alors que la France propose BackMarket ou Veepee, parmi les plus importantes entreprises de commerce en ligne.

Conditions de travail

La Fédération des Entreprises de Belgique explique cette différence par des prix moins attractifs sur les sites belges ainsi que des délais de livraison plus longs. Les coûts salariaux sont plus élevés de 15% en moyenne par rapport aux autres pays, dit la FEB, alors que pour le travail de nuit, les salaires sont plus élevés de 25 à 40% par rapport au travail de jour en Belgique, contre 3 à 5% plus élevés pour les Pays-Bas.

La fédération patronale revient donc à la charge concernant sa demande de réforme du marché du travail avec le souhait d’obtenir des assouplissements sur les conditions du travail de nuit entre 20h00 et minuit et la possibilité de lancer des expériences pilotes avec des travailleurs volontaires.

Les syndicats sont évidemment contre l’idée de cette réforme et demandent que ces propositions soient accompagnées d’un meilleur salaire et des protections pour la santé des travailleurs.

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1 440 euros en moyenne par an

Du côté des consommateurs belges, la demande autour du commerce en ligne est grande. Les volumes de vente sont en croissance permanente depuis 2008, avec bien sûr un pic plus marqué en 2020 suite à la pandémie de Covid-19. Ainsi, plus de 11 milliards d’euros ont été dépensés sur des sites de commerce belges en 2021. Et un achat sur cinq sur ces sites émanait de l’étranger.

En 2021, les Belges ont dépensé en moyenne 1 440 euros par an en ligne, soit près de 250 euros de plus qu’en 2020. Toutefois, ces ventes en ligne sont en chute libre ces derniers mois. On note une diminution de près de 20% des ventes sur les plateformes d’achat en ligne sur le dernier trimestre, la faute aux différentes crises qui touchent actuellement le monde, entre les suites de la pandémie et la guerre en Ukraine.

En 2021, 40 sites belges ont été signalés dans le Top 100 des sites de commerce en ligne les plus consultés. Le secteur national progresse donc chaque année, mais est encore jeune : 40% des magasins en ligne ont moins de cinq ans. Ceux-ci ont surtout été poussé vers le web suite à la pandémie de Covid-19 : l’association belge du commerce électronique SafeShops.be signale ainsi qu’on est passé de 20 000 à 56 000 boutiques belges en ligne en cinq ans.

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La crise va bousculer les PME

Il faut donc le temps que cela prenne. De nombreux indépendants voient un avantage dans ce lancement sur Internet, mais ils confirment également que cela demande un investissement parfois important. Souvent, le maintien du commerce physique en plus de l’installation du commerce en ligne signifie un partage de la clientèle et non forcément une augmentation claire.

Selon l’association belge du commerce électronique, les ventes réalisées dans les magasins belges sur Internet ont augmenté de 33% entre 2020 et 2021, mais comme évoqué plus tôt, la chute des ventes en ligne est importante sur ce dernier trimestre. Et cela risque de favoriser les grosses entreprises qui ont du crédit, comme Amazon ou Bol.com. Au grand dam des PME qui disposent d’un bas de laine moins important.

Grégory Ienco – Photo : illustration Belga