L’exemple vient d’en haut, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les erreurs commises par les dirigeants et les personnalités publiques lors de la crise sanitaire.
Une fois n’est pas coutume, c’est à Londres que je vais vous emmener pour cet éditorial. À Londres, plus précisément au Parlement, à la Chambre des communes, où le Premier ministre Boris Johnson vient de passer une très mauvaise journée. Brocardé, critiqué, et même lâché par une partie des parlementaires de sa majorité.
Si Boris Johnson est au centre de la tourmente, c’est en raison des règles Covid. On ne parle pas de la dureté, de l’efficacité des règles britanniques, du bilan de l’épidémie, ni de l’état déplorable des services de santé ou du respect de l’état de droit. On parle du respect des règles par le Premier ministre lui-même. Parce qu’il est désormais établi que le 20 mai 2020, en pleine première vague, le Premier ministre, Boris Johnson, a organisé une « Garden party » dans les jardins de sa résidence de fonction, Downing Street. Une centaine de personnes invitées et près de quarante personnes y auraient participé.
À l’époque, en Angleterre, les rassemblements de ce genre étaient strictement interdits. Les réunions étaient limitées à deux personnes en extérieur. Dans de nombreuses familles, on se souvient encore qu’on ne pouvait même pas se rendre à l’hôpital pour dire au revoir à un proche qui allait mourir. Shocking. Over shocking.
Devant les députés, Boris Johnson a évoqué une réunion de travail avec distanciation sociale, affirmant qu’il avait pensé que c’était techniquement autorisé. Comme le mail d’invitation suggérait d’amener ses bouteilles, on peut se permettre de douter de la robustesse de l’argumentation. Boris Johnson a d’ailleurs présenté ses excuses du fond du cœur et reconnu que c’était une erreur. Mais pour l’opposition, ces excuses sont insuffisantes. Elle l’accuse de mentir au peuple britannique et lui demande d’avoir la décence de démissionner.
Reconnaître des erreurs
C’est aussi la version du tennisman, Novak Djokovic, accusé d’avoir rempli des formulaires qui n’étaient pas corrects lors de son entrée sur le territoire australien. Ou encore la bourgmestre de Saint-Trond suspendue 6 mois pour avoir été vaccinée avec douze de ses proches alors qu’elle n’y avait pas encore droit. « J’ai commis une erreur de jugement » disait-elle quelques mois plus tard. Ou encore le « j’ai craqué à deux moments » de Jean-Marc Nollet, coprésident d’écolo, lorsqu’il reconnaissait qu’il n’avait pas toujours respecté la bulle de 1 et se disait prêt à payer une amende pour cela.
Tous ces exemples de petites ou de grandes entorses aux réglementations, nous interpellent. Pas parce qu’elles font la Une des journaux, car l’émotion médiatique et l’indignation populaire, ça monte très haut, puis ça redescend très vite. Mais plutôt parce que ceux qui sont chargés d’édicter les règles se doivent de montrer l’exemple. En démocratie, il n’y a pas une loi pour les manants et une autre pour les puissants. Quand on est à la tête d’un gouvernement, si on a le sentiment qu’une règle est trop dure à respecter ou qu’une mesure ne parait pas suffisamment fondée pour être respectée en toutes circonstances, c’est qu’on n’aurait pas dû la prendre. À ce jour au Royaume-Uni, le Covid-19 a fait 150.000 morts.
Édito par Fabrice Grosfilley