Risque-t-on une nouvelle vague à Bruxelles ? Ce biostatisticien le craint
Est-on au pied d’une nouvelle vague de coronavirus à Bruxelles ? Le biostatisticien Geert Molenberghs le craint.
Depuis plusieurs semaines, la nouvelle fait la une : la situation sanitaire est loin d’être optimale à Bruxelles, par rapport aux autres régions du pays. À tel point que, lors du dernier Comité de concertation, nos gouvernants ont pris la décision de mettre sur pause les assouplissements dans la capitale.
La veille de ce comité de concertation, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), invité sur le plateau du 18h, s’inquiétait également de la situation à Bruxelles : “C’est une vraie course entre, d’un côté le virus, et de l’autre côté la vaccination, qui est la seule vraie solution. C’est une course qu’on peut gagner, mais à Bruxelles on risque de la perdre“.
► Interview | Frank Vandenbroucke : “Dans ce contexte, impossible de procéder à des assouplissements à Bruxelles” (19/08/2021)
Alors, face à cette situation, doit-on craindre une quatrième vague de contaminations, puis d’hospitalisations dans la capitale ? Invité sur le plateau de “C’est pas tous les jours dimanche“, sur RTL-TVI ce dimanche, le biostatisticien Geert Molenberghs (UHasselt et KULeuven), par ailleurs membre du groupe d’experts GEMS, craint que tous les ingrédients propices à une nouvelle vague ne soient réunis à Bruxelles.
“À Bruxelles, pour le moment, il y a des signes : il y a beaucoup plus de patients en soins intensifs (qui peuvent désormais être transférés vers la Wallonie et la Flandre) […] ; cela se voit aussi dans les eaux usées, surtout dans le Nord de Bruxelles où l’on voit une croissance énorme du virus ; et puis on sait aussi qu’à Bruxelles, beaucoup plus que dans les autres régions, il y a des gens qui arrivent de l’étranger, que ce soient des Belges de retour de vacances ou des visiteurs. Ils sont deux fois plus qu’en Wallonie et en Flandre. C’est le cocktail qui peut faire démarrer une vague“, a notamment expliqué Geert Molenberghs.
Trois indicateurs
Décryptons les trois indicateurs présentés par le biostatisticien, dans son exposé sur le plateau de nos confrères.
La situation aux soins intensifs
Geert Molenberghs parle d’abord des soins intensifs : à Bruxelles, le 26 août (dernier relevé de Sciensano), 68 patients sont soignés dans des unités intensives, soit autant que le 7 mars 2021, au début de la troisième vague. Parmi eux, 37 patients étaient sous ventilation ce jeudi, un chiffre proche de celui qu’on pouvait trouver également au début du mois de mars.
Du côté des hôpitaux, on alertait d’ailleurs depuis plusieurs jours sur une nécessité d’autoriser des transferts entre les établissements bruxellois et ceux des autres pays. Rejoint par le Comité Hospital & Transport Surge Capacity dans cette semaine, les hôpitaux bruxellois ont finalement obtenu ce feu vert ce dimanche, et les premiers transferts pourront être effectués dès ce lundi.
► Article | Hôpitaux bruxellois : feu vert pour le transfert de patients Covid vers d’autres régions
L’analyse des eaux usées
Dans sa prise de parole, Geert Molenberghs évoque également l’analyse des eaux usées. Depuis peu, ces données sont également disponibles en libre accès sur le site de Sciensano. Ainsi, les eaux usées sont analysées dans les deux stations d’épuration de la capitale, au Nord et au Sud de Bruxelles.
Pour la station d’épuration de Bruxelles-Nord, on voit une nette hausse de la courbe de la concentration en ARN du coronavirus dans les eaux, depuis mi-août. Ainsi, de 700 copies du gène par millilitre, environ, au cours du mois de juillet, on était à 3.591,1 copies/mL le 24 août.
La situation est moins flagrante à la station d’épuration du Sud de Bruxelles, où une hausse est effectivement bien visible entre la fin juillet et le milieu du mois d’août, mais où depuis la courbe est plus stationnaire (1.664,1 copies du gène/mL le 9 août, contre 1.821 copies le 25 août).
Les retours de voyage
Le dernier élément avancé par le biostatisticien est celui des retours de voyages, qu’il indique plus nombreux à Bruxelles que dans les autres régions.
ArBr – Photos : Belga (archives)