L’AstraZeneca réservé aux personnes de 56 ans et plus durant les quatre prochaines semaines

Le vaccin AstraZeneca ne sera plus inoculé qu’aux personnes âgées de 56 ans et plus au cours du mois prochain. Ainsi en ont décidé mercredi les ministres de la Santé réunis en Conférence interministérielle, à la suite du nouvel avis rendu par l’Agence européenne du médicament (EMA).

Cette dernière avait proposé plus tôt dans la journée de répertorier, parmi les effets secondaires “très rares” du vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca, des caillots sanguins inhabituels liés à un faible taux de plaquettes sanguines.

Vu l’extrême rareté de cette combinaison, les bénéfices globaux du vaccin dans la prévention du Covid-19 l’emportent toujours sur les risques d’effets secondaires, ajoutait le régulateur européen des médicaments, au terme d’une évaluation fort attendue de son comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC).

► Voir aussi : La vaccination des patients atteints de comorbidités a commencé

En tout cas, pour l’immunobiologiste de l’ULB, Muriel Moser, la Belgique a été prudente et a bien fait de prendre cette décision. Même si les cas sont très rares (1 pour 100.000) pour ce type de thrombose, le rapport bénéfices risques penche vers la prudence. Comme les personnes de moins de 55 ans ont moins de risque d’être hospitalisées pour un cas de covid, on peut se permettre de prendre le temps de vérifier les hypothèses.

Pour le moment, on ne sait pas pourquoi ces cas se produisent. Il pourrait s’agir d’une réaction immunitaire très forte mais il faut des études plus poussées pour en être certain.

En tout cas, la décision belge est prise pour les quatre prochaines semaines. Ce laps de temps va permettre à la Belgique d’attendre les résultats de plusieurs recherches dont des britanniques. En effet, le Royaume-Uni qui a massivement vacciné avec AstraZeneca passe déjà dans les injections de la deuxième dose. Alors selon les études, les effets secondaires sont plus présents avec ce vaccin lors de la première dose mais là, l’hypothèse va pouvoir être vérifiée. Et puis, il y a une seconde étude qui porte aussi sur le mélange possible des vaccins. Si une première dose d’AstraZeneca a été faite, est-ce que la seconde peut être réalisée avec Pfizer ou Moderna? Selon Muriel Moser, il n’y aurait pas de contre-indication car à chaque fois, c’est une réaction immunitaire à la protéine Spike qui est engendrée.

Pas d’impact pour Bruxelles

Ce changement dans la stratégie n’aura que peu d’effet sur les vaccinations dans la capitale. En effet, pour le moment, ce sont les personnes de plus de 63 ans qui sont vaccinées et les personnes souffrant de comorbidités de plus de 59 ans. Et les stocks sont suffisants pour que tout se déroule sans problème.

Quant aux personnes qui ont déjà reçu une première dose avec AstraZeneca, leur seconde n’est prévue que pour la mi-mai donc d’ici-là, la décision définitive de la Belgique aura été prise.

■ Interview de Muriel Moser, immunobiologiste à l’ULB, et Fatima Boudjaoui, porte-parole covid de la Cocom, par Vanessa Lhuillier