Procès de l’attentat du Musée juif : “Nous avons bien un auteur principal, Nemmouche, et un complice, Bendrer”

Les procureurs Bernard Michel et Yves Moreau ont poursuivi ce mardi leur réquisitoire à l’encontre des accusés du procès de l’attentat du Musée juif de Belgique, Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer.

Les procureurs fédéraux ont déjà souligné les 23 éléments qui attestent selon eux de la culpabilité de Mehdi Nemmouche, accusé devant la cour d’assises de Bruxelles d’un quadruple assassinat à caractère terroriste au Musée juif de Belgique, et a pointé la faiblesse des huit arguments avancés par sa défense. Ils ont également estimé que Nacer Bendrer devait être déclaré complice des quatre assassinats à caractère terroriste commis au Musée juif de Belgique le 24 mai 2014, et non co-auteur. En d’autres termes, selon l’accusation, Nacer Bendrer a fourni une aide “accessoire” et non une aide “importante” à la commission des faits.

“Mehdi Nemmouche se tait dans toutes les langues depuis des années. Mais le 7 février dernier, son avocat reconnaît que son client est radicalisé et qu’il s’est rendu en Syrie. Et on nous lâche ça en fin d’audience, entre la soupe et les patates !“, a pour sa part lancé le procureur fédéral Bernard Michel. Selon lui, Mehdi Nemmouche est même “archi-radicalisé”, et depuis longtemps. “Dans sa jeunesse, il justifiait déjà la lapidation d’une femme adultère. A sa sortie de prison, il ne va pas chez sa grand-mère à laquelle il tient soi-disant tant, non. Il va à la mosquée. Chez son ami Hassani, il refuse de manger en présence d’une femme…”, a-t-il énuméré, ajoutant qu’il s’était présenté à ses otages en Syrie comme “un criminel devenu un nettoyeur ethnique”. “En réalité, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi radicalisé que lui.” Le procureur fédéral était précédemment revenu sur les éléments qui prouvent qu’il s’agit bien d’assassinats à caractère terroriste.

Bendrer, “ce n’est pas le gendre idéal”

Les procureurs ont ensuite évoqué Nacer Bendrer. Si Mehdi Nemmouche est le principal responsable des faits, Nacer Bendrer est le complice qui lui a fourni les deux armes utilisées lors de la tuerie, a résumé Bernard Michel. Ce dernier “a donné, depuis le début du procès, une bonne image de lui, poli, souriant”, a reconnu le procureur. “Mais ce n’est pas le gendre idéal. Il n’a pas fait grand-chose à part des actes délictueux, il est abonné aux tribunaux, il multiplie les condamnations depuis le début de son parcours de vie”. Et ces condamnations, qui vont “crescendo”, comprennent notamment l’utilisation de kalachnikov, a relevé M. Michel. “C’est un caïd du milieu marseillais, on est sur du ‘bon bandit’ ancré dans la violence.”

Pourquoi Mehdi Nemmouche se tourne-t-il vers Nacer Bendrer au printemps 2014 ?, a interrogé le procureur. “Ils ne se sont plus vus depuis trois ans, mais Mehdi Nemmouche est seul, il n’a plus aucun contact après la prison puis la Syrie, et son seul ami est en détention. Il pense à ses collègues Nacer Bendrer et Mounir Attallah. A partir du premier contact avec ce dernier le 9 avril, il ne les a plus lâchés, la machine est lancée”, a insisté Bernard Michel. Il souligne encore les mensonges de l’accusé dans ses auditions, et affirme que Nacer Bendrer a eu affaire avec des trafics d’armes par le passé, et qu’il a donc baigné dans ce monde.

Leur réquisitoire se termine ce mardi, avant que la parole soit donnée à la défense de Mehdi Nemmouche jeudi, puis celle de Nacer Bendrer vendredi.

■ Reportage de Michel Geyer et Camille Dequeker.

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15h17 – Fin du réquisitoire

Le procureur fédéral a terminé son réquisitoire sur ces remarques. L’audience reprendra ce jeudi dès 9h00, avec la défense de Mehdi Nemmouche qui annonce une plaidoirie de près de six heures.

15h15 – Infractions

Le procureur termine en évoquant les infractions au sujet des armes utilisées dans cette fusillade. Des détails importants pour le jury, qui va devoir trancher sur de nombreuses questions, au-delà de la culpabilité des deux accusés dans cette affaire.

Il conclut ensuite en revenant sur chaque élément évoqué durant ce réquisitoire. “Je sais que c’est long, mais cette longueur se justifie par le fait que ce dossier est dramatique. Il fallait au bout des choses, tout en restant objectif”, explique encore Bernard Michel. “J’espère vous avoir convaincu que quand on est procureur en Belgique, on ne veut pas couper des têtes. On veut juste que la justice soit rendue”, lance le procureur, en référence à Me Courtoy, conseil de Mehdi Nemmouche, qui avait accusé les procureurs de se balader avec une guillotine sous le bras.

“Nous sommes tous les deux convaincus que ces deux hommes ont bien commis les actes qu’on leur reproche”, ajoute encore le procureur. “Je ne doute pas que la défense va tenter d’insinuer le doute et tenter d’affirmer que nous avons omis ceci ou cela. Mais nous voulons vous rappeler que nous n’avons aucun intérêt personnel dans cette affaire. Et qu’un bon juge se doit de travailler avec ses bons outils : la rigueur, la critique, l’objectivité…”

15h05 – “Complice”

Le procureur estime que Nacer Bendrer doit être reconnu comme coupable de complicité dans cette affaire. “C’est pour cela qu’il est dans ce box des accusés”, explique-t-il. “Sans le moindre doute raisonnable, vous pourrez répondre oui à toutes les questions concernant ces quatre assassinats à caractère terroriste”. Le procureur rappelle donc qu’il est coupable de complicité, et non en qualité de co-auteur. “Nous avons bien un auteur principal, Mehdi Nemmouche, et un complice, Nacer Bendrer”.

14h59 – Complice

Le procureur se demande désormais si Nacer Bendrer savait que les armes fournies allaient servir à ces assassinats à caractère terroriste. L’accusé a en effet toujours nié, et explique notamment que dans la vente d’armes à la sauvette, “le vendeur ne demande pas à quoi ces armes peuvent servir”. Le procureur affirme que Nacer Bendrer est formaté à dire qu’il “ne veut pas savoir” à quoi les armes qu’il peut garder ou fournir peuvent servir. “‘Je ne savais pas donc je ne suis pas coupable’, nous dit-il. Mais ce raisonnement a été réfuté plusieurs fois, avant son renvoi en cour d’assises”, explique le procureur.

“Mais Nacer Bendrer savait que Nemmouche s’était radicalisé”, ajoute-t-il.

14h52 – Kalachnikov

“Même si vous ne pouvez pas relier Nacer Bendrer au revolver, mais seulement à la Kalachnikov, cela suffit de le déclarer coupable de complicité dans ces quatre assassinats à caractère terroriste”, explique le procureur. “Mais tous les éléments de ce dossier nous amènent à la conclusion que Nacer Bendrer a fourni les deux armes utilisées dans la fusillade de Mehdi Nemmouche au Musée juif”, conclut-il à ce sujet.

14h49 – Les armes

Le procureur signale qu’à aucun moment, Mehdi Nemmouche n’a demandé une autre arme qu’une Kalachnikov à Nacer Bendrer. Le procureur se demande donc si le revolver retrouvé sur Nemmouche a été aussi livré par Nacer Bendrer. Il estime qu’on peut lier cette arme à Bendrer : il explique que l’accusé est “habitué à mentir, même sur des bêtises” et revient sur le fait que Mehdi Nemmouche n’a eu aucun autre contact que Bendrer durant les semaines précédant les faits selon l’enquête. Le procureur explique également que le revolver a été acheté sous une fausse identité à la frontière franco- espagnole, en même temps qu’un Glock, “retrouvé dans le sud de la France, non loin de Marseille, dans une histoire de règlement de compte”. “Ce n’est pas Nacer Bendrer qui a utilisé ce Glock en 2010, vu que ce dernier se trouvait en prison à ce moment-là, mais le plus important, c’est que ce Glock se trouvait dans la région marseillaise”, dit-il. “On peut raisonnablement penser que Nacer Bendrer n’a pas seulement fourni la Kalachnikov, mais aussi le revolver P38”.

14h41 – Nice

Le procureur veut discréditer la théorie de la défense de Nacer Bendrer selon laquelle Mehdi Nemmouche a été à Nice en avril 2014 pour aller y chercher des armes. Il se demande notamment l’intérêt de Mehdi Nemmouche d’aller à Marseille avant de se rendre éventuellement à Nice. Et il indique qu’aucune référence à Nice n’a été faite dans le dossier, si ce n’est lors d’une audition de Mounir Attalah, qui y fait référence pour une visite en mai. Sans autre preuve.

Le procureur se demande également pourquoi Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche ont eu autant de contacts téléphoniques au mois d’avril 2014.

Du côté des avocats de Nacer Bendrer, on rigole et on note. Nacer Bendrer arbore également un léger sourire.

14h30 – Un seul contact

“Deux choses achèvent de me convaincre que Nacer Bendrer a bien fourni les armes à Mehdi Nemmouche”, dit le procureur. Selon lui, Nacer Bendrer a également fourni de l’argent à Mehdi Nemmouche, ce qui lui a permis d’acheter un ordinateur et des chaussures de marque Calvin Klein juste après son retour de Marseille. “Il n’a pas acheté des chaussures bon marché. Et pour son ordinateur, il a sorti un billet de 200 euros. C’est curieux alors qu’on a retrouvé que 10 euros sur lui à Marseille…”

Le procureur signale encore que l’enquête a montré que Mehdi Nemmouche n’a eu de contact avec personne durant les deux mois précédant la fusillade, si ce n’est avec Nacer Bendrer.

14h27 – Contacts

Le procureur revient encore sur la téléphonie entre Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche et évoque les contacts entre les deux hommes à Marseille. “Ils étaient bien plus nombreux que ce que Nacer Bendrer a voulu nous faire croire”, affirme Bernard Michel. “Ce sont clairement des mensonges, encore une fois. (…) Personne ne ment sans raison. Parce que Bendrer ne veut pas qu’on sache qu’il a trouvé la Kalachnikov, et que la commande de Mehdi Nemmouche était prête. Et on peut ajouter qu’il ne s’agissait pas d’une vente mais d’un prêt. C’est Karim Friga qui le dit : ‘Ce type d’arme, on ne les vend pas car elles peuvent prendre de la valeur'”. Selon le procureur, c’est pour cela que Nemmouche est retourné à Marseille, avec les armes, cinq jours plus tard.

14h15 – L’audience reprend

Place à la fin du réquisitoire du ministère public, qui va dévoiler ses derniers arguments au sujet de Nacer Bendrer et proposer la conclusion.

11h53 – Pause

Le procureur propose une pause. L’audience reprendra donc à 14h00 pour la fin du réquisitoire.

11h51 – “Tout était organisé”

Le procureur demande aux jurés de se poser deux questions : “Demandez-vous sur quoi ces appels ont porté. Ces discussions ont dû tourner autour des armes que Mehdi Nemmouche voulaient avoir. Et pourquoi, au terme de ces nombreux appels, Mehdi Nemmouche s’est-il mis en route pour Marseille ? Certainement car Mehdi Nemmouche a appris que sa commande était prête. C’est la seule réponse logique. (…) Il est évident que tout avait été organisé concernant ce voyage de Mehdi Nemmouche à Marseille”.

11h47 – Appartement à Molenbeek

“On est d’accord que la téléphonie n’est pas une science exacte, mais la téléphonie est confirmée par un autre élément du dossier, soit l’audition du propriétaire de l’appartement de la rue Saint-Joseph à Molenbeek. Il dit : ‘Peu avant la fin du mois d’avril, Mehdi (Nemmouche) est venu me trouver et m’a dit que son père était gravement malade et qu’il devait aller en France. (…) Comme je n’habite pas là-bas, je ne peux pas vous dire combien de temps il est parti et quand il est revenu’. En réalité, Mehdi Nemmouche est parti le 22 ou le 23 avril, soit dans la foulée d’un appel avec Nacer Bendrer”, explique le procureur. “Mehdi Nemmouche avait aussi payé le loyer de mai 2014 pour cet appartement à Molenbeek. Cela veut dire qu’il savait qu’il allait revenir”.

11h37 – Harcelé ?

Le procureur rappelle que Nacer Bendrer n’a évoqué que lors de sa neuvième audition que Mehdi Nemmouche lui a demandé, à Bruxelles, une Kalachnikov. “Sa copine nous a même dit qu’elle n’avait pas remarqué que Nacer Bendrer avait un autre comportement à son retour de Bruxelles. Pour lui, chercher une glace ou une Kalachnikov, c’est la même chose”, ironise le procureur, qui pointe encore d’autres “mensonges” de l’accusé.

Le procureur revient sur le fait que Mehdi Nemmouche l’aurait “harcelé” avec ses nombreux coups de téléphone. “Pourquoi Nacer Bendrer n’a-t-il pas mis les deux numéros que Mehdi Nemmouche connaissait à la poubelle ? Il n’aurait alors plus eu de contact avec Mehdi Nemmouche”, explique-t-il. Il évoque les 90 contacts entre Nemmouche et Bendrer entre le 12 et le 24 avril (parfois très brefs, parfois des SMS), dont certains ont duré plusieurs minutes et parfois au milieu de la nuit. Avec également des changements de numéros.

11h30 – “Pas un trafic de stupéfiants”

Le procureur rappelle que la compagne de Nacer Bendrer a acheté, dans cette même soirée du 9 avril 2014, un ticket de train Marseille-Bruxelles pour le lendemain matin, ticket utilisé par Nacer Bendrer. “On arrive à un double constat : cela a été très très vite entre les coups de téléphone et l’achat du ticket de train, alors que ces deux personnes ne s’étaient plus vues depuis près de trois ans; et l’explication de Bendrer selon laquelle cela concernait un trafic de stupéfiants ne tient pas du tout la route”, affirme le procureur. “Cela ne tient pas la route car Nacer Bendrer a rappelé devant cette cour qu’il ne fait pas dans les stupéfiants. Les enquêteurs l’ont aussi confirmé : il n’est pas connu pour des faits de stupéfiants”.

11h25 – Téléphonie de guerre

Le tout premier contact téléphonique entre Nemmouch et Bendrer, le 9 avril 2014 à 21h04, a duré près de deux minutes. Puis trente secondes plus tard, place au deuxième coup de fil entre Nemmouche et Bendrer, entre le numéro de Nemmouche et le numéro de la mère de Bendrer. “La défense de Bendrer vous dira peut-être que cela est dû à un problème de batterie. Mais le numéro de Bendrer sera encore utilisé tout au long de la soirée”, affirme le procureur, selon le témoignage des enquêteurs.

 

11h20 – “Il ment comme un arracheur de dents”

Le procureur fédéral explique que Nacer Bendrer change souvent de versions concernant son arrestation à Ceyreste, ses voyages en Belgique et l’enquête sur la fusillade du Musée juif. “Nacer Bendrer ment comme un arracheur de dents et change de version lorsqu’il ne peut plus rien faire d’autre”, clame Bernard Michel.

Le procureur veut ensuite évoquer la “téléphonie”, ce fameux pan du dossier qui montre les contacts téléphoniques entre Nacer Bendrer, Mounir Attalah et Mehdi Nemmouche.

11h15 – “Mensonges”

Le procureur fédéral Bernard Michel revient à nouveau sur les liens entre Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche. Il estime encore que Bendrer a menti aux enquêteurs dès le début en affirmant qu’il ne connaissait pas Mehdi Nemmouche. “S’il n’avait pas fourni d’armes, je ne vois pas ce qui l’empêchait de dire la vérité au lieu de tourner autour du pot”, estime le procureur. Il évoque ensuite les “mensonges par omission” de Nacer Bendrer, notamment concernant ses voyages à l’étranger ou sa connaissance des armes.

10h48 – Audience suspendue

Le procureur estime que ces arguments confirment que “oui, Mehdi Nemmouche a bien frappé à la bonne porte” en s’adressant à Nacer Bendrer pour lui fournir des armes.

L’audience est suspendue pour un quart d’heure.

10h42 – Les armes

Le procureur revient également sur la plainte lancée par Kamel Friga à l’encontre de Mehdi Nemmouche pour “tentative d’extorsion”, de près de 100.000 euros. La plainte montre notamment que Bendrer a été chez Kamel Friga en avril 2017 et lui aurait parlé d’une Kalachnikov du même type que celle de la fusillade du Musée juif. “Cela prouve que même après avoir fait deux ans de préventive en Belgique et malgré le fait qu’il est sous contrôle judiciaire en France, Nacer Bendrer continue de faire dans les armes”, affirme le procureur. “Quand Nacer Bendrer dit qu’il ne fait pas dans les armes, il est encore moins crédible qu’avant la plainte de Kamel Friga”, ajoute-t-il.

10h37 – “Mensonge”

Le procureur rappelle que Nacer Bendrer a touché toutes les armes qui ont été retrouvées lors de son arrestation le 9 décembre 2014 à Ceyreste. “Il est retrouvé en possession d’un arsenal de guerre (…) et ses explications sont toutes fausses du début à la fin”, clame le procureur. Il s’interroge également sur “le mensonge” de Nacer Bendrer, sur le fait que la porte de l’appartement de Ceyreste était “ouverte” alors que les enquêteurs français ont confirmé qu’ils ont eu besoin de deux béliers pour enfoncer la porte.

10h29 – Bendrer et ses liens

Le procureur fédéral balaie l’argument selon lequel Mehdi Nemmouche aurait pu trouver une arme “au coin de la rue” à Molenbeek, au lieu d’aller jusque Marseille. “Cela ne se passe pas comme ça dans la réalité”, dit-il. “Il fallait que Mehdi Nemmouche fasse confiance à des connaissances. C’est pour cela qu’il s’est tourné vers Marseille”.

Bernard Michel revient sur le cas de Nacer Bendrer et sur les arguments qui montreraient sa culpabilité dans ce dossier. Il revient notamment sur ses liens avec des personnes connues pour des trafics d’armes ou des faits graves de délinquance, comme Johan Perrin, ou les Friga.

10h20 – Bendrer et Nemmouche

Le procureur estime que Mehdi Nemmouche a appelé Nacer Bendrer car il était “coupé du monde” depuis sa sortie en prison. “Qui va pouvoir l’aider et lui fournir des armes ?”, demande le procureur. “Imed Hassani ? C’est possible, on sait que Mehdi Nemmouche est allé chez lui avant son départ en Syrie. Mais il n’a pas pu obtenir l’aide d’Imed Hassani vu qu’il était détenu par la suite. Il restait donc Mounir Attalah et Nacer Bendrer”.

“Certes, il manque une pièce au puzzle : on ne sait pas comment Mehdi Nemmouche a eu le numéro de Mounir Attalah. Et alors ? Ce n’est pas important. L’important est de savoir que Mehdi Nemmouche a eu ce numéro et l’a appelé”, explique le procureur. “Ne tombez pas dans le pièce de la défense de Nacer Bendrer qui vous pose des questions dont les réponses n’ont pas d’importance”.

10h12 – “Bendrer était aussi radicalisé”

Le procureur rappelle les liens entre Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, et notamment leurs rencontres en prison. “Ils ont dû parler de leur passé en prison, et de la religion”, explique le procureur. “Quand Nacer Bendrer rencontre Mehdi Nemmouche, cela fait deux ans que ce dernier vit sa religion d’une manière de plus en plus radicale. Et on sait en prime que Mehdi Nemmouche était un leader, par rapport à Nacer Bendrer considéré comme un suiveur, selon leurs gardiens de prison. On voit aussi qu’ils sont tous les deux montés en puissance dans l’islam radical”, rapporte le procureur. “Bendrer était aussi radicalisé !”, précise-t-il encore.

10h08 – “Le gendre idéal ?”

Le procureur évoque la personnalité et l’histoire de Nacer Bendrer. “À en croire ses proches, c’est le gendre idéal. (…) Même à l’audience, il a montré une belle image de lui. Mais les apparences sont parfois trompeuses. (…) Le dossier révèle que Nacer Bendrer n’a pas fait grand-chose de sa vie, sinon s’adonner à des faits de délinquance”, estime le procureur. Il revient sur les peines qu’il a encourues en France, et précise qu’il s’agit de “peines de plus en plus lourdes”.

10h02 – “Complice”

Le procureur fédéral passe désormais à Nacer Bendrer. Il considère que Mehdi Nemmouche est l’auteur principal, “le principal responsable” de ces assassinats. Le procureur estime que Nacer Bendrer doit être considéré comme “complice” et non comme “co-auteur” vu qu’il n’a pas apporté une “aide importante” à Mehdi Nemmouche et qu’il ne savait pas à quoi ces armes allaient servir. “Il est complice pour avoir fourni les deux armes à l’auteur”, ajoute-t-il.

9h55 – Revendications

Le procureur Bernard Michel estime notamment que les vidéos de revendication retrouvées sur Mehdi Nemmouche confirment le caractère terroriste de ces faits. Il explique également que l’OCAM est passé en alerte terroriste niveau 4, le plus haut niveau d’alerte en Belgique.

Il ajoute encore que des spécialistes ont confirmé durant ce procès que l’État Islamique (EI) ne revendiquait pas encore les actes terroristes, ce qui peut expliquer le fait que l’EI n’a pas revendiqué cette attaque du Musée juif.

9h48 – Radicalisé

Le procureur revient sur la personnalité de Mehdi Nemmouche et s’étonne notamment de la confirmation par la défense de l’accusé que ce dernier s’est bien radicalisé et est allé en Syrie. “Mehdi Nemmouche n’est pas radicalisé. Il est archi-radicalisé depuis longtemps. Et on le voit à travers tout le dossier”, renchérit le procureur. “J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi radicalisé que lui. Et je n’ai même pas encore parlé de sa haine des juifs. C’est quand même lui qui les compare aux nazis”, dit-il encore.

9h44 – Caractère terroriste

Le procureur fédéral revient sur le caractère terroriste de ces assassinats et réfute une nouvelle fois la défense de Mehdi Nemmouche selon laquelle ces assassinats seraient en fait un complot du Mossad, les services secrets israéliens. “En s’attaquant au Musée juif, Mehdi Nemmouche savait qu’il attaquait la communauté juive en particulier, mais aussi la population belge”, clame le procureur, qui affirme encore qu’il voulait s’attaquer à un symbole, ce qui confirme le caractère terroriste de la fusillade.

9h36 – Identités

“Mehdi Nemmouche savait qu’il allait tuer mais il ne savait pas qui il allait tuer. Mais cela n’a pas d’importance”, estime le procureur, qui explique qu’un assassinat, donc un meurtre avec préméditation, peut être considéré comme tel même si le tueur ne connaissait pas la victime.

“Pour Mehdi Nemmouche, l’identité des victimes n’était pas importante. Mais son but, c’était qu’il y ait des victimes”, lance le procureur.

9h34 – “L’intention de tuer”

Le procureur fédéral rappelle ce qu’est un assassinat à caractère terroriste, et affirme que les quatre victimes (Emanuel et Miriam Riva, Dominique Sabrier et Alexandre Strens) ont été tuées avec préméditation. “Il y avait une intention de tuer. On le voit par la vitesse d’exécution de l’auteur et par le fait que les victimes ont été tuées de balles dans la tête”, dit-il. “C’est une évidence que ces meurtres ont été prémédités. Les images des faits le prouvent : le tireur avait préparé ses armes, chargées. Il ne montre aucune hésitation. (…) Et puis, regardez le choix des armes : il n’a pas pris un couteau de cuisine, mais une Kalachnikov et un revolver. Il partait à la guerre, il était prêt au carnage”.

Il affirme également que la préméditation est prouvée par le coup de téléphone de Mehdi Nemmouche à Nacer Bendrer pour que ce dernier lui trouve une Kalachnikov, un mois et demi avant les faits. “Il a fait 1000 km pour aller chercher ces armes. Il savait très bien ce qu’il voulait faire avec”, estime le procureur.

La caméra GoPro collée sur la veste bleue est également une preuve de la préméditation de cet acte, estime encore le procureur, qui ajoute qu’une autre preuve est “le repérage du 23 mai (2014), 24 heures avant les faits”.

9h25 – Le réquisitoire continue

Le procureur Bernard Michel prend la parole ce mardi matin pour poursuivre le réquisitoire du ministère public. Il va poursuivre le réquisitoire autour des infractions commises selon eux par Mehdi Nemmouche, et le caractère terroriste de ces assassinats.

Grégory Ienco avec Belga – Photos : Belga

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26 février 2019 - 20h00
Modifié le 27 février 2019 - 07h58