Lutte contre le narcotrafic : “il est urgent de reprendre le terrain”

Ces derniers jours, Bruxelles a été secouée par une vague de violences liées au trafic de drogue. Trois fusillades en trois nuits ont mis en lumière l’intensification d’une guerre de territoire entre organisations criminelles.

Ine Van Wymersch, commissaire nationale aux drogues, a confirmé la gravité de la situation et plaidé pour une riposte multidimensionnelle.

” Le fait que les organisations criminelles gagnent autant d’argent avec la vente de stupéfiants, ça fait qu’ils peuvent se permettre d’acheter des armes et de trouver des gens qui vont intimider et liquider à leur place.” affirme-t-elle.

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Face à cette escalade, elle insiste sur la nécessité de “reprendre le terrain” sans tarder. Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’augmenter la présence policière, mais aussi de mobiliser des éducateurs et travailleurs sociaux pour restaurer le tissu social des quartiers les plus touchés.

Une des solutions clés avancées est la confiscation des biens issus du crime organisé.

“Nous avons ce matin reçu un mandat des ministres de la Justice et de l’Intérieur pour élaborer tout un système de récupération des biens criminels et de réattribution de ces biens à la lutte contre le crime organisé. Ça c’est un réel levier” lance Van Wymersch. “En 2022, nous avons récupéré 40 millions d’euros uniquement sur des affaires liées à la drogue. Ces fonds pourraient être utilisés pour renforcer la sécurité et améliorer les conditions de vie dans les quartiers vulnérables.”

La commissaire insiste également sur la nécessité d’une réponse transversale. “Les riverains demandent plus que des forces de l’ordre. Il faut réinvestir dans la qualité des logements, lutter contre le chômage et la pauvreté.” Selon elle, la seule présence policière ne suffira pas à apporter une solution durable.

Un autre enjeu majeur est le rôle du milieu carcéral. “Il faut empêcher que les criminels poursuivent leurs activités depuis la prison”, souligne Van Wymersch.

Interrogée sur une possible transformation de la Belgique en narco-État, Ine Van Wymersch reste prudente. “Nous n’avons pas encore une image globale de l’impact du crime organisé sur l’économie et la société. Une analyse interdisciplinaire est indispensable pour mieux comprendre l’étendue du phénomène.”

Face à cette crise, l’approche préconisée par la commissaire est claire : à côté d’une répression ciblée, il est essentiel d’agir sur les causes profondes du phénomène et d’impliquer plusieurs départements pour entretenir une paix durable dans les quartiers touchés.