Schaerbeek : des dysfonctionnements à l’école La Vertu

Professeurs absents, pas de direction, enseignants non écoutés, manque de vision sur le long terme sont les principales remarques qui nous parviennent de l’école islamique la Vertu à Schaerbeek. Située chaussée d’Haecht, elle est la seule école de confession musulmane de Bruxelles gérée par le pouvoir organisateur ECIB (enseignement confessionnel islamique de Belgique). Si pour la Fédération Wallonie-Bruxelles rien ne semble inquiétant, du côté des syndicats, la sonnette d’alarme a été tirée depuis longtemps.

En septembre 2015, la Vertu ouvre une section secondaire afin de donner la possibilité à ses élèves venant du primaire de poursuivre leur formation dans l’enseignement islamique. Après avoir réussi le parcours de l’agrément indispensable pour être reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Vertu peut ouvrir niveau par niveau. Aujourd’hui, il manque encore la 6e secondaire. Mais ce qu’il manque principalement ce sont des professeurs.

En 2018, les enseignants écrivaient déjà leur mécontentement au PO (pouvoir organisateur). Au niveau du primaire, les locaux devenaient trop petits, aucune gestion ne semblait planifiée sur le long terme et surtout, aucun dispositif de sécurité n’avait été mis en place. Pour les enseignants, on pouvait entrer dans l’école comme dans un moulin. Au niveau du secondaire, l’option sciences pouvait être choisie par les élèves dès la 3e secondaire mais les lieux ne disposaient pas de laboratoire. Pas grave ironisent certains puisque de toute manière, il n’y a ni professeur de maths, d’anglais, de géographie et de sciences.

En 4 ans, la direction a changé à deux reprises. L’an dernier, sept professeurs ont donné leur démission et il n’y a plus de directeur pour le secondaire.

Des syndicats impuissants

Après de multiples tentatives de médiations entre le corps enseignant et le pouvoir organisateur, les syndicats ont été saisis même s’il n’existe pas de délégation au sein de l’établissement. “Il existe un problème de nomination, explique Fabrice Prima, permanent CSC. Le PO ne nous transmet pas les postes à pourvoir ce qui fait qu’aucun professeur ne peut être nommé. Il ne répond pas à ses obligations comme un autre PO.”

Les obligations de l’ECIB ne sont pourtant pas différentes des autres pouvoirs organisateurs. Il gère actuellement 4 écoles confessionnelles et est affilié au CEGEC, le réseau catholique. “Nous n’avons pas de problème avec cette école au niveau du fondamental, explique Alain de Haan du SEGEC. L’ECIB est adossé à nous mais nous n’avons pas à nous mêler de la manière dont ils gèrent leurs établissements. Nous leur donnons notre aide pour les dossiers juridiques et administratifs mais c’est tout. Ils sont aussi rentrés dans le système de pilotage pour un enseignement d’excellence. S’ils ne mettent pas en place une direction ou ne publient pas les postes vacants, nous n’y pouvons rien.”

Rien à signaler pour la Fédération Wallonie-Bruxelles

Interrogée par nos soins, la Fédération Wallonie-Bruxelles avoue suivre le dossier de la Vertu mais ne semble pas être plus inquiète que cela. “Pour les nominations, une école dont les trois derniers niveaux ne sont pas encore ouverts n’est pas dans l’obligation de publier la liste des postes vacants, nous affirme-t-on à l’administration. Nous avons inspecté l’école et elle répond à nos critères en terme d’enseignement. Les pratiques d’évaluation des élèves sont correctes, le programme est respecté. La propreté et les équipements nécessaires à l’enseignement répondent également au cahier des charges.”  

Pourtant, à chaque fois que l’école demande l’obtention d’aides à l’emploi ou de nouvelles subventions, les syndicats bloquent le processus. “Cela ne nous a pas alerté mais nous allons vérifier”, conclut l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles. De plus, sur le site internet de l’école, on ne trouve ni projet éducatif ni de l’établissement ni de règlement d’ordre intérieur, ce qui fait pourtant partie des obligations.

Le pouvoir organisateur reste muet. Nous avons tenté à plusieurs reprises de le joindre pour finalement refuser de répondre à nos questions. Aujourd’hui, aucun directeur n’est présent pour le niveau secondaire de la Vertu et les professeurs craignent les sanctions s’ils parlent. Le climat social est tendu et il en est de la responsabilité du PO de trouver une direction au plus vite.

Vanessa Lhuillier – Photo: Facebook/Ecole&Institut La Vertu