Grève dans les prisons : “Puisque nous travaillons pour l’État, nous aimerions être protégés par notre employeur”

Une grève de 24 heures, déclenchée par les syndicats du personnel pénitentiaire dimanche soir, perturbe le fonctionnement des prisons. Cette protestation fait suite à diverses agressions visant des agents, dénoncées comme une menace croissante pour leur sécurité.

Le mouvement social a été initié après une série d’incidents violents ciblant des agents pénitentiaires. À Grâce-Hollogne, le domicile d’un gardien de la prison de Haren a été attaqué mercredi dernier, au cocktail Molotov. Il avait déjà été menacé en 2024. Au début du mois, trois véhicules ont aussi été incendiés sur le parking de la prison de Haren, et en novembre, un gardien du Limbourg avait vu sa voiture brûlée, avec une lettre menaçant sa compagne. Pour les syndicats, ces faits traduisent une escalade inquiétante des agressions contre le personnel pénitentiaire. Ils réclament surtout une anonymisation accrue des agents, estimant que les nominettes actuelles, avec nom et prénom, les mettent en danger. Cela fait des années que nous le demandons, notamment en ne mentionnant que leur nom de famille. On nous répond que c’est impossible, alors que les brigades d’intervention spéciale de la police travaillent sans nominette“, explique Claudine Coupienne, déléguée CSC en charge de la Justice.
Une réponse urgente et coordonnée des autorités judiciaires et gouvernementales pour protéger les agents, sur leur lieu de travail et dans leur vie privée, est donc attendue. “Les agressions en prison sont monnaie courante, mais maintenant, il y a des risques à l’extérieur des prisons. Nos familles ne sont pas habituées à cela“, dit Dimitri Cornu, permanent SLFP.
Les représentants syndicaux dénoncent aussi des conditions de travail difficiles, dans des prisons surpeuplées, où des détenus dorment parfois sur des matelas à même le sol, ou dans des espaces inadaptés.

Des tensions croissantes

La grève, commencée hier soir à 22h00, pour une durée de 24 heures, a provoqué d’importantes perturbations dans plusieurs établissements carcéraux. Selon l’administration pénitentiaire, le service minimum n’est pas respecté dans certains lieux, compromettant à la fois les droits des détenus et la sécurité générale. La directrice-générale, Mathilde Steenbergen, a déclaré lors d’une visite à la prison de Haren que “mener une grève d’une manière qui augmente le risque d’agression” était problématique.

De leur côté, les syndicats se justifient par l’urgence de la situation et l’absence de réponse satisfaisante aux problèmes soulevés. Robby De Kaey, du syndicat ACOD Prisons, a souligné que “même lors d’une journée normale“, la sécurité du personnel n’était pas assurée. L’ACOD tient à souligner le manque d’effectifs d’une douzaine de prisons. “Puisque nous travaillons pour l’État, nous aimerions être protégés par notre employeur“, ajoute, Ruben Van Lancker, secrétaire bruxellois CSC.

Cette protestation révèle les tensions croissantes au sein du système carcéral belge et les revendications pressantes pour améliorer les conditions de travail et garantir la protection des agents face à des menaces qu’ils jugent intolérables.

J.D. avec Belga