Racisme et sexiste autour du mouvement flamand “Schild & Vrienden”, les associations s’indignent
Un reportage de la chaîne flamande VRT diffusé mercredi révèle que le mouvement conservateur de droite “Schild & Vrienden” (Bouclier et Amis) n’a rien de modéré dans les faits. Des groupes de conversation en ligne font la part belle à des commentaires racistes, sexistes et antisémites.
Le reportage suit le fondateur du mouvement Dries Van Langenhove, qui siège aussi au conseil d’administration de l’université de Gand. “Schild & Vrienden”, qui a récemment perturbé une manifestation en faveur d’une gestion de l’immigration plus humaine à Gand, souhaite diffuser ses idées. La mouvance ambitionne aussi de contribuer à modifier le système politique en faisant élire ses membres dans différentes instances.
“Prêt aux combats”
Toutefois, en parallèle à son discours politique, le mouvement se révèle être bien plus radical, raciste, sexiste et antisémite à la lumière des discussions tenues dans des groupes de chat que le magazine Pano de la VRT a infiltré. “Schild & Vrienden” partage la même ambition que de nombreux mouvements d’extrême-droite à savoir “stopper” la menace que présente pour la suprématie blanche l’immigration vers l’Occident.
A cette fin, certains membres sont même prêts à verser dans la violence. M. Van Langenhove invite d’ailleurs à “être prêt aux combats” en étant en bonne forme physique, en suivant des cours de tir et en obtenant un permis de port d’armes. Le fondateur lui-même vend à ses membres des sprays de gaz poivré et suggère être en possession d’un pistolet. Des références à une “guerre des races” sont en outre formulées. L’intéressé a réagi en affirmant qu’il s’agissait de fausses informations, des “fake news”, et que son identité avait été volée.
Une enquête ouverte
Le parquet de Gand va ouvrir une enquête sur le mouvement, a annoncé jeudi le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), sur Twitter. “Notre arsenal pénal suffit pour intervenir de manière correcte”, a expliqué KOen Geens sur les ondes de la VRT.
La N-VA touchée
Les jeunes de la N-VA comptent une vingtaine de membres qui, “d’une manière ou d’une autre“, sont impliqués dans l’organisation identitaire flamande ultra-droitière , selon le président des jeunes nationalistes, Thomas Roggeman. Le parti s’entretiendra avec eux et examinera ensuite les initiatives qu’il peut prendre, a-t-il expliqué, “mais il est clair qu’être membre de Schild & Vrienden n’est pas compatible avec le fait d’être membre de la N-VA“.
L’implication de cette vingtaine de jeunes -sur un total de 3.800 membres de l’organisation- va d’un like sur Facebook à la participation à des actions ou à des conversations néo-nazies. “Dans ce cas, il est clair qu’ils n’ont pas leur place dans le parti”, a indiqué le président des jeunes N-VA.
Indignation
Le centre pour l’égalité des chances Unia a annoncé jeudi avoir entrepris des démarches juridiques envers l’organisation et pris contact avec le parquet et l’équipe de journalistes qui a révélé le caractère violent, raciste, antisémite et sexiste de l’association. Unia se dit révoltée par le reportage, tout en précisant qu’elle avait déjà depuis longtemps l’association dans son radar. Elle a ainsi reçu par le passé une dizaine de signalements à charge de l’association.
L’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes appelle jeudi à renforcer le cadre légal afin de contrer les discours de haine sexistes.
L’incitation à la haine, à la violence, à la discrimination et à la ségrégation sur base du sexe est en principe passible d’une peine, mais, lorsque des opinions punissables écrites sont diffusées par des moyens de communication numériques, il peut être question de délit de presse. Ce type de délit doit en principe faire l’objet de poursuites devant la cour d’assises. Comme cela n’est souvent pas considéré comme opportun ou prioritaire, les discours haineux sexistes ne sont presque jamais poursuivis en justice, déplore jeudi l’Institut.
Belga, image: Des membres de Schild & Vrienden en octobre 2017, Page Facebook de l’organisation