Le dispositif de traçage bruxellois peine à démarrer

Les personnes testées positives au Covid-19 sont très réticentes par rapport au suivi de leurs contacts. Aujourd’hui, le dispositif ne fonctionne pas à plein régime même si en une semaine, 1.440 personnes ont été identifiées comme étant à contacter en Région bruxelloise.

Ce jeudi, lors de la commission Santé, le ministre en charge de cette matière, Alain Maron (Ecolo), est revenu sur la problématique de la mise en place du suivi de contacts vu les nombreuses questions des députés à ce propos. Théoriquement, les call centers devraient travailler à plein régime. Or, ce n’est le cas dans aucune région du pays.

Au niveau national, Emmanuel André, en charge du suivi des contacts, a expliqué que sur 100 personnes testées positives au Covid-19, on n’avait pas de coordonnée pour 30 d’entre elles et 30 autres refusent de répondre. 29 répondent à l’appel mais 12 ne donnent pas les noms des personnes qu’elles ont rencontrées. Celles qui jouent le jeu, donnent en moyenne 2 noms alors que les experts s’attendaient à devoir contacter une dizaine d’individus.

“Le but n’est évidemment pas de sanctionner les gens qui ne respectent exactement les règles du déconfinement, précise Alain Maron. C’est un service citoyen de donner ses contacts mais il est vrai que l’opinion publique est assez négative sur le suivi de contact. Il faudrait d’ailleurs refaire des campagnes de communication afin d’ajouter ce geste pour combattre l’épidémie.”

22 personnes par jour testées positives

A Bruxelles, la situation n’est évidemment pas très différente. Au 1er juin, 115 équivalents temps plein seront actifs dans les centres d’appel alors que la Région avait prévu d’en engager 234. Mais vu le faible nombre de personnes à contacter, il est pour le moment inutile de poursuivre le recrutement. Cela représente une économie d’environ 800.000 euros.

“Nous pouvons absorber un travail supplémentaire, ajoute le ministre. A l’heure actuelle, tous les jours, 22 personnes sont testées positives à Bruxelles. Entre le 11 et le 27 mai, 1.440 personnes ont été identifiées comme étant à contacter pour un suivi des contacts.”

Dans les contacts de ces individus, 288 étaient des contacts à haut risque de contamination et 124 à bas risque. Pour le moment, seuls les contacts à haut risque ont droit à un test PCR. “La Région va lancer une nouvelle campagne de communication sur les réseaux sociaux afin de mieux expliquer le suivi de contact. Nous devons expliquer le respect de la vie privée et l’importance d’isoler les personnes contaminées pour éviter un rebond. Nous allons aussi faire appel aux mutuelles et aux généralistes pour relayer le message. Quant à la mise en place d’une application, la question n’est toujours pas tranchée. Il faut évidemment avoir toutes les garanties nécessaires au respect de la vie privée, mais nous le savons, une application n’est efficace que si un nombre important de la population l’utilise. Nous en doutons. Par contre, dans certaines administrations ou grandes collectivités, cela peut être mis en place.”

Augmenter le nombre de personnes testées

Aujourd’hui, la situation dans les maisons de repos semble sous contrôle. 122 maisons de repos sont dans le vert, 12 font encore l’objet d’une surveillance et 3 ont besoin de soutien à cause d’un grand absentéisme dans le personnel de nettoyage, un manque d’adhésion du personnel aux mesures d’hygiène ou un besoin plus important dans le suivi psychologique.

En tout, 25.000 personnes ont été testées mais il n’est pas prévu de recommencer cette opération. Par contre, au niveau de la population, Alain Maron s’est montré très favorable à l’extension des critères pour pratiquer un test PCR (prélèvement nasal). “Nous avons eu une conférence interministérielle ce mercredi et nous en avons encore une demain à ce propos. Aujourd’hui, nous sommes dans la capacité d’effectuer plus de tests mais il faut revoir les critères de dépistage.”

Actuellement, 9 centres sont ouverts sur les 13 qui étaient disponibles au départ. Et ces 9 centres ne sont pas en surcharge de travail. Certains réduisent même leurs horaires. La semaine dernière, 1.221 tests ont été réalisés dans les centres de tri et 140 personnes ont été détectées positives.

Afin de limiter les risques de rebond, augmenter le nombre de tests semble important. “Je plaide pour l’élargissement des critères et la pratique d’un second test après 7 jours de quarantaine par exemple, ajoute Alain Maron. Aujourd’hui, le blocage n’est pas politique. Il est administratif et scientifique.”

Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Thierry Roge