La libération conditionnelle au centre des débats dans Versus

L’an dernier, 10.300 personnes étaient détenues dans des prisons en Belgique. Parmi elles, Marc Dutroux, une nouvelle fois en haut de l’actualité médiatique pour la libération conditionnelle dont il pourrait bénéficier. Mais que faut-il faire pour bénéficier d’une libération conditionnelle? Ces libérations sont elles efficaces ? Michel Geyer pose ces questions à ses invités dans Versus.

La libération conditionnelle est prise par le TAP (Tribunal d’Application des Peines, ndlr)“, détaille Olivia Nederland, avocate et chercheuse au FNRS. “Il faut des perspectives de réinsertion sociale, que le risque de récidive soit limité et que des mesures soient prises afin de ne pas importuner les familles des victimes“. Mais le fait qu’il existe cinq TAP différents pose problème : “Ces conditions prévues par la loi sont interprétées de manière très différentes par les TAP belges“.

L’avocate Patricia Van Der Smissen a récemment publié une carte blanche pour exprimer son indignation face à la préparation médiatique supposée de Marc Dutroux (et ses avocats) à préparer sa libération conditionnelle. “Mes clients se sentent complètement instrumentalisés par les démarches de Dutroux (…) Les victimes ont l’impression qu’on les prend pour des imbéciles ! Dans la lettre, ce n’est clairement pas Marc Dutroux qui s’est exprimé mais son avocat“. Or, avec cette lettre, il est considéré que Dutroux rempli les conditions pour une libération conditionnelle.

Pour les parents de Laure, le sentiment est identique. Le meurtrier de leur fille va bénéficier d’une libération conditionnelle. “On a été entendus humainement mais cela ne sert à rien puisqu’ils ne peuvent pas tenir compte de ce qu’on dit. On se sent donc floués”, explique Isabelle Blockmans, la mère de Laure. Son mari, Claude Nobel, enchaîne : “On vous écoute, on vous donne la parole, mais ce n’est que de la bienséance“.

Olivia Nederland explique que dans la justice pénale, “tout tourne autour de l’auteur“. Pour Isabelle Blockmans, ce n’est pas suffisant : “Pour moi, une peine dépasse l’auteur. Chaque peine est une traduction des valeurs de notre société“. “Tant que l’on ne changera pas notre justice, on restera sur les mêmes frustrations“, conclut Olivia Nederland.

T. Dest