Karine Lalieux : ” Beliris peut être un bras armé dans le cadre du plan de relance”

Karine Lalieux (PS) a troqué sa casquette de présidente du CPAS de la Ville de Bruxelles pour celle de ministre fédérale des Pensions, de lutte contre la pauvreté et de Beliris. L’accord de coopération entre le Fédéral et la Région bruxelloise est une des clés de financement des grands projets de la capitale. Avec une administration de 110 personnes, Karine Lalieux espère améliorer les relations pour augmenter la qualité de vie des Bruxellois. Après l’inauguration de la rue Neuve voici quelques semaines, elle s’est rendue à la piscine d’Ixelles, un des nombreux chantiers portés par Beliris. Rencontre.

En tant que Bruxelloise, vous aviez demandé la tutelle sur Beliris?

On a insisté auprès de Paul Magnette. Je ne savais pas que j’allais être ministre mais j’avoue, j’avais envoyé un sms pour bien dire que cela m’intéressait et je suis ravie car je suis Bruxelloise et je pense que c’est important. C’est important pour l’image de Bruxelles, les navetteurs, les touristes et les Bruxellois et c’est quelque chose de très concret pour tout le monde. Cela semble fondamental. Je suis ravie de travailler pour le bien-être.

Les relations ont parfois été tendues entre la Région bruxelloise et Beliris.

Je suis certaine que les relations peuvent s’améliorer. C’était effectivement problématique sous l’ancien gouvernement. Touts les partis voulaient être au comité de coopération. Ils étaient 6 du fédéral et 6 de la Région. Une des premières choses que j’ai faites, c’est de repasser à 4 fédéraux et 4 régionaux. Je pense qu’on est dans une logique différente que celle qu’a pu impulser certains partis avant et comme c’est inscrit dans l’accord de gouvernement, on est dans un pays de coopération et de respect. Personne ne remet en cause Beliris. Je n’envisage pas non plus de mettre une tutelle sur la Région bruxelloise mais plutôt de voir comment on peut porter et renforcer les projets tant en matière de mobilité qu’en matière de cohésion sociale, d’aménagement du territoire et pour les bien-être des Bruxellois. Une Région ne peut pas avoir une belle image si les Bruxellois se sentent mal dans leurs lieux. L’aménagement de parcs et de piscines fait partie du rayonnement. Un fonctionnaire se promène dans les parcs. Il y a des navetteurs qui viennent dans les piscines le midi et il faut aussi de l’investissement dans les logements sociaux. 

Mener un projet à bien prend beaucoup de temps. Certains projets traînent dans les cartons de Beliris depuis un moment comme le dossier de réaménagement du rond-point Schuman. Où en sommes-nous?

Tout d’abord, j’ai demandé au ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort (PS), de faire un travail par rapport à l’ensemble des projets qui sont encore dans les tuyaux mais qui devraient être retirés car la philosophie d’un contrat de quartier a changé. Schuman est un exercice qui a été amené par Bruxelles Mobilité et il y a eu énormément de remarques tant de la Ville de Bruxelles que des habitants. Il y a des études d’incidences, des comités de concertation qu’il faut respecter. Ce n’est pas bloqué par Beliris. On doit assumer la maîtrise d’ouvrage mais il faut que l’ensemble des études soient clôturées. Les travaux devraient débuter en 2022.

Un autre gros dossier qui s’éternise est l’aménagement du quai Béco.

Dans ce dossier, je suis déjà contente qu’on ait trouvé une solution pour le Magasin 4. On ne peut pas rayer de la carte une salle qui fonctionne bien et qui offre quelque chose que personne d’autre offre ailleurs. On devra encore trouver des aménagements pour qu’il quitte les lieux au plus tard. Il doit y avoir des possibilités pour le laisser sur place le plus longtemps possible et je demanderai que cela soit fait pour tous les projets de Beliris. C’est important de travailler aussi avec les opérateurs qui sont sur le site. On ne peut pas faire table rase si les travaux débutent deux ans et demi plus tard. Par rapport au quai Béco, on a des graves problèmes de pollution des sols et le projet doit être fait en concertation avec le réaménagement de l’avenue du Port et la construction du pont Suzanne Daniels qui est un projet magnifique porté par Beliris et qui permettra de relier les deux rives du canal. Les travaux débuteront en novembre 2021 et nous sommes encore dans la procédure de marché public.

Beliris, c’est également des projets en termes de mobilité. Le métro est un des plus importants investissements pour les prochaines années ainsi que le RER vélo. Quelles sont les pistes envisagées?

On va continuer nos investissements dans le métro nord. Nous avons déjà mis 250 millions d’euros. Mais il n’y a pas qu’un seul type de mobilité. On doit soutenir la dynamique du RER vélo. Il existe trois routes potentielles: une vers Dilebeek, une vers Louvain et celle reliant Bruxelles et Anderlecht. Pour le projet Masui-Birmingham, l’étude sera lancée avec le Maître architecte et 100 millions d’euros ont été déposés. D’ailleurs, avec Schuman et la place Royale, ce sont les trois projets que nous avons déposés en tant que Beliris dans le cadre du plan de relance. Beliris peut être un bras armé parce que nous avons des projets qui doivent déjà être bien avancés car l’Europe va demander une relance directe et on voit combien le temps est court. Beliris, c’est aussi de l’emploi pour les entrepreneurs, les indépendants qui sont sur les projets.

Pour réaliser tout cela, il faut un budget. Sera-t-il augmenté dans les prochaines années?

Le budget de Beliris de 125 millions et on va l’indexer. Cela n’avait pas été fait depuis 2013 et on est en train de regarder quelle indexation nous allons prendre. C’est dans l’accord  de gouvernement pour les 4 ans. Tous les ministres sont fort intéressés par Bruxelles. Je n’ai pas de crainte dans ce gouvernement et je vois aussi que les syndicats patronaux sont attentifs à l’image de Bruxelles. Bruxelles doit aussi être une destination de citytrip pour les Wallons et les Flamands. Nos premiers ambassadeurs ce sont les gens qui viennent travailler à Bruxelles. On doit les séduire pour qu’ils viennent ensuite avec leur famille.

Quel est votre souhait pour Beliris?

Mon souhait, c’est qu’on travaille main dans la main entre la Région et Beliris et les communes car les projets viennent des communes. Il faut réconcilier ça le plus rapidement possible. Les administrations doivent aussi moins se méfier les unes des autres. Nous devons être dans la coopération. Et puis nous allons travailler sur l’avenant 2020-2022 avec de nouveaux projets. J’espère pouvoir les annoncer début de l’année prochaine.

Vanessa Lhuillier – Photo: cabinet Lalieux