“Février sans supermarché” : le défi pour soutenir le commerce local se lance à Bruxelles

Février sans Supermarché - Logo Campagne 2019

Alors que les manifestations pour le climat s’enchaînent, de nouvelles initiatives pour promouvoir l’écologie sociale se mettent également en place en Région bruxelloise. La dernière du genre ? “Février sans supermarché”, un défi destiné à soutenir le commerce local et imaginé en Suisse.

Favoriser le commerce local et acheter dans des petits magasins plutôt que s’approvisionner dans des supermarchés, voici le défi lancé par l’association suisse “En Vert et Contre Tout”avec son “Février sans Supermarché”. Depuis deux ans, l’initiative est suivie par de nombreuses personnes en Suisse et en France et semble, en 2019, franchir la frontière belge.

Le défi a ainsi été lancé sur les réseaux sociaux et est notamment promu à Bruxelles via un groupe Facebook reprenant les diverses adresses de magasins locaux, dans chaque commune de la Région bruxelloise. L’objectif est ainsi de montrer quels commerces peuvent permettre de manger local voire bio, en diminuant ainsi l’empreinte carbone des produits achetés.

Lancée en 2017, l’initiative avait rassemblé 20.000 personnes en Suisse et en France l’an dernier, et risque d’être encore plus suivie en ce mois de février, avec l’arrivée des initiateurs belges. Le groupe bruxellois, par exemple, est suivi par plus de 300 personnes à l’heure d’écrire ces lignes et continue de grossir. Et pourtant, cette initiative est encore plus vieille.

Déjà en 2007

“C’est un défi qui est pratiqué de manière individuelle depuis de nombreuses années. En 2007 déjà, 3 journalistes anglaises avaient tenté le défi pour le compte de leur magazine, elles ont toute remarqué avoir fait des économies tout en tissant des liens avec les commerçants près de chez elles”, nous explique Leïla Rölli, journaliste suisse et fondatrice du site En Vert Et Contre Tout, à l’initiative du projet dans son pays. “Le défi collectif est parti sur un petit groupe de ma ville, Neuchâtel, sur lequel a été lancé l’idée de se passer de supermarché pendant en mois en réponse à la surconsommation des fêtes de fin d’année. C’était en 2017. À l’époque, je lançais mon site, je trouvais dommage de limiter le défi à ce petit groupe régional qui ne comptait que 3 ou 400 membres à l’époque. J’ai ainsi proposé à des amies vivant dans d’autres cantons francophones de m’aider dans cette démarche et nous avons créé des groupes d’échange partout en Suisse romande. Il y avait 800 participants cette année-là. L’année suivante, j’ai proposé de relancer le défi en incluant la France. Nous avons eu 20.000 participants en 2018. J’ai eu contact avec Jean-christophe Caron de la page « vivons bien vivons belge » qui a proposé de participer au défi en Belgique”.

“De nettes économies”

Des pages dédiées à Bruxelles, Namur, Liège ou encore Gand ont ainsi été créées cette année pour permettre à tous les Belges d’également prendre part à ce défi et de donner, commune par commune, des conseils et recettes. Jean-Christophe Caron, en charge de ces groupes en Belgique, a participé à cette initiative depuis trois ans. “Je m’occupe déjà du groupe Facebook ‘Vivons bien, vivons belge’ et je me suis mis petit à petit à fabriquer des produits moi-même ou à aller dans des petits commerces”, explique-t-il. “Cela permet de soutenir ces commerçants, d’entretenir les contacts avec eux, mais cela permet aussi de faire des économies et c’est écologique. On essaye également de donner tous ces conseils sur les groupes”. “Quand on est habitué aux supermarchés, il peut être difficile de savoir où trouver des couches pour bébé, des croquettes pour chat ou une certaines variété de légumes hors du circuit de la grande distribution. Les groupes sont faits pour ça”, ajoute Leïla Rölli.

Elle estime notamment que ce défi ne coûte pas forcément plus cher qu’une visite au supermarché justement. “Lors des défis précédents, beaucoup ont fait de nettes économies. On achète moins mais mieux, on ne cède plus au marketing de la grande distribution”, confie la journaliste suisse. “Il y a aussi des astuces liées au zéro déchet qui permettent de faire de grosses économies… Comme acquérir une gourde qu’on remplit au lieu d’acheter de l’eau en bouteille. Remplacer le jetable par du durable. On s’organise différemment”. Elle propose ainsi que ce défi commence par des petits gestes : “On peut choisir aussi d’aller partiellement au supermarché, mais de se dire que désormais, on achète le pain chez le boulanger uniquement, ou on essaie d’aller au marché une fois par semaine. Il est aussi possible de se faire livrer des légumes. Le e-commerce ne doit pas être totalement diabolisé, il permet aussi maintenant aux agriculteurs de faire de la vente directe par exemple”.

“Un sujet très complexe”

Leïla Rölli rappelle également que le but est aussi de manger mieux mais aussi plus local, même si des avancées sont faites dans certains magasins de grande distribution. La chaîne Carrefour a ainsi annoncé la future ouverture de commerces 100% bio alors que les chaînes comme Färm et Sequoia continuent de se développer. “Je suis toujours très heureuse que le bio se démocratise”, clame la responsable d’En Vert et Contre Tout. “Après si c’est pour vendre du Bio en Suisse ou en Belgique qui vient de l’autre côté du monde, c’est dommage, mais en même temps, c’est une petite avancée pour les personnes qui travaillent dans les champs, qui ne seront plus exposées aux pesticides de synthèse. Mais encore une fois, selon les pays, certains pesticides de synthèse peuvent quand même être autorisés. Et il y a tant à faire du côté des conditions de travail. (…) C’est un sujet très complexe, mais à mon sens, une consommation durable passe par le bio, l’éthique et la notion de denrées de saison et de kilomètre alimentaire”.

Grégory Ienco – Photo : En Vert et Contre Tout

■ Reportage de Grégory Ienco, Adeline Bauwin et Agathe Laurain.

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31 janvier 2019 - 06h40
Modifié le 31 janvier 2019 - 06h59