Attentats du 22 mars : le parquet fédéral veut juger huit personnes devant les assises

La chambre des mises en accusation entendra les avocats de la défense, le ministère public et les avocats de la partie civile séparément.

Une première audience rassemblant toutes les parties du dossier des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles se tient ce lundi matin devant la chambre des mises en accusation. L’audience, qui a lieu dans la salle de la cour d’assises de Bruxelles pour une question d’espace, concerne uniquement le “contrôle MPR”, soit le contrôle des méthodes particulières de recherche, comme les écoutes téléphoniques, les observations ou les infiltrations policières.

La chambre des mises en accusation entendra les avocats de la défense, le ministère public et les avocats de la partie civile séparément. Après avoir écouté toutes les observations des parties sur les MPR, le juge dira si celles-ci ont été menées en conformité avec la loi.

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Une audience à huis-clos

Une telle audience est dite “technique”, se tient à huis-clos, et est généralement brève. La chambre des mises en accusation rendra son arrêt le 10 février prochain.

Une fois le contrôle MPR effectué, le dossier sera fixé devant la chambre du conseil pour le règlement de procédure, autrement dit pour examiner si les charges sont suffisantes pour renvoyer les inculpés devant le juge du fond, soit la cour d’assises dans ce cas, étant donné qu’il s’agit de crimes. Ensuite, la chambre des mises en accusation devra valider ou invalider la décision de la chambre du conseil.

Un procès attendu en septembre 2021

Le renvoi devant le juge du fond ne fait quasiment aucun doute, du moins pour les principaux inculpés. Le procès devant la cour d’assises de Bruxelles est donc attendu pour septembre 2021. Il est prévu qu’il se tienne dans les anciens bâtiments de l’Otan à Evere, bâtiment pouvant accueillir un tel méga-procès où de nombreuses personnes sont constituées partie civile.

Les inculpés, qui sont treize, n’ont pas l’obligation d’être présents lors de l’audience de ce lundi. La moitié d’entre eux seulement a prévu d’y assister, selon une information de l’AFP jeudi, confirmée par le parquet fédéral.

Le cerveau serait mort

Par ailleurs, l’inculpé Oussama Atar serait mort en Syrie en novembre 2017. Cet homme est soupçonné d’avoir coordonné les attentats de Paris et de Bruxelles depuis la Syrie où il agissait pour une branche du service de renseignements de l’État Islamique. Quant à l’inculpé Fayçal Cheffou, il a déjà été mis hors de cause. Il avait été pris à tort pour “l’homme au chapeau” vu sur les images des caméras de vidéo-surveillance de l’aéroport de Zaventem. L’individu décrit comme tel était en réalité Mohamed Abrini. Néanmoins, la procédure pénale en Belgique veut qu’une personne inculpée le reste jusqu’à ce que les juridictions d’instruction (chambre du conseil et chambre des mises en accusation) aient statué sur le renvoi ou non des inculpés devant le juge du fond, raison pour laquelle Fayçal Cheffou figure toujours sur la liste des inculpés. Il ne fait déjà aucun doute qu’il obtiendra le non-lieu.

13 inculpés

L’enquête sur les attentats survenus le 22 mars 2016 à la station de métro Maelbeek à Bruxelles et à l’aéroport de Bruxelles-National à Zaventem s’est clôturée en juin dernier. Treize personnes sont donc inculpées (en comptant Oussama Atar et Fayçal Cheffou). Parmi eux figure Mohamed Abrini. Il a été filmé en compagnie des kamikazes Najim Laachraoui et Ibrahim El Bakraoui, à l’aéroport. Il a abandonné une valise pleine d’explosifs avant de s’enfuir.

Également inculpé, Ossama Krayem a été filmé dans la station de métro Pétillon en train de parler à Khalid El Bakraoui, juste avant que ce dernier ne se fasse exploser dans la station de métro Maelbeek. Il se serait débarrassé de ses charges explosives dans les toilettes de l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek, l’une des planques de la cellule terroriste.

Bilal El Makhoukhi est quant à lui inculpé pour avoir participé à la confection des explosifs. Son ADN a été retrouvé sur des piles dans l’appartement de la rue des Casernes. Hervé Bayingana Muhirwa, lui, est inculpé pour avoir caché Osama Krayem et Mohamed Abrini dans son appartement, rue Tivoli à Laeken.

La liste se poursuit avec les frères Ibrahim et Smail Farisi, suspectés pour avoir prêté leur appartement de la rue des Casernes à Khalid El Bakraoui. Ils auraient aussi nettoyé et vidé le logement juste après les attentats.

Parmi les inculpés figurent encore Salah Abdeslam et Sofien Ayari, déjà condamnés par le tribunal correctionnel de Bruxelles en 2018 à 20 ans de prison pour la fusillade de la rue du Dries. Les deux hommes avaient été débusqués dans leur planque forestoise, le 15 mars 2016, alors que Salah Abdeslam était activement recherché dans le cadre des attentats à Paris de novembre 2015.

Les deux hommes avaient pu s’échapper, tandis que leur comparse Mohamed Belkaïd était tué par la police. Ils avaient finalement été arrêtés trois jours plus tard à Molenbeek-Saint-Jean.

Ali El Haddad Asufi et Youssef El Ajmi sont également inculpés pour leurs liens étroits avec les frères El Bakraoui. Par ailleurs, Youssef El Ajmi travaillait jusqu’à peu de temps avant les attentats à l’aéroport de Bruxelles-National. Des données concernant des dates de vols, provenant d’une clé USB de Khalid El Bakraoui, ont été découvertes sur son ordinateur.

Enfin, Brahim Tabich, lui, est inculpé pour avoir fourni des produits qui ont servi à la confection des explosifs.

Cinq des inculpés, Salah Abdeslam, Mohamed Abrini, Ossama Krayem, Sofien Ayari et Ali El Haddad Asufi, sont également inculpés en France dans le cadre du dossier judiciaire des attentats à Paris le 13 novembre 2015. (Belga – Image: Belga)

■ Reportage de Camille Tang Quynh, Manon Ughi et Pierre Delmée

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03 février 2020 - 23h07
Modifié le 05 février 2020 - 11h39