Violents débordements au Bois de la Cambre : aurait-on pu les éviter ?
18 arrestations administratives, 4 arrestations judiciaires et 34 blessés aussi bien du côté des fauteurs de trouble que des forces de l’ordre : voici le triste bilan d’une soirée mouvementée au Bois de la Cambre, au cours de laquelle 1.500 à 2.000 personnes s’étaient rassemblées pour faire la fête. Ces débordements auraient-ils pu être évités ?
Le Bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS), a directement dénoncé les événements, et notamment le fait que la police ait été caillassée. Il estime que les participants avaient été prévenus à plusieurs reprises, et qu’il leur avait été demandé de se disperser. Il défend l’action de la police. “On a mis en garde toute la semaine, on a mis en garde plus d’une heure avant d’intervenir en demandant aux gens de se disperser, de respecter les règles. Malheureusement, certains n’ont pas voulu, et d’autres sont venus casser. C’est absolument inacceptable“, nous expliquait ce matin Philippe Close, venu constater les dégâts.
Quant à la nécessite de la présence d’autopompes par exemple, “on se demande toujours cela, mais je peux dire oui. Quand vous allez charger la police, quand vous voyez les blessés, des policiers en sang car vous leur jetez des tessons de bouteille, c’est inacceptable. Donc, oui, il fallait disperser cette foule : mon boulot, c’est de faire respecter les mesures sanitaires“, ajoute le bourgmestre.
Interview de Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles
Réalisée par Marie-Noëlle Dinant et Nicolas Scheenaerts
Du côté de l’opposition à la Ville de Bruxelles, on s’interroge cependant sur la manière dont le rassemblement a été géré au niveau communal. “Tout cela était évitable (…) On savait très bien qu’il allait y avoir des milliers de personnes qui allaient quand même descendre au Bois de la Cambre. Alors pourquoi est-ce que le bourgmestre a seulement donné l’ordre à la police d’intervenir lorsque c’était trop tard ?“, s’interroge Bianca Debaets, cheffe de groupe CD&V à la Ville de Bruxelles.
Ainsi, l’opposition CD&V-cdH-MR demande la tenue rapide d’un conseil communal extraordinaire.
Aurait-on dû fermer le Bois ?
Pour prévenir les rassemblements de ce jeudi soir, ou d’autres événements du même type, aurait-on dû fermer les accès au Bois de la Cambre ? C’est en tout cas la position défendue par Bianca Debaets. “Il aurait très bien pu fermer le parc, à un certain moment où il a vu que des milliers de gens entraient dans le parc pour faire la fête (pas toute la journée bien sûr, il fallait donner l’occasion aux familles d’aller au Bois de la Cambre)“, explique-t-elle.
Interview de Bianca Debaets, cheffe de groupe CD&V à la Ville de Bruxelles et députée bruxelloise
La réponse du bourgmestre ne s’est pas faite attendre : “Il est hors de question pour moi de fermer le Bois de la Cambre. Ce bois doit rester ouvert, car il est devenu un poumon vert pour tous les gens qui subissent cette crise, et je veux que cela continue comme cela“.
Les débordements au cœur d’une réunion policière et de la plénière du Parlement bruxellois
Du côté des syndicats policiers, on se désole des événements survenus hier. “Je suis profondément révolté : vous viendrait-il à l’idée de frapper votre facteur parce qu’il vous amène une facture à payer ? Evidemment que non. Donc pourquoi, même si on est contre les mesures Covid, il n’en demeure pas moins que les policiers n’ont pas décidé ces mesures et ne font donc que le travail qui est le leur : rappeler aux personnes ce que sont ces mesures“, commente Vincent Gilles, président national du SLFP Police. Ainsi, un comité paritaire Prévention au travail sera convoqué très prochainement.
“Nous allons discuter avec le bourgmestre et le chef de corps quant à savoir pourquoi ils n’ont pas pris des mesures d’ordre administratives, comme un filtrage aux accès du parc. Il nous faut les entendre pour voir s’il y a des leçons à tirer, et je crois que oui. J’ai vu des collègues qui n’étaient pas protégés par une carapace, juste un casque et un bouclier, alors qu’ils étaient en première ligne, ils se prenaient des branches et des troncs d’arbre. Ce n’est pas normal. La manière dont les chevaux ont été intégrés nous pose problème aussi, car il nous semblait qu’ils tournaient là sans avoir de mission précise“, indique par exemple Vincent Gilles.
Interview de Vincent Gilles, président national du SLFP Police
Bianca Debaets demandera également des explications au ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS), lors de la séance plénière prévue cette après-midi au Parlement bruxellois. Si le ministre-président n’est pas responsable directement de la réponse policière, il possède en effet certaines compétences en matière de prévention et de sécurité.
Arnaud Bruckner – Photo : Belga