Théâtres, salles de concert, cinémas : avec ou sans Covid Safe Ticket ?
Au théâtre, au concert ou au cinéma, serez-vous tenus de présenter un pass sanitaire ? Ou de porter le masque et de respecter les distances de rigueur ? Alors que le secteur culturel prépare sa rentrée, les mesures de sécurité liées au Covid risquent de varier d’un lieu à l’autre. Tour d’horizon.
Le 5 septembre, Bozar rouvre ses portes en musique avec un concert de l’Orchestre symphonique de la Monnaie dans la salle Henri Leboeuf. Une salle qui ne sera que partiellement remplie, protocoles sanitaires obligent. Les distances restent bien en vigueur, indique le service presse de l’institution, comme le port du masque, toujours obligatoire. « Nous appliquons toujours le système « CIRM » (Modèle de risque d’infrastructure Covid, NDLR) qui permet de calculer selon des normes précises les risques de propagation du virus dans un espace donné », précise Jérôme Giersé, le directeur de Bozar Music. Conséquence, la salle Henri Leboeuf, d’une capacité de 2 200 places, ne comptera 932 spectateurs tout au plus. Une situation qui ne sera pas tenable longtemps, ajoute notre interlocuteur : « Nous développons notre projet de rentrée dans le cadre des règles en vigueur. Mais nous nous tenons prêts à basculer dans le système du Covid Safe Ticket dès que possible. Ce changement est déterminant, il nous permettra de libérer nos jauges. »
Pour l’heure, La Monnaie fera de la même manière sa rentrée avec un public masqué et des jauges limitées.
Musique : “Sans le CST, nous ne pourrions pas rouvrir”
Mais la situation dans le monde culturel bruxellois est contrastée. La possibilité de recourir au pass sanitaire, ou Covid Safe Ticket (CST), est bien prévue, jusqu’à fin octobre au moins, pour le secteur événementiel, suite à l’accord de coopération conclu entre le fédéral et les entités fédérées. À Bruxelles, les salles de moins de 200 places ne peuvent l’imposer. Au-delà de 200 places et jusqu’à 3 000 places, les opérateurs ont le choix entre les désormais classiques mesures sanitaires (masques, distances) ou le CST. Au-delà de 3 000 places, l’imposition du CST est obligatoire.
Ainsi, dès sa rentrée, le 6 septembre, Flagey, autre institution musicale de poids de la capitale, exigera le sésame. Le public ne pourra avoir accès aux salles de concert, – jusqu’à 850 places dans le grand studio 4 – comme de cinéma, que muni d’un CST : « À partir du 6 septembre 2021 et jusqu’à nouvel ordre, le Covid Safe Ticket est d’application pour la totalité des événements publics organisés à Flagey. Les distances de sécurité sont levées ; le masque n’est plus obligatoire, même s’il est recommandé », informe le site web. L’expérience du spectateur devrait donc ressembler fortement à ce qu’elle était avant l’arrivée du Covid. « Pour le moment, c’est le seul moyen dont nous disposons pour poursuivre nos activités dans des salles au maximum de leur capacité », réagit Maarten Van Rousselt, le manager artistique de Flagey. « Impossible de continuer à inviter de grands noms de la musique pour des salle remplies à moitié. » Question de rentabilité économique.
Dans le monde de la musique, Flagey n’est pas un cas isolé, loin de là. Pas d’accès aux concerts des Nuits Botanique sans CST. Certes on entre ici dans le cadre d’un festival extérieur et intérieur, avec un flux plus important de personnes. Mais le Botanique songe bien à prolonger le système après les Nuits : « Cela permet de revivre les concerts comme avant », commente Pascale Bertolini, l’attachée de presse.
L’Ancienne Belgique (2 000 places dans la grande salle, 250 dans le Club) appliquera la même politique et conditionnera l’accès aux concerts à la présentation du précieux document : « C’était ça, ou ne pas rouvrir du tout. C’est le seul moyen de pouvoir reprendre nos activités. Même si on espère que ce sera temporaire. ».
Avec ses 8 000 places, Forest National n’a pas le choix et impose effectivement le pass sanitaire.
Théâtre : une position commune, mais jusqu’à quand ?
Les théâtres bruxellois de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont adopté une position commune, valable durant le mois de septembre : ils n’imposent pas le CST et maintiennent les mesures de sécurité habituelles, nous explique Françoise Havelange, de la Fédération des employeurs des arts de la scène (FEAS). Ne fût-ce que pour permettre au public de se préparer à un éventuel basculement vers un système CST. Car à partir d’octobre, certains opérateurs pourraient effectivement décider d’adopter le pass. Ce sera le cas du Théâtre National, dès le 5 octobre. « Le CST est l’unique manière de rendre toutes ses noblesses à un métier durement touché depuis le début de la crise sanitaire, et de permettre aux artistes de rejouer enfin devant des salles pleines et un public non masqué », commente Pierre Thys, le nouveau directeur du National. Les spectateurs sont informés dès maintenant, ceux et celles qui le souhaitent pourront obtenir un remboursement de leurs tickets. Reste la problématique des jeunes et des publics scolaires, auquel le théâtre portera une attention particulière.
Tout comme la FEAS, le Théâtre National est favorable à l’adoption par la Région bruxelloise de mesures claires et uniformes, afin que la règle soit la même partout.
Côté néerlandophone, notons que si le KVS a choisi de ne pas opter à ce stade pour le CST, ce n’est pas le cas du Kaaitheater qui a décidé de l’imposer.
Enfin, du côté des cinémas, le Covid Safe Ticket est d’ores et déjà obligatoire dans les multiplex, comme l’UGC. Mais ce n’est pas le cas dans les cinémas de taille plus modeste comme le Vendôme, le Galeries ou le Palace, qui imposent en revanche toujours le port masque, le gel hydroalcoolique et la distanciation dans leurs salles.
S.R. – Photo : Belga